Les combattants de l’insurrection de Varsovie

Avec le ghetto, l’autre marqueur de l’histoire de la ville

Donc le 1er août 1944, à Varsovie, c’était le déclenchement de l’insurrection.
Comme beaucoup l’ignorent, ce soulèvement de la résistance et de la population de la capitale intervint à peine plus d’un an après le soulèvement du ghetto qui se déroula en avril-mai 1943 et qui se solda par plus de 13 000 victimes et 57 000 déportations, et la destruction complète de ce qui restait encore de surface occupée du ghetto.
Effectivement cet épisode reste souvent ignoré ou confondu avec celui de l’insurrection du ghetto, à tel point que même au niveau de personnalités politiques, l’oubli ou l’erreur entre les deux événements est commise.
Cette initiative de déclenchement du soulèvement fut prise alors que l’Armée Rouge arrivait aux abords de Varsovie, mais fut repoussée par les troupes allemandes du général Model, à l’est de la capitale.
L’insurrection, appelée action tempête (burza), fut menée principalement par l’Armée de l’Intérieur (Armia Krajowa – AK), premier mouvement de résistance en Europe occupée par son nombre et qui était dirigé depuis Londres par le gouvernement polonais en exil, les Forces Armées Nationales (Narodowe Siły Zbrojne), deuxième mouvement par le nombre qui était également dirigé depuis Londres, l’Armée du Peuple (Armia Ludowa) une organisation communiste créée en janvier 1944 qui ne prêta pas allégeance au gouvernement en exil, des membres survivants de l’Organisation Juive de Combat (Żydowska Organizacja Bojowa – ŻOB), un mouvement de résistance créé à l’été 1942 dans le ghetto, le mouvement des Rangs Gris (Szare Szeregi) de l’association du scoutisme polonais, qui avait été créé dès le début de la guerre.
La décision de déclencher l’insurrection fut loin de faire l’unanimité de la part des militaires, notamment du commandant en chef de l’Armée Polonaise, le général Anders, conscient que les conditions étaient loin d’être réunies, face aux responsables politiques en exil qui étaient eux favorables.
L’insurrection se termina le 2 octobre 1944 avec la défaite des insurgés. Dans une ville déjà détruite à 25% depuis le début de la guerre, et encore détruite à 25% durant l’insurrection, le nombre de victimes s’éleva à 18 000 soldats tués, 25 000 blessés et environ 200 000 civils tués dont 50 000 en l’espace d’une semaine dans le quartier de Wola, au début de l’insurrection. Dans les mois qui suivirent la fin de l’insurrection, la ville fut vidée de ses habitants et détruite sur ordre de Hitler jusqu’au dynamitage du palais de Saxe en décembre 1944. La ville sera dévastée à 85%, tous les principaux monuments, églises et palais encore debout systématiquement détruits.

Monument de l'Insurrection de 1944 à Varsovie
Monument de l’Insurrection de 1944 à Varsovie (Cliquer pour agrandir)

Cet épisode de l’histoire de la capitale reste un marqueur profondément ancré et encore très vivace dans la population de Varsovie et des polonais en général. Il faudra attendre le milieu des années 1970 pour que Varsovie retrouve son niveau de population d’avant guerre et la reconstruction durera plusieurs décennies.

Les juifs durant l’insurrection de Varsovie

Nombre de juifs vivaient à Varsovie au moment du déclenchement de l’insurrection, plusieurs milliers, cachés chez des polonais, dans des appartements, des greniers, des caves, d’autres vivaient sous une fausse identité.
Le jour du déclenchement du soulèvement, le 1er août, un bataillon qui attaquait la gare de Umschlagplatz afin de récupérer du matériel et des armes libéra une cinquantaine de juifs qui se trouvaient encore sur la place. Deux juifs enrôlés dans la résistance participèrent au coup de main, Stanisław Aronson et Stanisław Likiernik. Plusieurs des prisonniers libérés rejoignirent les rangs de la résistance, dont Chaim Goldstein un résistant français qui avait été déporté au camp d’Auschwitz puis envoyé au camp de Gęsiowka de Varsovie.
Le 3 août, à l’appel de Icchak Cukierman – Antek, l’un des leaders de l’Organisation Juive de Combat, les anciens insurgés du ghetto furent appelé à rejoindre l’insurrection polonaise. Tous ne furent pas admis au sein de l’Armia Krajowa en raison de leurs orientations politiques à gauche (majorité des anciens mouvements de résistance dans le ghetto, sionistes et antisionistes), et un certain nombre rejoignirent l’Armia Ludowa, mouvement armé communiste, comme Marek Edelman, Zivia Lubetkin, Cukierman. Ces anciens membres et leaders survivants de l’Organisation Juive de Combat formèrent une section spéciale combattante au sein du 3ème bataillon de l’Armée du Peuple, rejoints par Symcha Rotem (Kazik), Julian Fiszgrund, Józef Sak, Irena Geldblum, Sara Biderman, Tuwia Borzykowski.
Le 5 août, les soldats du bataillon Zośka attaquèrent le camp de Gęsiowka et libérèrent 348 juifs dont une bonne partie rejoignirent également la résistance, dont Henryk Poznański, un ancien combattant de l’Organisation Juive de Combat.
Nombre de juifs participèrent en tant que personnel médical dans les différentes antennes et hôpitaux mis en place par les insurgés dans la ville comme les docteurs Adina Blady-Szwajger, Michał Lejpuner, Szmul Gilgun, Stefan Rotmil, Idel Singer, Edward Zwilling, Roman Born-Bornstein. Egalement Emilia Rozencwajg en tant que commandant de liaison du personnel médical dans le bataillon Łukasiński, Alicja Zipper comme infirmière. Les jeunes agents de liaison qui suivent, étaient âgés de 14 ans et plus, les frères Zalman et Perec Hochman, Henryk Arnold, Jehuda Nira, Stanisław Pinkus.
Parmi les jeunes combattants se trouvaient aussi Nehemiah Szulklaper, Alexander, Zrubawel Werba, Efraim Krasucki, Erwin Junarz.
De très nombreux autres combattants d’origine juive s’illustrèrent comme le général de brigade Edwin Rozłubirski, Jan Szelubski comme commandant et qui fut décoré de l’ordre Virtuti Militari par le général Bór-Komorowski qui dirigeait l’insurrection.
La population juive qui avait survécu jusqu’à l’été 1944 partagea le sort des civils polonais en quête d’abris et de nourriture, et beaucoup moururent sous les bombes ou lors d’exécutions. Dans les entrepôts de l’usine Kirchmayer et Marczewski, le 6 août, plus de 2000 civils furent exécutés, dont une cinquantaine de juifs, pour la plupart qui avaient été libérés la veille du camp de Gęsiowka.
Beaucoup de juifs qui furent capturés à la fin de l’insurrection furent exécutés par les allemands. D’autres utilisant des fausses identités furent envoyés avec les polonais vers le camp de Pruszków (Dulag 121), d’autre se cachèrent dans les ruines de la ville et moururent lorsque les allemands dévastèrent la capitale.
Des anciens combattants juifs sont inhumés dans le cimetière juif de la rue Okopowa, et les noms de nombreux autres sont gravés dans le cimetière militaire de Varsovie et sur le mur du souvenir du Musée de l’Insurrection.
Le nombre de combattants juifs durant l’insurrection de Varsovie de 1944 est évalué entre plusieurs centaines à 3000.
Source Vitual Shtetl – Krzysztof Bielawski

Samuel Willenberg

Samuel Willenberg à Varsovie en 2015 - Photo Jacques Lahitte - www.shabbat-goy.com
Samuel Willenberg à Varsovie en 2015 – Photo Jacques Lahitte – www.shabbat-goy.com (Cliquer pour agrandir)
Samuel Willenberg, originaire de Częstochowa où il était né en 1923, fut blessé en 1939 dans la région de Chełm en combattant en tant que volontaire dans l’Armée Polonaise. Il rejoignit par la suite sa famille près de Varsovie et ils partirent vers l’est à Opatów en 1940. De là, ils retournèrent à Częstochowa et furent par la suite confinés dans le ghetto. Willenberg fut déporté en 1942 au camp d’extermination de Treblinka. Il fut le seul de son convoi à survivre et fut enrôlé dans le kommando chargé de trier les affaires des déportés. Il s’évada lors de la révolte du camp en août 1943 et retourna à Varsovie où il rejoignit la résistance polonaise. Il participa à l’insurrection de 1944 au sein de l’Armia Krajowa puis de l’Armia Ludowa dès septembre 1944. Il servit dans l’Armée Polonaise après la guerre puis émigra en Israël en 1950 où il exerça comme ingénieur. Pendant sa retraite il étudia les arts et la sculpture en particulier. Nombre de ses œuvres furent exposées dont un monument en mémoire des victimes du ghetto qui fut inauguré à Częstochowa. Il mourut en 2016.

August Agbola O’Browne

August Agbola O'Browne, combattant de l'insurrection de Varsovie de 1944
August Agbola O’Browne, combattant de l’insurrection de Varsovie de 1944 (Cliquer pour agrandir)
Parmi les insurgés, une figure inhabituelle, celle de August Agbola O’Browne, un nigérian né à Lagos en 1895, de l’union d’un nigérian et d’une polonaise. Arrivé en 1922 à Varsovie, il exerça ses talents comme musicien de jazz et batteur dans de nombreux clubs de la capitale. Il fut le premier africain de l’ouest à enregistrer un disque en 1928. Il se maria avec une polonaise et eut 2 enfants. Il participa à la défense de Varsovie en septembre 1939 puis il combattit durant l’insurrection de 1944 au sein de l’Armia Krajowa dans le bataillon « Iwo », dans le quartier de Śródmieście sous le nom de code Ali. Après la guerre, il travailla au département de la culture et des arts de la ville de Varsovie et continua ses activités musicales jusqu’à son départ vers l’Angleterre en 1958 où il mourut en 1976.

Chaque année, le 1eraoût à 17 heures, les sirènes retentissent dans la capitale et la population arrête ses activités pour une minute de silence en mémoire des insurgés et des disparus.

Lien vers le site du Musée de l’Insurrection de Varsovie.

Le film Miasto 44 retrace cette page d’histoire.

Le camp de concentration de Varsovie

Photo prise à l'intérieur du camp
Photo prise à l’intérieur du camp (Cliquer pour agrandir)
Du camp de concentration de Varsovie, il ne reste plus de trace aujourd’hui.
Sa présence n’était connue jusqu’ici que d’initiés qui s’intéressaient de près à l’histoire du ghetto de Varsovie, mais son existence a aujourd’hui été l’objet de nombreux articles de presse et ouvrages.
Ce camp entra en fonction dès la fin de l’insurrection du ghetto en mai 1943 jusqu’à l’insurrection de Varsovie d’août 1944…
> Lire la suite.

Nalewki 24 à Varsovie

Un noyau unique de vie juive en Pologne

Situé au coeur du quartier juif de Muranów, l’immeuble numéro 24 de la rue Nalewki se trouvait au croisement avec la rue Franciszkańska (39). A cet endroit régnait la plus dense présence juive de la capitale et l’activité commerciale qui animait le carrefour pouvait être comparée à celle située au croisement des grandes avenues Marszałkowska et Jerozolimskie.

L'immeuble 24 de la rue Nalewki et la rue Franciszkańska sur la gauche, dans les années 1930. Un policier règle la circulation
L’immeuble 24 de la rue Nalewki et la rue Franciszkańska sur la gauche, dans les années 1930. Un policier règle la circulation. Photo Willem van de Poll (Cliquer pour agrandir)

Topologie du croisement des rues Nalewki, Franciszkańska et Gęsia dans le quartier juif de Muranów
Topologie du croisement des rues Nalewki, Franciszkańska et Gęsia dans le quartier juif de Muranów (Cliquer pour agrandir)
Les tramways qui arrivaient depuis les environs du parc Krasiński entre les numéros 2 et 10 au sud (voir carte au bas de l’article) continuaient leur chemin le long de la rue Nalewki pour se rendre au quartier voisin de Żoliborz (Joli bord [de la Vistule]) au nord ou alors bifurquaient sur la droite dans la rue Franciszkańska pour se diriger vers la vieille ville à l’est ou emprunter à gauche, vers l’ouest, la rue Gęsia qui se terminait du côté du cimetière juif de la rue Okopowa.
Un policier réglait la circulation (photo du haut) tant bien que mal les jours de forte affluence, c’est à dire presque toute la semaine, entre les piétons, les tramways, les charrettes à bras lourdement chargées et souvent tirées par des juifs munis de harnais, des porteurs et autres voitures à cheval. L’endroit restait fortement animé jusqu’au shabbat qui voyait alors les rues du quartier étrangement désertées hormis les juifs religieux se rendant à la synagogue ou dans les maisons de prières du voisinage.
La population, essentiellement juive, qui s’était fortement développée durant la seconde moitié du XIXème siècle, était très mélangée entre les artisans, les commerçants, les religieux, les juifs venus d’autres quartiers, de toutes origines sociales, pour acheter des articles et marchandises principalement tournées vers les domaines du textile, du cuir, de l’habillement et de la confection.
L'immeuble 24 de la rue Nalewki sur la droite, dans les années 1930. Photo Willem van de Poll
L’immeuble 24 de la rue Nalewki sur la droite, dans les années 1930 (orientation sud-nord). Photo Willem van de Poll (Cliquer pour agrandir)

L’immeuble Nalewki 24 possédait un seul étage où se trouvaient de nombreuses boutiques et ateliers et un second niveau d’habitations situé sous les toits dans sa partie sud. Il possédait une cour intérieure qui ouvrait sur deux dépendances. Dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, la rivière Bełcząca s’écoulait encore à cet endroit, et un premier bâtiment fut édifié probablement vers la fin du XVIIIème siècle sur ce long chemin de terre bordé de jardins et de quelques autres maisons et qui allait devenir le siècle suivant la rue Nalewki avec l’installation des juifs dès 1824 suite à un décret d’installation émis par l’empereur Alexandre 1er, qui fut roi de Pologne dès 1815; Varsovie étant alors sous domination russe .
Dans la première moitié du XIXème siècle, le bâtiment visible sur les photos fut édifié, dans un style classique mais plutôt modeste. Dès le milieu du XIXème siècle, l’immeuble appartint à Abram Goldman, puis à ses héritiers jusqu’à l’entre-deux guerres.
(*) Dans la seconde moitié du XIXème siècle se trouvaient déjà de nombreuses boutiques dans l’immeuble dont la librairie hébraïque de Szaj Mąk, la pharmacie de Ludwik Gronau, l’entrepôt de marchandises de maroquinerie de Izrael Tom, la papeterie de Zelman Zilber, la boucherie de Judel Mielczyk, l’horloger Hersz Bachner, la boutique de laitage de Moszek Glejchmann et la bijouterie de Abram Juwiler. Durant l’entre-deux guerres, le gardien du bâtiment était Julian Prorok. Ce dernier fut accusé par Abram Elster de la société W. Kwas, de détourner des colis de cosmétiques.
(* source Jerzy S. Majewski).
Immeuble 24 de la rue Nalewki après les bombardements allemands de 1939
Immeuble 24 de la rue Nalewki après les bombardements allemands de 1939 (Cliquer pour agrandir)
L’immeuble fut entièrement détruit lors des bombardements allemands durant le siège de Varsovie le 16 ou le 17 septembre 1939 et on retrouva de nombreux cadavres dans la cour. Enserrée dans le grand ghetto dès novembre 1940, la rue, comme le quartier, fut entièrement détruite lors de l’insurrection du ghetto de 1943.

Seulement imaginer l’absence

Difficile d’imaginer aujourd’hui ce que fut le cœur du quartier juif de Varsovie quand on déambule le long de l’avenue du général Anders qui a été bâtie après guerre, sur les ruines du ghetto, sans forcément suivre le tracé initial de la rue Nalewki. La connaissance de l’histoire et de la topologie du quartier permettent, à travers la vision des immeubles d’après guerre qui illustre le réalisme socialiste alors en vigueur, et surtout, beaucoup d’imagination, de percevoir des bribes de vie passée où se mêlaient les pas des habitants du quartier, les crissements des charrettes et les roues stridentes des tramways sur les rails, les odeurs de cuir qui s’exhalaient des ateliers et des boutiques, les voix, les cris et les exclamations yiddish de ce peuple juif, représentation unique en Pologne et en Europe Centrale d’un monde disparu.
Seules quatre années de présence allemande auront suffit pour effacer plus de 2 siècles d’intense vie juive dans ce quartier de Varsovie.
Si le Musée de l’Histoire des Juifs Polonais se trouve à seulement 200 mètres d’où se situait l’immeuble Nalewki 24 et son fameux carrefour, autrefois toujours animé, essayer de s’imprégner d’un environnement, d’une atmosphère unique est illusoire pour les visiteurs d’un jour, mais aussi pour l’inconditionnel de la Varsovie d’avant-guerre que je suis devenu. C’est un sentiment de tristesse, d’amertume, et parfois de colère qui s’empare du visiteur, mais c’est surtout une impression de vide et d’absence qui fige le regard lorsqu’il scrute le néant qu’offre aujourd’hui Varsovie quand on s’élance sur les traces d’autrefois.
Alors, l’esprit se transporte vers une autre époque et se remémore des photos anciennes, ces témoignages d’antan, d’une autre ville, d’une autre vie, d’autres gens.
La photo ci-dessous présente une vue de certaines boutiques de l’immeuble Nalewki 24. On y distingue la boutique de maroquinerie et de bas de Hanina Esterowicz à gauche, puis la boutique de S. Szuldiner qui vend du fil, de la laine et du coton. Peut être est-ce lui qui discute à gauche, sur le pas de porte. Ensuite une enseigne de Nusyn Kohn pour sa boutique de maroquinerie et de boutons, juste en dessous un panneau pour un cordonnier dont on ne distingue pas le nom, puis l’enseigne de N. B. Sznur qui fabrique des cravates; dessous un petit panneau pour la boutique de Finkielsztejn qui est située au premier étage et qui propose des bas, des chaussettes, des gants. Puis à droite, en haut, un autre panneau de D. Finkielsztejn, le cordonnier du 27 et dessous une réclame pour l’atelier de Judel Pieprzyk qui fabrique des porte-documents et des cartables d’écoliers.

Vue de boutiques de l'immeuble Nalewki 24 durant l'entre-deux guerres
Vue de boutiques de l’immeuble Nalewki 24 durant l’entre-deux guerres (Cliquer pour agrandir)

Durant l’entre-deux guerres se trouvaient de très nombreuses boutiques et fabriques de sous-vêtements (bielizna) et de maroquinerie (galanteria) dans la rue Nalewki, également au 24 de la rue. Dans l’immeuble on trouvait également un marchand de fruits (owocarnia), une parfumerie, quelques boutiques de vêtements, d’objets en métal, une fabrique de chapeaux et de fourrures, un pharmacien.
Ci-après, la liste des abonnés du téléphone pour la période 1938-1939 de l’immeuble Nalewki 24 :
Alfus Jada, sprzed. galant. i guzik
Altman Jakub Szulim, prac. bielizny
« Bramur », wyr. stalowe, Brachweld D. i Muranower W.
« Bresco », Strumpfman B-cia, fabr. bielizny
Brodt Szymon Chaim, prac. haftów
Bursztyn M., hurt. perfum.
Elenberg Salomon, skl. galant.
Esterowicz Hanina, m.
Feinmesser J., sprzed. tow. galant.
Frydman Jankiel, owocarnia
Hepner Symcha, sprz. ubior. męsk.
Kiselstein F., sprzed. korali, biżuteri i galant.
Klein M., skł. podszewek i watol.
Kohn Nusyn, sprzed. guzik. i galant
Kronenberg M., skl. ozdób. wojsk.
Lachman Dawid, przedst. f. Fabr. wyr. Met. « I. Fogelnest »
Lachman L., sprz. wyr. stal.
Polus I., sprz. pończoch, wyr. trykot. i wytw. krawat
Rozen B-cia M. i I., fabr. kapel. i wyr. futrzanych
Silbergeld M. i S-ka
Szuldiner S., skł. przędzy, wełny, bawełny i nici
Światło Abram, wyr. skórz.-galant.
Wajnberg Icek, sprz. guzików
Welt J. i Zylber S., apteka
La plupart des personnes listées ici ont du disparaître durant la période du ghetto ou celle des déportations vers le camp d’extermination de Treblinka.


> Découvrir l’histoire de la rue Nalewki.

Les lieux de culte du quartier de Praga

Localisation des maisons de prières et des synagogues du quartier de Praga à Varsovie
Localisation des maisons de prières et des synagogues du quartier de Praga à Varsovie

A ce jour, 44 lieux de culte juifs, maisons de prières et synagogues, ont été identifiés dans le quartier de Praga de Varsovie, sur une période allant du début du XIXème siècle jusqu’à l’entrée en guerre.
> Découvrir tous les lieux existants et disparus.

Les mises en ligne (région Podlaskie)

Le cimetière juif de Krynki en région de Podlachie (nord-est)
Le cimetière juif de Krynki en région de Podlachie (nord-est) (Cliquer pour agrandir) © www.shabbat-goy.com
Les mises à jour de sites continuent mais n’apparaissent pas comme activité de rédaction d’articles, c’est un travail souterrain qui se concentre actuellement sur la région de Podlachie (Podlaskie). Ont été mis dernièrement en ligne les sites de :
Białowieża, Kleszczele, Drohiczyn, Knyszyn, Krynki, Narewka, Nowy Dwór, Narew.

Le cimetière juif de Knyszyn

Parmi les cimetières juifs aujourd’hui visibles en région de Podlachie (nord-est de la Pologne), il en est un qui, malgré les disparitions de stèles intervenues depuis la guerre, offre une image particulière de nécropole juive, où les tombes sont agencées autour de deux étangs. Remis en valeur il y a quelques années et aujourd’hui préservé, c’est un passage à ne pas manquer lorsqu’on visite la région, et notamment la synagogue de Tykocin, non loin de là.
>Voir la présentation du cimetière juif de Knyszyn.

Le cimetière juif de Knyszyn
Le cimetière juif de Knyszyn (Cliquer pour agrandir) © www.shabbat-goy.com

Les lettres du rabbin Jakub Szulman

Dernières traces avant l’anéantissement

Jakub Szulman était le rabbin de la petite ville de Grabów où vivait autrefois une communauté juive forte de quelques centaines de membres, les juifs étaient présents dans la localité depuis la seconde moitié du XVIIIème siècle, ils représentaient la moitié de la population. Après la première guerre mondiale, beaucoup d’entre-eux émigrèrent vers l’Allemagne. La communauté juive s’établissait à 800 personnes à l’entrée en guerre. Un ghetto fut établi par les allemands et des juifs d’autres localités furent confinés avec ceux de Grabów. La population du ghetto s’éleva jusqu’à 1400 personnes. Les juifs encore présents dans le ghetto furent déportés en avril 1942 vers le camp d’extermination voisin de Chełmno.

19 janvier 1942
«Mes très chers,
Je ne vous ai pas répondu jusqu’ici car je ne savais rien de précis sur tout ce qu’on m’a dit.
Hélas, pour notre grand malheur, nous savons déjà tout maintenant.
J’ai eu chez moi un témoin occulaire, qui, grâce à un hasard, fut sauvé. J’ai tout appris de lui.
L’endroit où ils sont exterminés s’appelle Chełmno, près de Dąbie, et on les enterre tous dans la forêt voisine de Rzuchów.
Les juifs sont tués de deux manières, par les fusillades ou par les gaz.
Depuis quelques jours, on amène des milliers de juifs de Łódź et on en fait de même avec eux.
Ne pensez pas que tout ceci vous soit écrit par un homme frappé de la folie, hélas c’est la tragique, l’horrible vérité.
Horreur, horreur, homme ôte tes vêtements, couvre ta tête de cendre, cours dans les rues et danse, pris de folie.
Je suis tellement las que ma plume ne peut plus écrire, créateur de l’univers, viens nous en aide

Lors du tournage de l’une des séquences du film Shoah à Grabów, Claude Lanzmann lut la lettre du rabbin Szulman devant la synagogue du village. Voir la séquence du film Shoah.
Présentation de la La synagogue de Grabów

Le mercredi 21 janvier 1942, soit 2 jours après l’envoi de la première lettre, le rabbin Szulman écrivit un nouveau courrier à Łódź.
«A ma chère et aimée famille,
… quatre semaines se sont passées depuis que tous les juifs, hommes, femmes et enfants, ont été déportés vers Koło. Ils ont été déportés par camions vers une destination inconnue. Et la même chose est arrivée à Dąbie, Kłodawa, Izbica Kujawska et d’autres petites bourgades du comté. Malgré tous nos efforts intenses pour connaître quelque chose de leur sort, nous n’avons eu aucune nouvelle sur eux, de quoi que ce soit. Seulement cette semaine, des gens qui se sont enfuit de là nous ont rejoint. Ils disent que tout le monde, espérons que cela ne nous arrivera pas, est empoisonné avec du gaz, les corps incinérés, par 50-60, dans des fosses communes. De plus en plus de victimes sont amenées là et le danger n’a pas encore passé

Lettre du rabbin Jakub Szulman
Lettre du rabbin Jakub Szulman – Archive du ghetto de Varsovie – Institut Historique juif (Cliquer pour agrandir) Photo www.shabbat-goy.com
Cette seconde lettre a pu être transmise par la suite à Varsovie où elle a été intégrée dans les archives du ghetto mise en place par l’organisation Oneg Shabbat dirigée par Emanuel Ringelblum. La lettre du rabbin Szulman a été retrouvée dans une partie des archives qui avaient été mises au jour après la guerre dans les ruines du ghetto de Varsovie.
En avril 1942, les juifs de Grabów ont été déportés vers le camp d’extermination de Chełmno où ils ont été assassinés.
C’est Szlamek Bejler, un juif originaire de Izbica Kujawska et qui s’était échappé du camp de Chełmno alors qu’il était assigné au Waldlager, le site des fosses communes dans la forêt de Rzuchów, qui arriva à Grabów le 19 janvier à 14 heures et qui informa le rabbin de l’existence du camp et de ce qu’il s’y passait. Il partit ensuite pour Varsovie et son témoignage fut retranscrit dans les archives du ghetto d’Emanuel Ringelblum, alors en élaboration.
Le village de Chełmno nad Nerem (Chelmno sur le Ner) ne doit pas être confondu avec la ville de Chełmno située 180 kilomètres plus au nord.

Le cimetière juif de Grabów
Le village de Grabów