Présentation du camp d’extermination de Sobibór

Sobibór (Nom polonais: Stary Kolonia Sobibór)  
Lubelskie – (Voïvodie de Lublin) 
Adresse: Stary Kolonia Sobibór 
(DMS) Latitude:  51°26’49.23″N – Longitude: 23°35’41.63″E
(DD)  Latitude: 5.447008333 – Longitude: 23.59489722
Histoire:
Le camp d’extermination de Sobibór a été établi en mars 1942 au sud-est du village de Sobibór dans un lieu-dit appelé Stary kolonia Sobibór, le long de la voie ferrée qui relie Chełm au sud à Włodawa un peu plus au nord.

Ce camp faisait partie du système mis en place dans le cadre de l’Aktion Reinhardt visant à régler le problème juif en Europe à travers la solution finale.
La vocation du camp était uniquement la liquidation des juifs par gazage et incinération. De fait, comme les autres camps d’extermination ou centres de mise à mort selon la terminologie de Raoul Hilberg, ce n’était pas un grand camp puisque son utilisation n’était pas l’hébergement de prisonniers.
Le camp était divisé en 4 parties, une section administrative pour le personnel SS, une section atelier pour les juifs employés à certaines fonctions, la section d’extermination proprement dite et la partie réception des déportés le long de la voie ferrée.
Le camp était ceint par un champ de mines.
En avril 1942, l’Obersturmführer Franz Stangl1 fut nommé commandant du camp. Sous la direction du Obergruppenführer SS Odilo Globocnik, il fut chargé de la construction du camp. 80 juifs furent employés à la tâche, ils furent exécutés une fois la construction du camp terminée.
Une voie était aménagée pour débarquer les déportés qui devaient se déshabiller, se séparer de toutes leurs affaires et objets de valeur. Les femmes étaient rasées. Nus, ils étaient ensuite dirigés le long d’un passage long de 500 mètres et camouflé vers les chambres à gaz au nombre de 3 qui pouvaient recevoir entre 160 et 180 personnes chacune. L’asphyxie était provoquée par du monoxyde de carbone produit par des moteurs diesel. Les corps étaient ensuite incinérés dans des fosses communes.
Les premiers juifs à être gazés furent 250 juifs en provenance du camp de travail de Krychów. Une fois le processus de gazage validé, l’extermination débuta dès le mois de mai 1942.
Les convois étaient constitués par des trains tractant une soixantaine de wagons, ils étaient ensuite redirigés par convois de 18-20 wagons vers la rampe de débarquement du camp. Entre 90 000 et 100 000 juifs en provenance de Lublin, de Tchécoslovaquie, d’Allemagne et d’Autriche furent exterminés à Sobibór entre mai et juillet 1942.
La capacité insuffisante de traitement était telle que l’on construisit un nouveau bâtiment qui abritât 6 nouvelles chambres à gaz. Entre octobre 1942 et juin 1943, 150 000 déportés en provenance du Gouvernement Général et 25 000 en provenance de Tchécoslovaquie furent exterminés.
En mars 1943, 4 convois en provenance de France arrivèrent à Sobibór, sur les 4000 déportés, aucun ne survécu. Sur 34 313 juifs en provenance des Pays-Bas, seuls 20 survécurent. Les derniers convois arrivèrent en provenance des ghettos biélorusses de Lida et de Minsk et de Lituanie avec les juifs du ghetto de Vilnius.
En juillet 1943, une résistance s’organisât à l’intérieur du camp. C’est le 14 octobre 1943 que la révolte éclata. Le commandant en second du camp, Johann Niemann, fut tué par Yehuda Lerner2 dans l’atelier de couture du camp. Au total, 20 allemands et gardes ukrainiens furent tués. Environ 300 juifs réussirent à s’échapper mais beaucoup furent ensuite rattrapés et tués lors de la chasse qui fut engagée à leur poursuite.
Dès novembre 1943, la section du camp dédiée à l’extermination fut démantelée par les allemands.
La région fut libérée durant l’été 1944 par l’Armée rouge et les forces polonaises.
Après la guerre et le rapatriement des populations d’origine ukrainienne vers l’Ukraine, dans l’attente des trains, les populations qui attendaient leur transport parfois plusieurs jours de suite utilisèrent le bois des baraques restantes comme combustible pour les feux de camp. Ainsi disparurent les baraques du camp de Sobibór.
La grande tour d’observation qui s’élevait au milieu du camp fut conservée comme point de surveillance contre les feux de forêts. La rampe de débarquement fut utilisée jusque dans les années 1960.

Il est difficile d’établir un recensement relativement précis du nombre de victimes. Entre 150 000 et 250 000 juifs furent exterminés au camp de Sobibór.
Il y avait relativement peu de soldats allemands au camp, entre 20 et 30, secondés par des supplétifs ukrainiens.
Le principal procès de Sobibór se tint à Hagen en Allemagne en 1965 et 1966. Sur les 12 prévenus, 5 furent condamnés à des peines d’emprisonnement, 6 furent acquittés et le dernier se suicida en prison. 7 gardiens ukrainiens furent jugés en URSS.

Surnommé Ivan le terrible, l’ancien garde ukrainien John Demjanjuk fut condamné à mort en 1988 par un tribunal de Jérusalem. La condamnation fut cassée par manque de preuves malgré l’identification formelle du gardien par 18 témoins, et Demjanjuk put retourner aux États-Unis après 7 ans d’incarcération. En 2011, John Demjanjuk (91 ans) a été condamné à 5 ans de prison pour son implication dans le meurtre de 27 900 juifs au camp de Sobibór en tant que gardien du camp. Il a été remis en liberté en raison de son âge avancé.

(1) Franz Stangl est un autrichien né en 1908 à Altmünster. Il intègre le parti nazi en 1936 puis la Gestapo autrichienne en 1938. Dès 1940, il est affecté au programme Aktion T4 et par la suite affecté en Autriche jusqu’en 1942. Il rejoint l’est à cette période et prend la charge du camp d’extermination de Sobibór. Il prend ensuite le commandement du camp d’extermination de Treblinka jusqu’à la révolte des prisonniers d’août 1943. Il rejoint ensuite une unité SS qui intervient en Italie à Trieste et en Yougoslavie. Capturé en 1945 il s’évade en 1947 pour rejoindre l’Italie puis la Syrie. De 1951 à 1957, il vivra avec sa famille au Brésil. Extradé vers l’Allemagne en 1967, il est jugé en 1970 et condamné à la prison à perpétuité. Il meurt en 1971 à la prison de Düsseldorf.

(2) Pour les besoins de son film documentaire Shoah, Claude Lanzmann avait interviewé en 1979 l’un des survivants de la révolte de Sobibór, Yehuda Lerner, celui-là même qui avait tué le commandant en second d’un coup de hache sur la tête. Il retourna sur les lieux et effectua le montage de son documentaire à partir des interviews menées avec Yehuda Lerner. « Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures » sur la révolte de Sobibór, film qui sorti en 2001.

Année de la visite: 2006
Remarques:
Le site du camp de Sobibór est situé à quelques kilomètres de la frontière ukrainienne. Il faut quitter la route principale et se diriger vers l’ouest en direction de Stary Kolonia Sobibór en empruntant une piste en terre qui traverse la forêt.
Il ne reste plus rien du camp qui avait déjà disparu après la fin de la guerre. La bifurcation de la voie ferrée est toujours présente devant la rampe de débarquement. Un musée a été édifié et présente toute l’histoire du camp. Un monument a été élevé non loin avec des plaques commémoratives écrites en plusieurs langues. Un parcours fléché et commenté assiste les visiteurs. L’ancienne tour d’observation caractéristique sur les photos d’époque n’existe plus, seul subsiste son socle en béton. Le chemin de terre que les allemands surnommaient Himmelstrasse est balisé par des pierres sur lesquelles ont été apposées des plaques à la mémoire de déportés originaires de plusieurs pays européens. Plusieurs mémoriaux symbolisent le martyr des déportés. Vers le fond du camp où les corps étaient incinérés dans des fosses communes, un immense réceptacle de forme circulaire rassemble la terre mélangées avec les cendres des disparus.
Éloigné de toutes agglomérations, perdu au fin fond d’une forêt de l’est, on prend conscience en visitant le camp de l’isolement et de l’anonymat de l’extermination qui a sévit ici.

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