Les camps polonais

Une initiative, une responsabilité polonaise ?

Depuis maintenant de très nombreuses années, le terme « camps polonais » est régulièrement utilisé dans des articles ou prononcé par diverses personnalités lors de discours ou interventions, surtout dans la presse étrangère sous les dénominations Polish death camps (camps de la mort polonais), Polish concentration camp (camps de concentration polonais). Il m’est même arrivé de lire Polish gaz chambers (chambres à gaz polonaises) dans certains articles.

Selon ces dénominations, pour qui ne possède pas une connaissance précise de la mise en place de la solution finale de la question juive durant la dernière guerre mondiale, il en découle une implication directe ou active des polonais et de l’Etat polonais et une responsabilité directe de collaboration dans la mise en place de l’holocauste sur le sol polonais, que ce soit à travers l’établissement de camps (il y a eu des centaines de camps en Pologne, les principaux camps dont beaucoup ont entendu parler, et une multitude de sous-camps rattachés aux premiers) ou la participation active dans l’administration ou la surveillance des camps de concentration et d’extermination.
A la lecture de très nombreuses réactions que l’on peut observer sur des sites ou des blogs de grands quotidiens lorsqu’un article parait sur ce sujet, il n’est pas anecdotique de lire des réactions qui vont dans ce sens, c’est en fait une conviction très largement répandue et partagée. Dans un article paru dans un grand quotidien français à propos de la mise en ligne par le Musée d’Auschwitz d’une première liste de SS ayant été impliqué directement dans les activités du camp, un lecteur réagissait avec conviction : « … Rien de surprenant qu’aucun polonais n’apparaîtra dans la liste des S.S et de gardiens de camps. C’est de la pure propagande et non de l’histoire … »
En 2012, le président américain Obama employait lors de la remise à titre posthume de la médaille Présidentielle de la Liberté (Presidential medal of freedom) à Jan Karski, le terme de camp de la mort polonais (polish death camp) dans son allocution, ce qui entraînât une vive réaction des autorités polonaises et fut à l’origine de commentaires assez variés dans la presse où la question qui était posée mettait en balance l’historicité de l’événement holocauste et des camps mis en place par les nazis face à une tentative de ré-écriture de l’histoire par les polonais et le gouvernement conservateur polonais alors en place; cette dernière argumentation digressant vers des événements de l’époque comme l’antisémitisme en Pologne et la participation active de polonais dans la dénonciation, la chasse ou le meurtre de juifs.

Origine du terme Polish death camps

En 2016, le site web Times of Israel titrait dans un article « Est-ce que les mots « camps de la mort polonais » diffament la Pologne, et si c’est le cas, qui est à blâmer ? Cette utilisation d’un titre quelque peu ambiguë laisse forcément planer de sérieux doutes quant à la responsabilité directe des polonais sur le sujet des camps. Cet article nous rappelle que Jan Karski lui-même utilisa maladroitement ce terme dans ses compte-rendus établis durant la guerre à destination des alliés concernant l’extermination des juifs, sans pour autant penser à une quelconque responsabilité des polonais dans la mise en place des camps sur le territoire polonais. Mais plus intéressant, l’article remonte à l’origine de cette dénomination des camps polonais en décrivant qu’une officine de renseignements appelée Dienststelle 114, dépendant dès les années 1960 de l’agence de l’Allemagne de l’ouest de renseignements Bundesnachrichtendienst œuvra dans l’ombre, dans le cadre de la guerre froide. L’une de ses actions fut d’effacer la responsabilité de l’Allemagne et de criminels de guerre durant la seconde guerre mondiale. Cette ligne qui fut tenue durant une vingtaine d’années en République Fédérale Allemande (RFA).
L’agence Generalvertretung L, dénommée à l’origine Dienststelle 114 puis Dienststelle 142, était une unité de renseignements de l’Organisation Gehlen créée par le service de renseignements américain en 1946 en zone d’occupation américaine puis du service de renseignements fédéral Bundesnachrichtendienst créé en 1956 et basée à Karlsruhe. Generalvertretung L – GV L, était un nom de code créé par son chef Alfred Bezinger, et son objet était le contre-espionnage contre les agents soviétiques. Entre 250 et 500 personnes travaillaient pour cette agence entre 1948 et 1951. Fondé par Gehlen Hermann Baun, la section du contre-espionnage était pilotée par un personnage peu apprécié de ses collaborateurs, Alfred Bezinger, un ancien membre de la police secrète de la Wehrmacht (Geheimen Feldpolizei) durant la guerre. Parmi ses membres se trouvaient de nombreux anciens membres de la SS et du SD (Sicherheitsdienst des Reichsführers SS), le service de renseignements de la SS dont le chef en 1941 n’était autre que Reinhard Heydrich. Parmi les agents travaillant pour ce bureau avaient été recrutés Walter Kurreck, un ancien membre de l’Einsatzgruppe D et Konrad Fiebig, responsable de l’assassinat de 11 000 juifs en Biélorussie.
C’est en 1956 que Alfred Benzinger engagea une campagne visant à écarter de nombreux criminels de guerre d’éventuelles condamnations et poursuites et que le terme de «Camps de concentration polonais» fut lancé et employé dans les médias afin de soustraire la responsabilité des génocides de masse des allemands vers les polonais.
Ce n’est que dès les années 1960 que l’agence commença à se séparer de ses membres anciens nazis devenus encombrants.
Repris durant des décennies dans les médias du monde entier, cette reformulation s’instilla dans les mentalités des lecteurs jusqu’à devenir aujourd’hui une évidence et un fait historique pour beaucoup.
Au début des années 2000, les autorités polonaises décidèrent de s’attaquer à cette dénomination.

Selon Adam Daniel Rotfeld, ministre polonais des affaires étrangères en 2005 du gouvernement Kwaśniewski, lui-même survivant de l’holocauste, cette expression énoncée de manière intentionnelle ou pas, tend à « faire supporter la responsabilité dans la mise en place, l’organisation et les opérations dans les camps des allemands vers le peuple polonais ». L’utilisation de ces termes qui décrivent explicitement un pays, la Pologne (Poland) ou une nation, polonaise (Polish), a été remis en question sous l’action conjointe des gouvernements polonais et israélien, de même que des organisations de l’étranger polonaises ou juives comme l’American Jewish Committee qui dès 2006 a soutenu la proposition polonaise auprès de l’Unesco de renommer le camp d’Auschwitz comme Ancien camp de concentration de l’Allemagne nazie d’Auschwitz-Birkenau (Former Nazi German Concentration Camp Auschwitz-Birkenau). D’autres voix se sont élevées comme celle de Shewach Weiss, ancien ambassadeur d’Israël en Pologne, lui-même survivant de l’holocauste et sauvé par des polonais et des ukrainiens et qui dénonce cette dénomination en « soulignant que les camps de la mort et de concentration en Pologne sont à 100% nazis et que le nazisme est né à Munich et à Berlin ».
Quelques-uns m’ont déjà reproché de procéder à certaines comparaisons entre la Pologne et la France à propos d’événements de la seconde guerre mondiale. Il est tout à fait vrai que si ces deux pays ont été occupés par les allemands, l’administration et la répression exercées par les forces d’occupation étaient assez éloignées entre l’est et l’ouest. Ceci dit, pour des lecteurs qui possèdent des connaissances de base succinctes des événements de la seconde guerre mondiale, ces comparaisons ciblées permettent d’aider à comprendre et évaluer des différences notoires de certains événements, ici en l’occurrence pour ce qui concerne les camps.
En France, le gouvernement collaborationniste de Vichy a procédé à la mise en place de camps de transit et d’internement à travers le pays avec pour objectif de rassembler certaines populations (essentiellement juives) en vue de leur déportation vers l’est. Ces camps ont été effectivement établis, surveillés et administrés par les autorités françaises. L’implication de français et du gouvernement français, dans l’établissement de ces camps ne portent pas à polémique puisque cela a été officiellement reconnu.
Concernant le camp de Struthof, le seul camp de concentration a avoir été établi sur le sol français en avril-mai 1941, sa création et son administration ont été prises en charge directement par les nazis. Mais il faut rappeler qu’à cette époque, l’Alsace avait été annexée au IIIème Reich. On parle donc de ce camp comme camp de concentration nazi en Alsace annexée, comme cela est précisé sur le site internet du musée du camp.
Alors qu’en est-il pour les camps situés en Pologne ?

Situation de la Pologne durant l’occupation allemande

Lors de l’invasion de la Pologne par les troupes allemandes, déclenchée le 1er septembre 1939, nombre de villes furent bombardées, la capitale n’y échappa pas, elle fut détruite à 15% et elle capitula le 28 septembre. Cependant, il n’y eut jamais d’armistice signée entre les gouvernements polonais et nazi. Il n’y eut donc jamais d’accord de collaboration entre l’Etat polonais et l’Allemagne nazie, à l’instar de la France et d’autres pays d’Europe de l’est. En effet, le gouvernement partit en exil en France au déclenchement de la guerre, jusqu’en juin 1940, puis il s’installa à Londres jusqu’à la fin de la guerre, dirigé par le général Władysław Sikorski jusqu’à sa mort accidentelle en juillet 1943 puis par Stanisław Mikołajczyk. Il en fut de même lorsque l’URSS, alors alliée à l’Allemagne nazie envahit à son tour la Pologne orientale le 17 septembre 1939. La Pologne fut partagée en trois territoires distincts par ses envahisseurs.
Rappelons que la Pologne d’avant guerre était située géographiquement plus à l’est, elle englobait alors une partie de la Lituanie, la Biélorussie et l’Ukraine occidentale (Galicie), de fait, la structure de sa population était très hétérogène, avec un habitant sur trois issus des minorités lituanienne, biélorusse, russe, ukrainienne, allemande. Seuls deux tiers des habitants de la Pologne de l’entre-deux guerres (~68%) étaient ethniquement polonais. La minorité allemande était assez forte dans sa partie occidentale (Basse-Silésie, Grande Pologne) et nord (Poméranie et Prusse orientale).
La partie occidentale fut annexée au Reich, la partie orientale à l’URSS. La partie centrale (de Varsovie au nord à Cracovie au sud) fut érigée en un Gouvernement Général et administrée par les nazis. C’est sur ce territoire que furent établis presque tous les camps de concentration et d’extermination. La Pologne avait cessé d’exister en tant qu’Etat et cette période doit être vue historiquement comme une période d’occupation, puisque la Pologne a été effectivement un pays occupé, au même titre que la France.

La Pologne et les forces alliées

La Pologne participa avec les alliés à nombre de combats sur de nombreux fronts, notamment lors de la bataille d’Angleterre avec les aviateurs polonais qui s’illustrèrent en combattant au sein de la RAF où 8 escadrilles d’aviateurs polonais furent formées. 27 unités de la marine polonaise combattirent ainsi que l’armée de terre avec l’armée du général Anders qui s’illustra en Norvège, en Afrique, pendant la campagne d’Italie, notamment à Monte Cassino et durant la bataille de Normandie.

Polonais dans l’armée allemande

Le corps des Waffen SS a rassemblé un nombre important de nationalités. Des petites unités, des brigades ou des divisions ont été mises en place par les nazis et étaient composées de norvégiens, de suédois, de danois, de hollandais, de belges flamands et Wallons, d’estoniens, de lettons, de lituaniens, de hongrois, de roumains, de français, de suisses, d’espagnols, de britanniques (165), d’ukrainiens, de croates et bosniaques musulmans, de russes, de cosaques, de biélorusses, d’albanais, d’italiens, d’indiens, il y eu même une unité SS composée de 80 nationalistes bretons (Bezen Perrot).
Plus de 200 000 polonais ont servi dans la Wehrmacht et une petite quantité dans la 30ème division de grenadiers Waffen SS. Cette dernière division SS était composée de biélorusses, de russes et d’ukrainiens et était estimée à plus de 11 000 combattants. Cependant, l’immense majorité des polonais enrôlés dans l’armée allemande était constituée de Volksdeutsche, c’est à dire de gens issus des minorités allemandes vivant en Pologne avant la guerre dont bon nombre s’étaient déjà organisés en milices paramilitaires (Volksdeutscher Selbstschutz) rangées au côté de l’occupant dès le déclenchement de la guerre. Ils s’illustrèrent notamment entre septembre 1939 et le printemps 1940 par l’exécution de plus de 60 000 membres de l’intelligentsia polonaise, au côté des Einzatsgruppen.
En fait, le chiffre de conscrits enrôlés dans l’armée allemande, Wehrmacht , oscille entre 200 000 et 500 000 suivant les sources. Cette conscription a été rendue possible dès que les territoires de la Pologne occidentale ont été intégrés au Reich allemand et ses habitants soumis aux lois et obligations alors en vigueur. Il est à noter que la plupart des polonais enrôlés, essentiellement dans les territoires à fortes communautés allemandes, ne l’ont pas été de leur plein gré, et tous ont dû se plier au devoir militaire de la même manière que les citoyens allemands. Cet embrigadement s’effectuait en signant la Volksliste et un refus mettait la personne en grande difficulté pour sa sécurité.
La grosse majorité de ces enrôlés était des silésiens (régions actuelles de Haute-Silésie – Katowice, et Basse-Silésie – Wrocław, ancienne Breslau), les autres originaires de Poméranie, de Prusse orientale et des régions actuelles occidentales de la Pologne. Beaucoup de polonais de l’armée allemande ont par la suite rejoint l’armée du général Władysław Anders une fois qu’elle a été constituée en 1943. Certains de ces polonais enrôlés ont combattu dans l’Afrika Korps. Il y en a aussi qui se sont retrouvés embrigadés dans l’armée rouge.
Mais il faut garder à l’esprit que la structure de la société polonaise d’avant guerre était constituée seulement au 2/3 de polonais ethniques. Donc les chiffres restent difficiles à cerner pour ce qui concerne la structure et l’origine ethnique de ces soldats.
En tout état de cause, aucune unité SS constituée de polonais n’a été créée, ce qui reste une singularité qui mérite d’être soulignée quand on regarde les différentes nationalités engagées dans ce corps. En effet, en 1943, les hauts dignitaires de la SS ont refusé de créer des unités polonaises car ces soldats auraient dû être traité d’égal à égal avec les soldats allemands, et surtout l’idée que les polonais n’étaient pas prêt à se battre pour les allemands, 4 ans après le début de la guerre et les importantes défections de soldats d’origine polonaise dans la Wehrmacht.
On ne connait pas le chiffre exact de polonais ethniques qui auraient intégré la 30ème division de grenadiers Waffen SS. Il n’existe plus d’archives des enrôlements, mais une fourchette entre 100 et 300 individus est avancée par des historiens, comprenant des volksdeutsche et ethniques, mais on ignore dans quelle proportion, toujours est-il qu’elle reste extrêmement faible au regard du nombre de combattants concernés enrôlés.
Par contre, la 30ème division de grenadiers Waffen SS a été créée en août 1944 et a été envoyée en opération dans le sud-ouest de la France puis en Alsace et en Allemagne vers la fin de la guerre. De fait elle n’a jamais été impliquée dans le système concentrationnaire ou répressif envers les juifs qui était dévolu à d’autres unités SS spécialement dédiées à cette tâche dans les ghettos et dans les camps. Faut-il rappeler qu’en août 1944, à la création de la division, c’est à dire un mois après les dernières grandes déportations vers Auschwitz des juifs hongrois, environ 95% des juifs morts durant l’holocauste avaient déjà disparu.

Point sur la terminologie des camps polonais

A la question « les polonais ont-ils participé à la mise en place des camps, ou à leur administration ou à leur surveillance ? », la réponse est non.
La désignation de camps de la mort polonais (polish death camps) est-elle adaptée pour désigner les camps situés en Pologne ? La réponse est non, puisque aucun polonais n’a été impliqué dans l’administration, la surveillance des camps de concentration ou d’extermination. On doit parler de camps de concentration et d’extermination de l’Allemagne nazie installés en Pologne occupée.
J’étendrai le questionnement au delà, suite à des remarques complètement définitives que j’ai pu lire sur certains groupes dédiés à la Shoah sur Facebook:
Les polonais ont-ils mis en place les ghettos en Pologne ? La réponse est non. Les ghettos ont été établis en Pologne et dans les autres pays d’Europe de l’est par les allemands. Généralement, les ghettos étaient établis dans les quartiers à forte proportion juive, cependant, dans nombre de villes, comme à Cracovie, le ghetto fut établi dans le quartier de Podgórze situé au sud du quartier juif sur l’autre rive de la Vistule, de fait tous ses habitants durent quitter les lieux pour laisser place aux juifs qui résidaient en centre-ville et dans le quartier de Kazimierz. A Varsovie, le ghetto fut établi en partie dans les quartiers juifs mais où nombre de polonais qui y vivaient durent quitter leurs lieux d’habitation avant que le ghetto ne soit bouclé.
Les polonais ont-ils gardé les ghettos ? La réponse est oui pour certains grands ghettos comme ceux de Varsovie ou de Łódź. En effet, la police polonaise a été réquisitionnée pour procéder à la surveillance des portes de ces grands ghettos, cependant la garde effective relevait de soldats et policiers allemands assistés de policiers juifs dépendant des Judenrat (conseils juifs) eux-mêmes sous la coupe de l’occupant allemand.
Les camps de concentration en Pologne étaient gardés par des unités SS, de même que les camps d’extermination, centres de mise à mort selon la terminologie de Raoul Hilberg. Cependant, ces derniers camps étaient administrés par de petites unités allemandes et la surveillance était dévolue à des unités de supplétifs essentiellement ukrainiens recrutés chez des déserteurs de l’Armée Rouge ou des nationalistes. Ces gardiens suivaient un entrainement spécial dans le camp de Trawniki dans la région de Lublin.
Ces réponses resteront difficilement acceptables pour certains qui liront ici, mais on ne peut pas aller à l’encontre des faits historiques aujourd’hui reconnus par les historiens et les principales institutions qui œuvrent à la mémoire de l’holocauste. La création des camps et des ghettos en Pologne relève de la seule responsabilité de l’Allemagne nazie. Il est à noter que le premier convoi historique pour le camp d’Auschwitz partit de la gare de Tarnów (est de Cracovie) le 14 juin 1940 avec à son bord 728 prisonniers polonais dont 708 non juifs et 20 juifs

Un autre aspect qui devrait faire l’objet d’un article futur concerne des polonais et groupes de polonais plus ou moins organisés qui ont été directement impliqués dans la dénonciation, la chasse et le meurtre de juifs. Les chiffres concernant le nombre de juifs directement tués par des polonais divergent sensiblement et sont très difficilement quantifiables du fait de l’hétérogénéité de la population dont je parlais plus haut et de la complexité du sujet. Ce thème est devenu très polémique depuis que l’universitaire polono-américain Jan T. Gross a affirmé que les polonais avaient tué plus de juifs que d’allemands durant la guerre. Plus généralement, les chiffres estimés ces dernières années par plusieurs historiens, avancent une évaluation qui se base sur une proportion d’environ 10% de juifs qui se seraient échappés des ghettos et des trains en partance pour les camps, 160 000 environ, et le nombre de survivants à la fin de la guerre évalué entre 30 000 et 60 000 juifs pour la fourchette haute et qui auraient survécus cachés en Pologne soit par eux-mêmes, soit cachés par des polonais. Ce qui induit de fait un nombre très important de juifs morts durant cette période, soit par dénonciations, soit par meurtres perpétrés par des polonais ethniques, des allemands durant les rafles et « chasses » menées dans les campagnes et les forêts, conjointement ou pas avec des polonais ethniques ou issus d’autres minorités, chasses également menées sans les allemands. C’est par exemple le cas du dénommé Adolf Hübner, un polonais volksdeutsche de la commune de Książ Wielki au nord de Cracovie qui rechercha et tua 116 juifs qui, durant les déportations de l’été 1942, s’étaient enfuit et cachés dans les forêts avoisinantes.
Le seul camp de concentration qui n’a pas été établi et administré par les nazis est celui de Jasenovac qui a été créé par le régime des Oustachis en Croatie.

Le camp de concentration de Gross Rosen
Entrée du camp de concentration de Gross Rosen (cliquer pour agrandir) – © www.shabbat-goy.com