De Henryk Warszawski à Henry Vars, une vie en musique

Le parcours atypique du compositeur de Flipper le dauphin

Henryk Warszawski est né en 1902 à Varsovie (alors sous domination russe) dans une famille de musiciens juifs.
Sa plus jeune sœur était pianiste tandis que l’aînée était soliste à l’opéra de Varsovie et chantait également à la Scala de Milan.
Henry Vars est décédé en 1977 à Los Angeles aux Etats-Unis où il était connu sous ce pseudonyme qui succéda à celui d’avant guerre de Henryk Wars.
Henry Vars était pianiste, auteur-compositeur, arrangeur et chef d’orchestre.

Dans sa prime jeunesse, il habita en France avec sa famille, puis retourna en Pologne juste avant le déclenchement de la première guerre mondiale.
Il commença à étudier à l’académie des Beaux-Arts puis entama une formation musicale grâce au violoniste et compositeur Emil Młynarski. En 1925 il obtint son diplôme du Conservatoire National Supérieur de Musique de Varsovie où il étudia le piano et la composition.

Henry Vars - Henryk Wars
Henryk Wars en 1944 (Cliquer pour agrandir) Photo auteur inconnu

Il commença à exercer le poste de directeur musical pour les Editions Syrena, une maison de production de disques très célèbre à cette époque en Pologne. Il composa sa première chanson en 1926 et se produisit comme chef d’orchestre dans de nombreux cabarets et théâtres de Varsovie. Il démarra ensuite sa carrière de compositeur de musique de films et d’auteurs de chansons pour comédies musicales dès 1930. Devenu très célèbre durant l’entre-deux guerres, il composa un tiers des musiques des 150 films du cinéma polonais d’avant guerre, aussi bien des accompagnements de comédies, de drames, de romances ou de comédies musicales.

Au déclenchement de la guerre en 1939, il fut enrôlé dans l’Armée polonaise et participa à la défense de Varsovie. Fait prisonnier par les allemands, il s’échappa d’un train. En 1940, il créa l’orchestre Polish Parade à Lwów encore sous domination russe et se produisit en tournée en URSS. Il devint notamment l’ami du compositeur classique Khatchatourian. Il rejoignit les musiciens du Deuxième corps polonais du Général Anders. Il suivra le corps d’Armée depuis l’Iran jusqu’à la bataille de Monte Cassino en Italie en suivant les soldats au plus près du front pour lesquels il jouait.

Générique de Flipper le dauphin (Cliquer pour écouter) © Metro Goldwyn Mayer Television
Générique de Flipper le dauphin (Cliquer pour écouter) © Metro Goldwyn Mayer

Deux ans après la capitulation il émigre aux Etats-Unis et prend le nom de Henry Vars. Il s’installe avec sa femme à Los Angeles en 1950.
Les débuts du rêve américain sont difficiles malgré une lettre de recommandation signée par Arthur Rubinstein. Il entame bientôt une carrière de compositeur de musique pour le cinéma et la télévision. Il travaillera pour les plus grandes maisons de production américaines comme Paramount, Universal, Columbia, Metro Goldwin Mayer, United Artists, Twentieth-Century Fox.
Certaines de ces chansons seront interprétées entre autres par Doris Day et Bing Crosby. Il deviendra également l’ami de John Wayne.
Durant les années 1960 il composera le thème de la série à succès Flipper le dauphin (cliquer pour voir le générique) et sera également le co-auteur avec Shelly Manne du thème de l’autre série tout aussi célèbre Daktari (cliquer pour voir le générique).

Après sa disparition, certaines de ses compositions apparaîtront dans le film de Steven Spielberg (La liste de Schindler) comme Miłość ci wszystko wybaczy – L’amour te pardonnera tout (Cliquer pour écouter la chanson), composé par Henryk Wars sur des paroles du poète polonais Julian Tuwin, et le film de Roman Polański (Le pianiste) comme la chanson Umówiłem się z nią na dziewiątą – J’ai rendez-vous avec elle à neuf heures (Cliquer pour écouter la chanson).

Il a été inhumé sous le nom de Henryk Vars au cimetière Hillside Memorial Park à Los Angeles.

Henryk Wars (Henryk Warszawski) et son orchestre du 2ème corps d'Armée du général Anders - Photo Newsweek-Historia
Henryk Wars (Henryk Warszawski) et son orchestre du 2ème corps d’Armée du général Anders – Photo Newsweek-Historia