Cimetières allemands du côté de Stare Juchy

Ou l’histoire d’autres cimetières abandonnés

Les conflits font souvent ce que j’appelle des victimes collatérales, à savoir les morts qui reposent dans les cimetières. Les cimetières que l’on peut considérer comme l’un des marqueurs de l’identité d’un lieu sont souvent dévastés durant et après les guerres. Bien que je ne fasse pas que cela, je visite des cimetières depuis longtemps, notamment ceux qui sont délaissés ou abandonnés. Les anciens cimetières allemands en font partie.

Tombe d'un enfant dans l'un des 2 anciens cimetières allemands du lieu-dit Gorło
Tombe d’un enfant dans l’un des 2 anciens cimetières allemands du lieu-dit Gorło (Cliquer pour agrandir) © www.shabbat-goy.com

En Pologne, les cimetières allemands des anciens territoires du Reich devenus (ou redevenus) polonais après le redécoupage de la Pologne suite à la conférence de Yalta de 1945, ont énormément souffert, de fait ils ont été pratiquement tous dévastés après la guerre et la majorité d’entre-eux ont quasiment disparu et ne figurent plus que sur les anciennes cartes. C’est en recherchant les cimetières juifs que je me suis aperçu du sort qui avait été réservé aux cimetières allemands. L’un des premiers que j’avais visité se trouvait à Koźle (Cosel), autrefois une ancienne citadelle prussienne de Silésie, où même les épitaphes sur les stèles avaient été effacées au burin.
Bien peu subsistent aujourd’hui et leurs stèles ont souvent fini à l’image des tombes juives, en matériau de construction et de terrassement.
Dernièrement durant des promenades en campagne, j’ai visité quelques cimetières allemands dont ceux de Zawady Ełckie et Gorło dont les noms respectifs étaient Sawadden et Gorlen lorsque ces villages se trouvaient en Prusse Orientale (aujourd’hui nord-est de la Pologne) et où les habitants vivaient là depuis de longues générations avant d’être expulsés à la fin des années 40.
Sur la photo ci-dessus, on aperçoit la tombe d’un enfant dans l’un des 2 anciens cimetières allemands du lieu-dit Gorło. C’est la seule qui subsiste dans celui-là, noyée au milieu des arbres non loin du lac Ułowki (ex Uloffke-See).
Pour ceux qui étaient inhumés là, c’est un peu comme une deuxième mort, peut être pire, celle de l’effacement et de l’oubli.