Roman Vishniac, arpenteur d’un monde en sursis

Des images pour se rappeler les disparus

On connait peu Roman Vishniac (1897-1990) pour ses photos prises lors de séjours en France avant et après la guerre, comme celle présentée ci-dessous qui met en scène des boules de pétanque*.
* pieds tanqués – pieds joints.

Roman Vishniac - Pétanque
Roman Vishniac – Pétanque (Cliquer pour agrandir) © Mara Vishniac Kohn, courtesy International Center of Photography

Né dans une famille juive de Russie en 1897, Roman Vishniac émigre à Berlin après la révolution bolchevique. Passionné depuis sa jeunesse de photographie, il développe des compétences en tant que photo amateur parallèlement à des études de biologie, domaine où il développera également des techniques liées à la photographie microscopique.
Au milieu des années 1930, il est commissionné par l’American Jewish Joint Distribution Committee afin d’immortaliser sur pellicule les communautés juives d’Europe Centrale et d’Europe de l’Est. Il reviendra de ses voyages avec une collection unique de clichés du Yiddishland aujourd’hui disparu.
C’est en 1983 qu’une sélection de ces photos saisies avant guerre seront éditées dans le magnifique ouvrage A Vanished World (Un monde disparu).
Roman Vishniac - Juifs d'Europe de l'est
Roman Vishniac – Juifs d’Europe de l’est (cliquer pour agrandir) © Mara Vishniac Kohn, courtesy International Center of Photography

Roman Vishniac
Roman Vishniac (Cliquer pour agrandir)
La collection complète des photos de Roman Vishniac repose aujourd’hui au Centre International de la Photographie à New York.

Une exposition en ligne est présentée où on peut découvrir ces photos uniques et bien d’autres inédites.

Aujourd’hui, le magnifique recueil de photographies de Roman Vishniac, Un monde disparu est difficile à trouver et mériterait bien une ré-édition.

Le monde englouti

La mémoire juive de l’est…

C’est bientôt la fin de l’année 2013 et je tenais à remercier tous les visiteurs qui m’ont accordé un peu de leur temps pour visiter les pages de ce site.
Je m’efforcerai de faire au mieux pour continuer la mise en ligne des sites déjà visités et qui restent en souffrance (une bonne soixantaine encore…)

Le cimetière juif de Otwock au sud-est de Varsovie
Le cimetière juif de Otwock au sud-est de Varsovie (Cliquer pour agrandir)

Le thème de ce site étant les traces et l’héritage juif en Pologne, je voulais vous faire de nouveau partager ces quelques lignes extraites du livre de Françoise Milewski, Un livre du souvenir :

« Chercher une mémoire en Pologne m’a fait prendre conscience d’une ambivalence. Si la mémoire des juifs n’est plus à l’est mais à l’ouest, la mémoire juive est en partie à l’est. Que la mémoire soit dispersée est une banalité. Qu’elle passe aussi par la Pologne, même si le monde juif y fit englouti, fut pour moi une perception nouvelle. J’avais longtemps pensé, par principe, qu’il n’y avait rien à trouver, donc à chercher, du côté du monde englouti. C’était à tort. Seuls ceux qui ont décidé qu’il n’y avait rien à voir ne verront effectivement rien. »

C’est parmi les stèles du cimetière juif d’Otwock non loin de Varsovie que Françoise Milewski a retrouvé la tombe de son grand-père disparu.

Les meules juives

The jewish grindstones

Les meules juives - Cimetière juif de Kock © Bobe Majse
Les meules juives – Cimetière juif de Kock © Bobe Majse

Dans le cimetière juif de Kock en voïvodie de Lublin, on peut aperçevoir de curieuses pierres tombales rondes…

Ces formes inédites de pierres tombales juives ne répondaient pas à des considérations édictées par l’art funéraire juif mais aux besoins de certains polonais en manque d’outillages après la guerre.

Si énormément de pierres tombales ont terminé leur vie dans des murs, des fondations, des terrassements durant la guerre, lorsque les cimetières étaient dévastés ou démantelés par l’occupant nazi, beaucoup d’autres ont connu une seconde vie surprenante au fond d’une grange ou d’un atelier, comme meules à aiguiser.
Avec le temps, les mentalités ont évoluées et des familles qui ont hérité d’un bien familial se séparent de ces encombrants outils qui retournent là où est leur place, au cimetière juif.

La meule © Łukasz Baksik
La meule (cliquer pour agrandir) © Łukasz Baksik

Aleksandra, alias Bobe Majse, l’auteur de la photo du haut, anime un blog (pl) sur l’héritage juif en Pologne, notamment à Cracovie.
Le livre recueil de photographies Usage quotidien de pierres tombales juives / Macewy codziennego użytku de Łukasz Baksik.

Un livre du souvenir

Chercher une mémoire en Pologne

Un livre du souvenir par Françoise Milewski
« Chercher une mémoire en Pologne m’a fait prendre conscience d’une ambivalence. Si la mémoire des juifs n’est plus à l’est mais à l’ouest, la mémoire juive est en partie à l’est. Que la mémoire soit dispersée est une banalité. Qu’elle passe aussi par la Pologne, même si le monde juif y fit englouti, fut pour moi une perception nouvelle. J’avais longtemps pensé, par principe, qu’il n’y avait rien à trouver, donc à chercher, du côté du monde englouti. C’était à tort. Seuls ceux qui ont décidé qu’il n’y avait rien à voir ne verront effectivement rien. »

Françoise Milewski – Un livre du souvenir

Un livre du souvenir

A la recherche d’une famille juive décimée en Pologne

par Françoise Milewski aux Editions La Découverte.

A travers ce remarquable ouvrage, Françoise Milewski s’est fixée un double objectif: redonner une identité aux victimes de sa famille qui ont péri durant la Shoah en Pologne et transmettre cette histoire familiale à la troisième génération, celle de ses enfants.
Avec force détails, l’auteur retrace ce long parcours de recherche en Pologne mais aussi dans les archives allemandes, françaises, israéliennes, américaines. Elles nous fait revivre le quotidien de la vie dans les shtetlekh d’avant-guerre où ont vécu les siens.
Un ouvrage récompensé par le Prix Mémoire de la Shoah en 2005.

Durant ses recherches en Pologne, en 2006, Françoise Milewski a retrouvé la tombe de son grand-père Yenkel Ryfman qui gisait dans le cimetière juif de Otwock (voir la page de la Présentation du cimetière juif de Otwock).

Commander le livre Un livre du souvenir (édition 2009).

« Chercher une mémoire en Pologne m’a fait prendre conscience d’une ambivalence. Si la mémoire des juifs n’est plus à l’est mais à l’ouest, la mémoire juive est en partie à l’est. Que la mémoire soit dispersée est une banalité. Qu’elle passe aussi par la Pologne, même si le monde juif y fit englouti, fut pour moi une perception nouvelle. J’avais longtemps pensé, par principe, qu’il n’y avait rien à trouver, donc à chercher, du côté du monde englouti. C’était à tort. Seuls ceux qui ont décidé qu’il n’y avait rien à voir ne verront effectivement rien. »

Le football dans la population juive d’avant guerre

Le joueur juif le plus populaire de l’équipe du Makabi était Józef Klotz qui avait évolué auparavant dans le club Jutrzenia de Cracovie.
Il est resté célèbre comme étant le joueur à avoir marqué le premier but de l’histoire de l’équipe polonaise de football durant une rencontre avec la Suède à la 23ème minute lors d’un penalty…

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Annette Muller, la petite fille du Vel d’Hiv

La séparation
Annette et Michel Muller sont séparés de leur mère le 6 août 1942. Tout le monde s’est rassemblé au milieu du camp. Les enfants s’accrochaient aux mères, les tiraient par leurs robes. À coups de crosses, de matraques, de jets d’eau glacée, on a voulu nous séparer. C’était une bousculade sauvage, des cris, des pleurs, des hurlements de douleur. Les gendarmes arrachaient les vêtements des femmes, cherchant encore des bijoux ou de l’argent. Puis soudain, un grand silence.
D’un côté, des centaines d’enfants, de l’autre les mères et les plus grands. Au milieu, les gendarmes donnant des ordres brefs. Michel et moi, nous tenant par la main sans bouger, des larmes séchant sur nos visages, nous regardons maman, immobile au premier rang du groupe qui nous fait face. De loin, je vois son sourire, son regard tendre. Sa main ébauche un salut.
On emmena le groupe et nous sommes restés seuls.
Un livre témoignage à découvrir sur la rafle du Vél d’Hiv et le camp d’internement de Beaune-la-Rolande à travers les yeux d’une petite fille.
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