La Pologne, les Juifs et le Communisme

En 1945, la Pologne communiste hérite d’une situation complexe au regard du monde juif. D’un côté, il lui faut prendre en charge, tant au plan historiographique que mémoriel, l’extermination des Juifs perpétrée par les nazis sur son territoire. D’un autre côté, l’Etat polonais doit faire face à un antisémitisme virulent, symbolisé par le pogrom de Kielce, ville « ordinaire » où, le 4 juillet 1946, la population fait le siège d’un immeuble de rescapés juifs et y assassine une quarantaine de personnes. Enfin, se pose la question de l’intégration des survivants ou de leur émigration. Au nom de l’assimilation, universalisme communiste oblige, les autorités choisissent de minorer la présence juive et organisent l’oubli du passé juif, ce dont témoignent les cimetières abandonnés, ainsi que la conception du musée d’Auschwitz.
Mais les échos judiciaires et mémoriels en provenance d’Occident (procès Eichmann en 1961, sortie du film Shoah de Claude Lanzmann en 1985) ébranlent l’amnésie officielle et rappellent à la Pologne son statut de pays-témoin du génocide, un témoin qui a pu se révéler criminel, comme l’a révélé le massacre de Jedwabne, mais aussi, parfois,
secourable, comme l’attestent les quelque 6000 arbres plantés à la mémoire des Justes polonais à Yad Vashem.
Ce livre retrace vingt-cinq ans de recherches sur les relations judéo-polonaises. Il s’adresse aux politiques mémorielles de l’Etat communiste polonais et à ses remises en question, ainsi qu’à l’histoire des Juifs dans la Pologne démocratique de l’après-1989.