Symbole du tronc à aumône

La symbolique sur les tombes des bienfaiteurs

Contrairement à ce que certains pourrait imaginer, cette représentation graphique n’illustre pas la pierre tombale d’un juif cupide qui compterait son argent comme cette idée peut se rencontrer dans certains stéréotypes sur le rapport des juifs avec l’argent. C’est en fait exactement le contraire que le graveur a voulu signifier ici en illustrant un tronc et une main tenant une pièce. Cette symbolique signifie que le défunt était une personne généreuse qui aidait les pauvres.
La grande majorité de la population juive en Pologne était constituée de familles modestes ou pauvres. Cette pauvreté que l’on pouvait surtout rencontrer dans les Shtetl de l’est était parfois très dure et des communautés entières pouvaient vivre dans le besoin et dans des conditions très difficiles.

Symbolique du tronc à aumône - Cimetière juif de Varsovie Les communautés juives en Europe centrale étaient organisées soit de manière dépendante auprès d’une représentation communautaire voisine plus importante et mieux organisée, soit de manière autonome.
Ces organisations communautaires, reconnues par l’État, étaient dirigées par des représentants élus de chaque communauté. Elles prenaient en charge tous les aspects de la vie communautaire que ce soit la vie et les prescriptions religieuses, la vie et l’assistance sociale, la vie culturelle, sportive, l’éducation, la santé, etc. La communauté était appelée Kehilla (pluriel Kehillot). Cette organisation communautaire étendue à de nombreux aspects de la vie locale juive est apparue vers la fin du XIXème siècle en Pologne. Ces organisations étaient inspirées des organisations communautaires religieuses qui avaient précédées depuis des temps très anciens et qui étaient alors appelées Qahal. Dès le XVIème siècle, les Qahal se sont organisées en Pologne et leur influence s’est accrue au point qu’elles furent abolies dans une bonne partie de l’Europe centrale alors sous domination russe.
Ces communautés étaient financées par les dons et les taxes auxquelles leurs membres étaient soumis. Les juifs bénéficiant de moyens financiers plus confortables étaient soumis à une taxe proportionnelle à leur richesse. Étaient également acceptées les libres participations financières, aussi modestes furent-elles, pour le bien de la communauté.
Ces graphismes de tombes témoignent donc de la particulière générosité de certains défunts. Elles témoignent également de la démarche d’entre-aide et d’assistance auprès des populations nécessiteuses de la communauté.

Sur les photos du diaporama présenté ci-dessous, cette symbolique est parfois associée à d’autres graphismes comme un tronc à aumône accompagné d’une ou deux chandelles qui indique que le membre bienfaiteur était une femme. Sur une pierre tombale, ces représentations sont également surmontées par une couronne qui indique qu’ils s’agissait d’une femme pieuse; la couronne symbolisant la Torah. Sur une autre représentation, on voit un lion à côté du tronc qui indique que le défunt était affilié à la descendance de la tribu de Juda. Parfois le tronc est ouvert, mais il est généralement fermé et possède pratiquement toujours un cadenas.

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