Présentation du camp d’extermination de Treblinka

Treblinka  
Mazowieckie – (Voïvodie de Mazovie) 
Adresse: Kosów Lacki 
(DMS) Latitude:  52°37’52.26″N – Longitude:  22° 3’9.44″E
(DD)  Latitude: 5.631183333 – Longitude: 2.050122222

Histoire:
Perdu en pleine forêt à proximité du village du même nom, le camp d’extermination de Treblinka est situé non loin de l’axe ferroviaire qui relie la capitale Varsovie à Białystok à hauteur de la gare de Małkinia Górna. Le site même du camp est en fait divisé en 2 camps distincts, le camp de Treblinka I qui était un camp de travail où moururent également beaucoup de prisonniers alors que le camp de Treblinka II était lui uniquement dédié à l’exécution de masse.
Le camp d’extermination de Treblinka II était relativement petit par sa taille puisqu’il avait des dimensions de 600 X 400 mètres. Le camp fut établi à la mi-1942 non loin du camp de travail de Treblinka I. Il était l’une des pièces maitresses avec les autres camps du plan d’extermination des juifs appelé Aktion Reinhard par allusion à Heydrich Reinhard Protecteur adjoint du Reich en Bohême-Moravie initiateur de la conférence de Wannsee qui concrétisa les bases du processus de la solution finale et qui fut liquidé par des résistants tchèques.

Construit à 100 kilomètres au nord-est de Varsovie, il fut le dernier voyage des juifs du ghetto de Varsovie, et des très nombreux autres ghettos de Pologne. Une extension de la voie ferrée fut construite depuis la gare de Małkinia afin de desservir le camp. Les convois étaient découpés en ensemble de 20 wagons qui étaient ensuite dirigés vers le camp.
C’est le 22 juillet 1942 que le premier convoi atteint Treblinka. Les déportés étaient immédiatement dirigés vers la chambre à gaz puis incinérés dans des fosses communes. Avec une moyenne de 5000 à 7000 victimes par jour, il était impossible d’incinérer tous les corps aussi beaucoup restaient empilés en état de décomposition.
Le premier commandant du camp, Irmfried Eberl1, qui avait pris ses fonctions le 11 juillet 1942 fut démit de son commandement à la fin août 1942 pour incompétence pour ne pas avoir pu éliminer efficacement les corps des déportés gazés. D’autres nouvelles installations de chambres à gaz furent installées qui pouvaient traiter 3000 détenus en l’espace de 2 heures. Eberl fut remplacé par Franz Stangl2 qui officiait jusque là comme commandant du camp d’extermination de Sobibór. Il s’employa à la réorganisation complète du camp. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il y avait très peu d’allemands à Treblinka, un premier cercle composé de 2 douzaines de SS
secondés par une centaine de gardes essentiellement ukrainiens, lettons, moldaves et prisonniers de guerre russes. Environ 700 juifs (Sonderkommandos) prenaient en charge les tâches inhérentes à l’extermination, la récupération des dents en or sur les cadavres, la collecte des objets de valeur, le transport et le tri des bagages,
l’incinération des victimes et le nettoyage des wagons. L’accès vers les chambres à gaz était camouflé par un boyau ceints de branchages recouvrant les barbelés. De nouveaux prisonniers pour le Sonderkommando étaient sélectionnés à l’arrivée des trains en remplacement des ceux qui succombaient sous les coups et les exactions des gardes. De nombreux prisonniers préposés au Sonderkommando furent témoins de l’extermination de leur famille ou de leurs proches et beaucoup se suicidèrent. Un hymne chanté fut écrit par l’officier SS Kurt Franz et résonnait parmi les déportés qui n’était pas éliminés dès leur arrivée.
Les allemands utilisèrent les moteurs diesel de chars d’assaut soviétiques pour générer le gaz qui était dirigé vers les chambres à gaz où les déportés mourraient d’empoisonnement au monoxyde de carbone. Les rares survivants
étaient exécutés par les gardes puis les corps incinérés à raison d’un millier de corps en même temps. La crémation pouvait durer jusqu’à 5 heures.
Treblinka était donc une usine de la mort, il n’y avait aucune utilisation de main d’œuvre pour subvenir à l’effort de guerre nazi comme dans les autres camps de concentration. Le but était uniquement l’extermination des populations juives. Environ 2000 tziganes furent également exterminés à Treblinka.
Afin de ne pas éveiller de soupçons lorsque les déportés pénétraient par train dans le camp, l’entrée du camp fut construite de manière à ressembler à une petite gare normale avec le tableau des horaires. Treblinka ne disposait pas de fours crématoires et les corps étaient incinérés ou enterrés dans des fosses communes.
Une révolte eu lieu dans le camp le 2 août 1943 durant laquelle des gardiens furent tués et le camp incendié. 600 prisonniers s’échappèrent mais seul une quarantaine purent par la suite être identifiés comme survivants de cet épisode. En août 1943, Kurt Franz3 fut nommé commandant du camp.
Après la révolte, le camp fut rasé et replanté. les fosses communes furent ouvertes et les corps incinérés. Les dernières victimes de Treblinka furent 30 jeunes filles juives.
Il est difficile aujourd’hui d’établir le nombre exact de victimes exterminées à Treblinka, mais ce chiffre est évalué
entre 800 000 et 900 000. Pratiquement toute la communauté juive de Varsovie et de sa région qui avait survécu aux terribles conditions de vie dans le ghetto a été exterminée à Treblinka.
Les troupes de l’Armée Rouge pénétrèrent dans les 2 camps à la fin juillet 1944.

Aujourd’hui, un vaste monument occupe l’ancienne zone du camp et 17 000 rochers figurent un vaste cimetière. Sur 130 d’entre eux sont notés les noms des villes et villages d’où étaient originaires les déportés. Le monument central rappelle une pierre tombale et est situé à proximité de l’endroit où se trouvaient les chambres à gaz. Cet ensemble a été édifié entre 1959 et 1963 par le sculpteur polonais Franciszek Duszenko et l’architecte Adam Haupf. A proximité du monument central se trouve un mémorial de basalt qui rappelle mes fosses communes où ont été incinérés des centaines de milliers de juifs.
Treblinka est le deuxième camp qui fit le plus de victimes juives après celui d’Auschwitz.

1 : autrichien, psychiatre de formation, Irmfried Eberl a ensuite rejoint la Wehrmarcht durant la guerre puis s’est installé à Blauberen où il a exercé la médecine jusqu’en 1948, année où il a été arrêté. Il s’est suicidé afin d’échapper à son procès.
2 : Franz Stangl était un autrichien qui intégra le parti nazi en 1931. Incarcéré en 1945 par les américains, il s’échappa et fuit vers l’Italie où un évêque catholique sympathisant nazi lui procura un passeport de la croix rouge et il pu s’enfuir en Syrie avant d’émigrer au Brésil où il travailla dans une usine de Wolkswagen. Traqué par le chasseur de nazis Simon Wiesenthal, il fut arrêté en 1961, jugé en Allemagne de l’ouest puis condamné à perpétuité. Il mourut d’une crise cardiaque en 1971.
3 : Kurt Franz a été arrêté en 1959 et jugé à Düsseldorf en 1965. Condamné à perpétuité, il est libéré pour raisons de santé en 1993 et meurt en 1998.

Année de la visite: 2000-2010
Remarques:
La réception des visiteurs a encore été améliorée depuis ma première venue en 2000. Le parking a été agrandi et entièrement rénové. Quoique non fermé, l’accès est payant et contribue à l’entretien du site. Un livre de d’or est mis à la disposition des visiteurs. Le site est parfaitement entretenu et agrémenté de nouveaux panneaux afin de situer la topologie du camp et la localisation du deuxième camp, de la carrière et de quelques endroits de martyrologie.
De nombreuses bougies, cailloux et petits drapeaux témoignent du passage très régulier de visiteurs juifs.
Lors de mon premier passage, sur le chemin pavé qui relie les 2 camps et long d’un peu plus de 2 kilomètres, j’avais aperçu un morceau de pierre tombale fiché comme pavé sur le chemin (voir fin de diaporama).

Le documentaire Just the two of us (Juste deux parmi nous/Tylko nas dwóch) israélien réalisé en 2011 par Tzipi Baider retrace le retour des deux derniers rescapés du camp d’extermination de Treblinka. Il a été présenté lors du 8ème festival du film juif de Varsovie en 2012.
Le documentaire ici

Samuel Willenberg, l’un des deux derniers de Treblinka. Lire l’article.



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