KL Warschau ou l’histoire d’un camp méconnu

Konzentrationslager Warschau, un camp dans la capitale

Du camp de concentration de Varsovie, il ne reste plus de trace aujourd’hui.
Sa présence n’était connue jusqu’ici que d’initiés qui s’intéressaient de près à l’histoire du ghetto de Varsovie, mais son existence a aujourd’hui été l’objet de nombreux articles de presse et ouvrages.
Ce camp entra en fonction dès la fin de l’insurrection du ghetto en mai 1943 jusqu’à l’insurrection de Varsovie d’août 1944. Quand on observe des photos aériennes prises à la fin de la guerre, il est parfaitement visible, sur le terrain de l’ancien ghetto.
L’établissement d’un camp de concentration à Varsovie fut décidé par Heinrich Himmler. Il fut officiellement ouvert le 19 juillet 1943 et démarra effectivement son activité le 15 août 1943 avec l’arrivée de 300 prisonniers en provenance de Buchenwald.

NOTA :
De nombreuses spéculations ont été émises depuis des années concernant un système concentrationnaire mis en place à Varsovie sur plusieurs sites et des enquêtes approfondies ont été menées.
Au delà du camp de concentration de Varsovie, qui a été effectivement établi le long de la rue Gęsia, sur les ruines du ghetto, d’autres sites dont l’existence officielle n’a jamais été reconnue ou prouvée font l’objet de nombreuses supputations, revendications et polémiques, ils concernent quelques sites situés autour du centre ville de Varsovie, notamment :
– un camp situé dans les environs de la gare de l’ouest (Zachodnia) dont l’existence reste plus que controversée du fait que ses détracteurs affirment qu’une chambre gaz avait été installée sous le tunnel de la voie ferrée,
– un camp établi dans le secteur de fort Bema à l’ouest, dans la forêt de Kole.
A la demande de l’IPN (Instytut Pamięci Narodowej ), l’institut National de la Mémoire, une enquête a été diligentée et menée durant plus de 6 années par un spécialiste de la photo aérienne, Zygmunt Walkowski, qui a mené une étude très précise et approfondie ainsi que sur le terrain à partir de photos déclassifiées de l’armée polonaise, de photos aériennes prises par les allemands, par les russes, également à partir d’une collection de photos aériennes allemandes qui se trouvait dans les archives de College Park aux Etats Unis où il s’est rendu.
Ses longues recherches ont démontré que ces sites n’avaient pas eu d’existence, ce qui n’a pas empêché les polémiques et autres affirmations qui perdurent jusqu’à aujourd’hui, au point même que des mémoriaux non officiels ont été dressés.
Cet article n’aborde pas ces aspects controversés et se limite à l’histoire du camp de la rue Gęsia, aujourd’hui rue Anielewicz.

Selon des recherches de L’IPN, le nombre de victimes serait supérieur à 10 000. D’autres estimations évaluent ce nombre entre 20 000 et 35 000 victimes. La proportion de victimes serait à peu près la même entre les polonais non juifs et les juifs, ces derniers ayant été transférés vers ce camp ainsi que des juifs qui étaient encore cachés dans les ruines du ghetto.
L’immense majorité des exécutions fut réalisée par armes à feu dans l’enceinte du camp. De nombreux prisonniers et otages furent également fusillés ou pendus publiquement dans les rues de Varsovie.
Nombre de prisonniers moururent d’épuisement et du typhus. Les morts étaient soit incinérés soit enterrés sous les ruines du ghetto.
Le travail des prisonniers consistait au déblaiement et au nivellement des ruines du ghetto, à la récupération et au tri des briques et des matériaux ferreux et à la récupération de tous autres objets trouvés dans les ruines.
La destruction complète du ghetto entrait pleinement dans le projet de destruction de la capitale polonaise établi avant la guerre.

Le plan Pabst

L’implantation du camp fut prise en compte dans le dispositif du plan Pabst (Freidrich Pabst architecte en chef pour Varsovie) qui avait été établi dès 1940 par Hubert Groß et Otto Nurnberger avec l’établissement d’un premier plan de la nouvelle ville de Varsovie puis le plan de Freidrich Pabst lui-même et qui prévoyait la destruction complète de la capitale polonaise et la reconstruction d’une ville typique allemande d’environ 130 000 habitants, la nouvelle ville de Varsovie – Neue deutsche Stadt Warschau, arrangée autour d’une dizaine de quartiers.

Le plan Pabst de reconstruction de la ville de Varsovie © Hubert Gross, Otto Nurnberger
Le plan Pabst de reconstruction de la ville de Varsovie, d’après un projet établi en 1939 (cliquer pour agrandir)
© Hubert Gross, Otto Nurnberger
Ce projet de construction d’une nouvelle ville remontait en fait à juin 1939. Dans ce plan la population juive devait être éradiquée de la ville et 80 000 polonais devaient être établis dans un camp de travail situé sur la rive droite de la Vistule, dans le quartier de Praga. L’objectif était d’effacer la mémoire historique, culturelle, économique et politique de la capitale, de même que d’éliminer l’élite polonaise.
La destruction de Varsovie était donc prévue avant la guerre lorsque Adolf Hitler visita en juin 1939 un cabinet d’architectes à Würzburg am Main et où il découvrit un plan de la nouvelle Varsovie de Hubert Groß. La documentation de ce projet fut bouclée en février 1940 et remise au gouverneur général de Pologne Hans Frank.
De fait, lors des bombardements de septembre 1939, la ville fut détruite à 10% et 40% des immeubles furent déjà endommagés.

Le camp de Gęsiówka

Le camp s’étendait tout le long de la rue Gęsia depuis la rue Okopowa à l’ouest au niveau du grand cimetière juif jusqu’à la rue Zamenhof à l’est (voir la photo ci-dessous) où une ancienne caserne, la caserne Wołyński, devint le siège du Judenrat durant la période du ghetto.

Varsovie nord, le ghetto et le camp de Gęsiówka
Varsovie nord, le ghetto et le camp de Gęsiówka (Cliquer pour agrandir)

Les ruines de l'ancienne caserne Wołyński, puis prison militaire et Judenrat. De dos le vice-président Richard Nixon lors de sa visite à Varsovie en 1959 et son passage devant le monument des héros du ghetto
Les ruines de l’ancienne caserne Wołyński, puis prison militaire et Judenrat. De dos le vice-président Richard Nixon lors de sa visite à Varsovie en 1959 et son passage devant le monument des héros du ghetto. Le musée POLIN s’élève aujourd’hui en lieu et place de l’ancienne caserne. (Cliquer pour agrandir) Photo Life
Ce bâtiment édifié à l’origine entre 1784 et 1792 abritait le régiment d’artillerie du corps des ingénieurs de la Couronne, puis dès 1815, sous l’occupation russe, un régiment d’infanterie et une école d’artillerie. Dans la seconde moitié du XIXème siècle, le bâtiment fut transformé en prison militaire jusqu’en 1939. Durant l’occupation, il abrita le Judenrat dès 1942, après la liquidation du petit ghetto où se trouvait le siège de la communauté juive de Varsovie (26-28 rue Grzybowska) où avait été établi le Judenrat par l’occupant allemand. Durant cette période d’août 1942 jusqu’en 1943, le bâtiment et ses terrains attenants furent utilisés comme centre de détention juif du ghetto, supervisé par le Judenrat et mis en place par les allemands le 15 novembre 1940. Des tziganes furent également internés là.
Ce bâtiment jouxtait déjà un camp de rééducation par le travail. Dès 1943, on commença à parler du camp de concentration de Varsovie. Les cours intérieures de la caserne furent utilisées comme lieux d’exécution. Resté à l’état de ruines après la guerre, le bâtiment fut démoli en 1965.
C’est à l’emplacement de cette ancienne caserne que s’élève aujourd’hui le Musée de l’Histoire des Juifs Polonais POLIN. Il est donc aisé de se faire une idée de la taille du camp, du Musée jusqu’au cimetière juif, soit une longueur d’un peu moins d’un kilomètre.
Le camp de concentration de Gęsiówka à Varsovie
Le camp de la rue Gęsia dit « Gęsiówka », principal site du centre concentrationnaire mis en place à Varsovie par les nazis. La section de droite qui existait initialement était utilisée auparavant comme prison du ghetto. Les sections centrale et de gauche furent construites lors de l’établissement du camp.(cliquer pour agrandir)
L’installation du camp fut décidée le 9 octobre 1942 par Heinrich Himmler et sa création fut déjà étudiée auparavant afin d’y regrouper tous les artisans juifs et les juifs travaillant pour les usines d’armement avant le transfert de ces activités vers la région de Lublin. Le but final était de regrouper vers l’est toute la main d’oeuvre travaillant pour l’effort de guerre allemand, mais le Reichsführer dut faire face à de nombreuses objections et contraintes de la part des différentes administrations du Reich. L’idée de l’installation d’un camp sur le territoire du ghetto fut reprise en février 1943, où serait rassemblées les différentes usines et fabriques qui employaient les juifs du ghetto. Les infrastructures devant être déplacées par la suite vers l’est. Cependant le projet ne fut pas réalisé avant le déclenchement de l’insurrection du ghetto en avril-mai 1943. C’est le général SS Jurgen Stroop qui avait maté l’insurrection qui proposa à Himmler d’installer un camp de concentration sur les sites de l’ancienne prison militaire de la rue Gęsia et de la prison de Pawiak située à proximité; cette dernière conserva finalement son statut de prison.
Le premier contingent de prisonniers arriva du camp de Buchenwald le 19 juillet 1943 et était constitué de 300 prisonniers allemands de droit commun dont le rôle était ensuite d’être utilisé comme kapo. Les premiers prisonniers juifs arrivèrent le 31 août 1943 depuis le camp d’Auschwitz-Birkenau, suivi par 3 autres convois jusqu’en novembre 1943, soit 3700 prisonniers juifs dont une majorité de juifs grecs afin de limiter les possibilités d’évasions et de contact avec la population de Varsovie, ainsi que des juifs originaires de France, d’Allemagne, d’Autriche, de Belgique, des Pays-Bas. De fait le camp ne devint pas un nouveau lieu de destination mais était alimenté par des prisonniers en provenance d’autres camps. Un groupe de plus de 3000 juifs hongrois rejoignit le camp en mai 1944.
Photo prise à l'intérieur du camp
Photo prise à l’intérieur du camp (Cliquer pour agrandir)
Le camp fonctionna de juillet 1943 à août 1944. Durant ses dix premiers mois d’existence, il fonctionna de manière autonome sous la direction du département économique et administratif de la SS. Le camp s’appelait alors Waffen-SS Konzentrationslager Warschau. En avril 1943, le camp fut rattaché au système concentrationnaire du camp de Majdanek et fut renommé Waffen-SS Konzentrationslager Lublin – Arbeitslager Warschau, son administration fut complètement remaniée. Les polonais le nommèrent Gęsiówka, un diminutif extrapolé du nom de la rue Gęsia (rue de l’oie).
La photo ci-dessous prise à la fin de la guerre offre une perspective de la partie centrale du camp. Le bâtiment visible à droite était situé au numéro 24 de la rue Gęsia. En jaune l’ancienne entrée de la prison juive qui était sous la responsabilité du Judenrat durant la période du ghetto. La cour de la prison est visible sur la vidéo en lien ici à la minute 15:22, lorsque la prison était utilisée par le Judenrat dans le ghetto. A la minute 16:08, la plaque apposée à l’entrée de la prison. A la minute 16:20, l’entrée de la prison que l’on retrouve sur le bâtiment en ruines sur la photo ci-dessous. De 16:30 à 16:40, une vue de la cour de la prison et le bâtiment du 24 de la rue Gęsia avec l’entrée.
La partie droite du camp visible ici existait avant et pendant la période du ghetto. La partie gauche du camp fut construite après la fin de l’insurrection du ghetto à l’été 1943.
Au premier plan la rue Pawia. En arrière plan au centre droit, Umschlagplatz avec les entrepôts qui sont visibles.
Une partie du camp (partie centrale) de Gęsiówka avec le bâtiment Gęsia 24.
Une partie du camp (partie centrale) de Gęsiówka avec le bâtiment Gęsia 24. (Cliquer pour agrandir)

Le camp était administré de manière différente que les autres camps établis en Pologne. Les gardes étaient composés surtout de Volksdeutsche âgés, d’invalides de guerre qui avaient suivi une formation rapide soit au camp de Sachsenhausen en Allemagne ou au camp de Trawniki dans la région de Lublin. Tous les gardes ne maîtrisaient pas la langue allemande.
Le camp était organisé en 2 secteurs; le camp II (Lager II) édifié à l’origine avec des baraques en briques et situé du côté ouest vers le cimetière juif de la rue Okopowa, et le camp I (Lager I) qui comprenait des baraques édifiées en bois et situé entre le camp II et la caserne Wołyński. Le camp était entouré d’un mur et encadré d’une douzaine de miradors. L’entrée principale se trouvait au 24 de la rue Gęsia.
Le camp comportait 21 baraques pouvant accueillir chacune 600 prisonniers. Initialement une partie des baraquements étaient en bois, puis ils furent construits en maçonnerie.
Un crematorium fut édifié dans la partie du site de l’ancienne caserne militaire afin de procéder à l’incinération des prisonniers morts ou exécutés dans les ruines du ghetto. Ce crématoire se trouvait à l’emplacement de l’actuel immeuble situé au 17a de la rue Karmelicka, c’est à dire à un peu plus de 100 mètres à l’ouest de l’actuel musée Juif Polin. Zygmunt Walkowski, qui a étudié minutieusement la topologie du camp, avait déterminé que la hauteur de la cheminée était de 15 mètres.
Nombre d’informations sur le camp ont pu être transmises par des survivants, des polonais intervenus sur le site lors de l’insurrection de 1944 et les photos aériennes. Il semble qu’un local aurait été utilisé comme chambre à gaz pour l’exécution de juifs et de polonais à une petite échelle, sans commune mesure avec les camps d’extermination, mais un défaut de preuves ne permet pas d’attester véritablement son existence.
Trois commandants se sont succédé pour diriger le camp :
– le SS-Obersturmbannführer Wilhelm Goecke jusqu’en octobre 1943,
– le SS-Hauptsturmführer Nikolaus Herbet de octobre 1943 à fin avril 1944,
– le SS-Obersturmführer Friedrich Wilhelm Ruppert de mai à fin juin 1944.

Les conditions de vie étaient extrêmes, le travail épuisant. Nombre de prisonniers juifs moururent d’épuisement, de faim ou de maladie, beaucoup furent exécutés sur le terrain de l’ancien ghetto.
De très nombreux prisonniers furent exécutés dans l’enceinte du camp, notamment des prisonniers polonais en provenance de la prison de Pawiak et des locaux de la Gestapo de la rue Szucha, ainsi que de nombreux civils polonais raflés dans les rues de la capitale. Les exécutions de dizaines de polonais sur les ruines du ghetto étaient quasi quotidienne durant l’existence du camp.
Une partie des prisonniers du camp était employée au déblaiement et au nivellement des ruines du ghetto. Durant cet énorme travail, 34 millions de briques furent récupérées, 6000 tonnes de fer et 800 tonnes de métaux non ferreux. C’est pas moins de 130 000 mètres cube de gravas qui furent déplacés. D’autres groupes de prisonniers avaient pour mission de brûler les corps retrouvés parmi les ruines du ghetto. Pour ce faire, un bûcher fut établi dans l’arrière cour de l’immeuble du 45 de la rue Gęsia. Des prisonniers furent également utilisés pour découvrir les caches où s’étaient réfugiés des juifs qui avaient survécu à l’écrasement de l’insurrection du ghetto. Ces derniers furent exécutés. Un commando spécial fut également envoyé pour rassembler les objets de valeur qui pouvaient être extraits des ruines du ghetto. Des ouvrier allemands et polonais furent aussi employés pour la maintenance des machines et d’autres tâches techniques spécialisées.

La liquidation du camp

Au printemps 1944, de nombreuses exécutions eurent lieu sur le site de l’ancien Judenrat (caserne) dont notamment de nombreux prisonniers extraits de la prison de Pawiak et dont les corps furent brûlés sur place.
La liquidation du camp fut ordonnée le 20 juillet 1944 par le SS-Obergruppenführer Wilhelm Koppe et les opérations débutèrent le 27 juillet. Une partie des prisonniers déclarés inaptes au transfert par marche forcée, soit 400, furent exécutés et 4000 autres furent dirigés à pied vers Łowicz (ouest de Varsovie) puis de là expédiés en train début août vers des camps en Allemagne. Les installations et les archives du camp furent systématiquement détruites.

L’attaque du camp de Gęsiówka

Des prisonniers juifs libérés et 2 soldats du bataillon Zośka
Des prisonniers juifs libérés et 2 soldats du bataillon Zośka (Cliquer pour agrandir) Photo Domaine public
Quelques jours après le déclenchement de l’insurrection de Varsovie, le 5 août 1944, le bataillon Zośka de l’Armia Krajowa (AK) attaqua le camp de la rue Gęsia qui était défendu par 90 soldats SS avec un char Panther allemand qui avait été capturé et libéra 348 juifs dont 24 femmes qui rejoignirent pour la plupart le mouvement d’insurrection polonais. Une autre attaque planifiée le 21 août sur la prison de Pawiak échoua. Les allemands exécutèrent pratiquement tous les prisonniers et dynamitèrent la prison. 80% des membres du bataillon Zośka perdirent la vie durant l’insurrection de Varsovie.
Des prisonniers libérés avec 3 soldats du bataillon Zośka
Des prisonniers libérés avec 3 soldats du bataillon Zośka (Cliquer pour agrandir)

Parmi les prisonniers libérés se trouvait Henryk Poznański qui avait combattu au sein de l’Organisation Juive de Combat durant l’insurrection du ghetto de 1943. Il se retrouva interné avec sa femme au camp de Gęsiówka. Libéré le 5 août, il rejoignit le 10 août le bataillon Parasol de l’Armia Krajowa. Il mit à profit sa connaissance des égouts pour faire passer des armes et de la nourriture comme il l’avait fait un an auparavant pendant l’insurrection du ghetto. Il participa à l’insurrection comme agent de liaison entre l’état major du général Bór-Komorowski et des insurgés dans la vieille ville. Il mourut le 17 septembre 1944 dans le quartier de Czerniaków.

Il est très difficile d’établir une estimation du nombre total de prisonniers qui sont arrivé à Gęsiówka. Le camp pouvait accueillir environ 7500 prisonniers. Des estimations donnent une évaluation du nombre de victimes à environ 20 000, dont 10 000 polonais.

Le camp sous contrôle communiste

Exhumation de restes humains en 1946
Exhumation de restes humains en 1946 (Cliquer pour agrandir) Photo Domaine public
De janvier à mai 1945 après l’arrivée de l’Armée Rouge, le camp passa sous administration du NKVD. Il devint le plus grand camp de concentration de prisonniers allemands aux conditions terribles où se déroulèrent de très nombreuses exécutions. Les prisonniers allemands furent utilisés pour des travaux de déblaiement et de reconstruction de la ville. Durant l’année 1946, une commission enquêta sur les crimes commis dans le camp durant la guerre et exhuma 2 tonnes de cendres et restes humains sur une partie du camp, qui furent enterrés dans le cimetière Wolski.
Cette période de camp de prisonniers de guerre perdura jusqu’en 1949, période à laquelle la plupart des prisonniers furent libérés. 53 SS et certains prisonniers furent condamnés par la justice polonaise et 5 d’entre-eux furent condamnés à mort. D’autres furent condamnés en Allemagne dans le cadre d’autres procès ultérieurs.
Vue du camp à droite, en 1963
Vue du camp à droite, en 1963 (Cliquer pour agrandir) Photo Frank Scherb
Par la suite, le camp devint une prison polonaise et fut utilisé en particulier pour l’internement des opposants politiques au communisme et pour de nombreux anciens combattants de l’Armia Krajowa. Les prisonniers furent notamment utilisés pour la construction d’éléments du nouveau Palais de la Culture.
Le camp fut liquidé en 1956 et le dernier bâtiment fut démoli dans les années 60, de fait, il ne reste plus de traces des crimes commis par les nazis et les communistes dans le camp de Gęsiówka.
En 2017, L’institut de la Mémoire Nationale IPN a estimé que des anciens SS ayant opéré dans le camp étaient encore en vie.

Plaque commémorative de l'attaque du camp de Gęsiówka par le bataillon Zośka de l'Armia Krajowa
Plaque commémorative de l’attaque du camp de Gęsiówka par le bataillon Zośka de l’Armia Krajowa (Cliquer pour agrandir)
Aujourd’hui, au niveau du 34 de la rue Mordechai Anielewicz (anciennement rue Gęsia) a été érigée le 5 août 1994 une plaque rédigée en 3 langues à la mémoire de l’attaque du camp Gęsiówka par le bataillon Zośka et la libération des 348 juifs sur un total de 383 prisonniers.
"Le 5 août 1944, le bataillon de scouts Zośka de l'unité Radosław de l'Armia Krajowa attaqua le camp de concentration allemand de Gęsiówka et libéra 348 prisonniers juifs citoyens de nombreux pays européens. Nombre d'entre-eux combattirent et tombèrent durant l'insurrection de Varsovie"
Plaque commémorative de l’attaque du camp de Gęsiówka par le bataillon Zośka de l’Armia Krajowa. « Le 5 août 1944, le bataillon de scouts Zośka de l’unité Radosław de l’Armia Krajowa attaqua le camp de concentration allemand de Gęsiówka et libéra 348 prisonniers juifs citoyens de nombreux pays européens. Nombre d’entre-eux combattirent et tombèrent durant l’insurrection de Varsovie » (Cliquer pour agrandir)