Présentation du cimetière juif de Varsovie-Bródno

Warszawa-Bródno (Nom allemand: Warschau) (Nom polonais: Warszawa)  
Mazowieckie – (Voïvodie de Mazovie) 
Adresse: ul. Odrowąża/ul. Św. Wicentego 
(DMS) Latitude: 52°16’12.83″N – Longitude: 21° 2’19.04″E
(DD)  Latitude: 52.27023055 – Longitude: 21.03862222
 Nombre de tombes: environ 3000

Histoire:
Après la disparition du vieux cimetière juif de la première communauté, durant deux siècles, les juifs qui habitaient les environs de Varsovie depuis leur expulsion de la ville en 1498 étaient inhumés dans les cimetières des communautés voisines de Grodzisk Mazowiecki, Nadarzyn Sochaczew, Węgrów et de Nowy Dwór Mazowiecki, jusqu’à la seconde moitié du XVIIIème siècle.

Les deux grands cimetières
Varsovie compte principalement 2 grands cimetières juifs. Celui de la rue Okopowa qui reste le plus connu, qui est en partie préservé et situé au nord-ouest de la ville, et celui de la rue Odrowąża situé au nord du quartier de Praga sur la rive droite de la Vistule dans le quartier de Bródno. Ce dernier, présenté plus bas, est en fait plus ancien que celui de la rue Okopowa.

Le vieux cimetière disparu
A l’origine, lors de l’établissement de la première communauté juive à Varsovie au XVème siècle, un premier cimetière avait été établi à l’extérieur de la vieille ville, dans les environs de l’actuel hôtel Bristol et de la rue Karowa. Il fut utilisé jusqu’à l’expulsion des juifs de Varsovie à la fin du XVème siècle. Durant la première moitié du XVIème siècle, il n’y avait déjà plus de pierre tombales et certaines pourraient avoir été utilisées comme fondations pour des maisons et des églises de la vieille ville.

Les deux cimetières à l’extérieur de la ville
Deux autres cimetières étaient établis sur la rive droite de la Vistule à l’est du quartier de Wawer; l’un des deux reste assez méconnu et a disparu, le second situé sur la route Kwitnącej Akacji est abandonné et il ne subsiste que quelques rares tombes qui mériteraient d’être protégées et un mur en partie disparu avec un côté dernièrement effondré.

Le cimetière juif de Bródno
Le cimetière juif de la rue Odrowąża est mitoyen du grand cimetière chrétien de Bródno. Le cimetière a été établi en 1780 suite à une requête effectué par le banquier Szmul Zbytkower auprès de l’évêque de Płock Michał Poniatowski.
La première inhumation officielle intervint en 1784 mais d’autres avaient déjà été pratiquées auparavant. Szmul Zbytkower fut lui-même inhumé dans le cimetière. Sa tombe surmontée d’une statue avait été réalisée par le fameux architecte Dawid Frydlender à l’origine de nombreux monuments funéraires et de la conception de plusieurs synagogues. Le cimetière abritait également la tombe de Abraham Stern, inventeur de la batteuse mécanique et d’une machine à calculer. Quelques années avant la guerre, il était possible d’observer des tombes datant de la période de la création du cimetière, en bon état de conservation.
Photo prise dans le cimetière durant l’entre-deux guerres (source: www.kirkuty.xip.pl).

Durant la seconde guerre mondiale, le cimetière fut dévasté en 1942 et nombre de pierres tombales furent utilisées comme matériaux de construction et de terrassement.
Après la guerre, les restes et dépouilles de juifs qui avaient été enterrés un peu partout en ville furent rassemblés au cimetière. Durant les années qui suivirent, on assista à la disparition de nombreuses pierres tombales qui furent utilisées comme matériaux de construction sous l’indifférence affichée des autorités. Dans les années 50, il fut envisagé la construction d’un parc mais le projet fut ensuite abandonné. En prévision de ce projet, quasiment toutes les pierres tombales avaient été démantelées et déplacées du côté nord du cimetière comme on peut le voir aujourd’hui et des arbres avaient été plantés. Le cimetière resta en l’état durant une trentaine d’années et subit de nombreuses détériorations et vol de pierres tombales.
Des pierres tombales seront d’ailleurs utilisées pour construire une pergola dans le parc Jan Szypowski et des murets au zoo. Elles seront démantelées et restituées plus tard.
Au milieu des années 1980, la fondation Nissenbaum entama la restauration du cimetière. En 1986, les habitants de la rue Dwórkowa (7) ramenèrent des pierres tombales qui avaient été dérobées par les nazis et retrouvées dans la rue. En 1987, la clôture fut édifiée sur tout le pourtour du cimetière et la grande porte aux 2 pylônes de 8 mètres de hauteur de la rue Saint Vincent fut construite d’après le projet de Dariusz Kowalski, Teresa Pastuszki et Leszek Waszkiewicza. Le monument des lamentations, lapidarium, situé à l’intérieur du cimetière sera édifié peu de temps après.
Aujourd’hui, le cimetière est fermé au public. Cependant il est le lieu de réunion de personnes désœuvrées qui y pénètrent en accédant par le côté nord à travers un grillage, de fait, son accès n’est pas entièrement sécurisé. Des visites guidées sont parfois organisées.
En février 2013, lors de travaux dans la rue Saint Vincent (ul. Wincentego), une dizaine de pierres tombales ont été mises à jour non loin du cimetière.

Année de la visite: 2012
Remarques:
L’accès au cimetière s’effectue par la rue Saint Vincent au niveau du rond-point de la grenouille (rondo Żaba). Les deux pylônes de marbre noir encadrent l’entrée. Une allée centrale court le long du cimetière jusqu’au lapidarium. Des tombes sont visibles sur le côté gauche dès l’entrée. Les parties supérieures des pierres tombales du lapidarium sont brisées depuis des années et certaines portent des inscriptions antisémites. Le cimetière est fréquenté par des personnes plus ou moins douteuses ou des désœuvrés qui trouvent là un coin pour se désaltérer et passer du bon temps. Certains y promènent même leurs animaux domestiques. Lors de mon premier passage, on aperçoit une personne allongée au milieu des arbres en train de dormir. Une fois que l’on dépasse le lapidarium, on découvre un vaste et impressionnant empilement de pierres tombales, telles qu’elles avaient été transportées lorsque le projet d’édification d’un parc avait été envisagé dans les années 50. Il nous faut quelques sacs poubelle pour récupérer les divers objets et canettes de bière qui traînent ça et là.
A certains endroits, on constate des trous qui ont été creusés autour de certaines tombes encore érigées (voir en fin de diaporama), certainement pour rechercher d’éventuels objets précieux. Cette découverte témoigne du paradoxe qui peut encore exister dans la population entre les générations qui s’investissent pour sauver et entretenir ce patrimoine et des individus qui commettent des actes condamnables.
Le long du mur qui sépare les cimetières juifs et catholiques, on aperçoit le sol jonché de détritus en provenance du côté chrétien, les visiteurs voisins ayant apparemment la flegme d’aller les déposer dans les bennes à ordures à cet effet et préférant les balancer par dessus le mur côté cimetière juif. Ce n’est pas la première fois que je constate cela.
Le cimetière est régulièrement nettoyé par les équipes municipales d’entretien.

Le 15 juin 2012, des élèves de l’école primaire Chocimska participent à une action de nettoyage du cimetière à l’initiative du site web Virtual Shtetl animé par l’Institut Historique Juif et le Musée de l’histoire des juifs de Pologne. Ils sont encadrés par leurs professeurs, des représentants du Musée de l’histoire des juifs de Pologne et le correspondant polonais de la fondation Nissenbaum détenteur des clés d’accès au cimetière.

Le cimetière juif de Bródno avant son démantèlement
Le cimetière juif de Bródno avant son démantèlement

Le diaporama ci-dessous comporte 93 photos.

Le diaporama ci-dessous présente la visite des écoliers de l’école primaire Chocimska.

Visiter le site Web de la ville de Warszawa-Bródno