Traces de l’ancien mikveh de Pruszków

Ultime témoignage de la présence des juifs en ville

Pruszków est une ville située à environ 8 km à l’ouest de Varsovie.
Des vestiges du sol de l’ancien mikveh sont visibles dans le périmètre qui s’étend derrière les maisons situées au 38 et 40 rue Bolesław Prus, et où se trouvaient également la synagogue et les bureaux de la communauté juive de Pruszków.

Le site de l'ancien mikveh de Pruszków
Le site de l’ancien mikveh de Pruszków (Cliquer pour agrandir)

Une petite communauté juive était installée à Pruszków (environ 6% des habitants durant l’entre-deux guerres), depuis le milieu du XIXème siècle. Une communauté essentiellement orthodoxe rassemblée autour d’une synagogue en bois.
Un ghetto fut établi en novembre 1940 regroupant des juifs de Pruszków et de bourgades avoisinantes. 800 d’entre-eux furent exécutés durant cette période et 1200 dirigés vers le ghetto de Varsovie.
Le cimetière juif existe toujours, il n’a pas été dévasté durant la guerre, il est aujourd’hui protégé et abrite une centaine de tombes

La crypte des victimes militaires du massacre de Katyń

Des officiers juifs parmi les victimes

La crypte dédiée à la mémoire des victimes du massacre de Katyń avec les noms des officiers et sous-officiers polonais assassinés, dont des militaires juifs, est située dans l’église de la très Sainte Vierge Marie Reine de Pologne, rue Długa à Varsovie.

Crypte dédiée aux victimes militaires du massacre de Katyń
Crypte dédiée aux victimes militaires du massacre de Katyń (Cliquer pour agrandir)

Ce n’est qu’en 1990 que les autorités russes (URSS), à l’instigation de Mikhaïl Gorbatchev, reconnurent leur responsabilité dans le massacre de Katyń perpétré par le NKVD (police politique) durant le printemps 1940 en territoire russe, massacre qui fut longtemps attribué aux allemands qui découvrirent les charniers après l’opération Barbarossa (invasion de L’URSS) dès 1942 et celui de Katyń en 1943.

22 000 officiers et sous-officiers ainsi que de nombreux policiers et autres fonctionnaires furent exécutés par le NKVD et leurs corps ensevelis dans des fosses communes réparties sur plusieurs sites dont le plus emblématique reste celui de Katyń situé près de Smolensk. Les adresses des familles qui avaient reçu des lettres de leurs proches avant leur exécution furent utilisées pour les localiser et les déporter vers le Kazakhstan, plus de 60 000 personnes furent concernées.
La répression russe envers les populations polonaises, les cadres et fonctionnaires, les ecclésiastiques lors de l’occupation de la Pologne orientale entre 1939 et la mi-1941 fut particulièrement sévère et sanglante. Il est aujourd’hui difficile de quantifier le nombre de victimes et de personnes concernées, mais selon des études récentes, ce serait pas moins de 340 000 personnes qui auraient été déportées et plus de 500 000 victimes évaluées dont une partie mortes en camp ou fusillées.
Nombre de familles habitant alors la Pologne orientale furent touchées par ces exactions et ces déportations, de là s’instillât un fort ressentiment chez nombre de polonais envers les populations juives dont certaines avaient vu d’un bon œil l’arrivée de l’occupant russe en 1939. Cette animosité pris une tournure dramatique de la part de polonais contre leurs voisins juifs lors des pogroms qui intervinrent entre juillet et août 1941 en région de Podlachie (Jedwabne, Radziłów, Szczuczin, Stawiski…) Il est à noter que de nombreux juifs furent aussi déportés vers l’est durant l’occupation russe.

Vue aérienne du cimetière juif de Bródno

Un grand cimetière méconnu

Vue aérienne du cimetière juif de Bródno en 1936
Vue aérienne du cimetière juif de Bródno en 1936 (Cliquer pour agrandir)

Le cimetière juif de Bródno est situé sur la rive droite de la Vistule, au nord du quartier de Praga
Le cimetière a établi en 1780 à l’instigation de Szmuel Jakubowicz Sonnerberg (dit Szmuel Zbytkower, l’arrière grand-père du philosophe Henri Bergson), banquier auprès du Roi Stanisław August Poniatowski.

Shabbat Goy en visite - Photo K. Bielawski
Shabbat Goy en visite – Photo K. Bielawski (Cliquer pour agrandir)

Le cimetière fut en partie dévasté durant la guerre, mais fut surtout démantelé dans les années 1950 lorsque le pouvoir communiste en place souhaitait le transformer en parc.
Toutes les stèles et pierres tombales encore debout furent retirées et stockées dans sa section nord-est où elles sont aujourd’hui visibles, empilées les unes contre les autres. Une restauration sera entamée au milieu des années 1980 par la fondation Nissenbaum, le mur d’enceinte et la porte principale furent édifiés.
Actuellement, une restauration est en cours de finition et le cimetière sera ensuite ouvert au public.
Le cimetière juif de Bródno est antérieur de plusieurs dizaines d’années au grand cimetière juif de la rue Okopowa, actuellement ouvert et visité.

Localisation d’une photo du rapport Stroop, rue Gęsia

Un groupe de juifs encadrés par des SS dans le ghetto

Insurrection du ghetto, avril-mai 1943.
Photo extraite du rapport Stroop, prise à l’angle des rues Smocza et Gęsia (aujourd’hui rue Anielewicz). En arrière plan à gauche l’immeuble Smocza 32/Gęsia 57a.

Juifs à l'angle des rues Gęsia et Smocza dans le ghetto de Varsovie
Juifs à l’angle des rues Gęsia et Smocza dans le ghetto de Varsovie (Cliquer pour agrandir)

Un site de production d’armes secrètes qui n’a jamais vu le jour

Site de Wüstewaltersdorf

Egalement appelé site de Rzeczka, il est situé sur la commune de Walim en région de Basse-Silésie (sud-est de Wałbrzych).
Ce site fait partie d’un ensemble de 7 complexes militaires souterrains qui furent creusés entre 1943 et 1945 dans le massif des chouettes (Góry Sowie) dans le cadre du projet Reise, et dont le but était le transfert depuis l’Allemagne des sites de production des armes stratégiques (comme les fusées V1 et V2) qui étaient soumis aux bombardements alliés.

Wüstewaltersdorf (Rzeczka) initialement conçu pour la production d'armes secrètes du Reich
Le site de Wüstewaltersdorf (Rzeczka) initialement conçu pour la production d’armes secrètes du Reich (Cliquer pour agrandir)

Jusqu’en avril 1944, les sites furent creusés par des ouvriers ainsi que des travailleurs forcés et des prisonniers de guerre. En avril 1944, le projet passa sous le contrôle de l’Organisation Todt qui installa son siège au château de Fürstenstein (Książ) et une antenne au château de Bad Charlottenbrunn (Jedlina-Zdrój). La main d’oeuvre fut alors puisée dans les camps de concentration d’Auschwitz et de Gross Rosen et répartie dans 13 sous-camps regroupés sous le nom d’Arbeitslager Reise rattachés au camp de Gross Rosen, alors distant d’une quarantaine de kilomètres. Durant cette seconde phase, tous les prisonniers étaient juifs. Sur les 13 000 qui furent employés au creusement de ces souterrains, 5000 moururent.
Ces différents complexes ne furent jamais achevés et aucune arme n’y fut produite.
Après la guerre et conformément aux accords de Potsdam, les populations allemandes furent expulsées de la région et remplacées par des populations polonaises venues des territoires de l’est.
C’est également dans cette région qu’après la guerre, notamment autour des villes de Strzegom (Streigau) et de Świdnica (Schweidnitz), qu’une importante communauté juive qui s’était réfugié en URSS durant le conflit, vint s’installer et qu’un renouveau de vie juive pris forme jusqu’au début des années 1950.
C’est également dans ce massif que le mythe du train allemand caché s’est répandu dans les médias.

Découvrir le camp de concentration de Gross-Rosen.

Liste des abonnées au téléphone de la rue Brzeska

Une rue témoin de l’avant guerre

La rue Brzeska est située dans le quartier de Praga.
Parmi ceux qui s’intéressent à la Varsovie ancienne et qui poussent un peu plus loin que les circuits touristiques habituels, il est des rues qui restituent encore ce qu’était la Varsovie populaire d’avant guerre, aussi bien polonaise que juive. La rue Brzeska, située non loin de la gare de l’est (Warszawa Wschodnia) offre cette sensation. Pourtant il est difficile de se faire une idée devant le spectacle de ces nombreux immeubles centenaires délabrés où la plupart des crépis, des façades, stucs et détails architectoniques ont disparu sous l’effet du temps.

La rue Brzeska dans le quartier de Praga
La rue Brzeska dans le quartier de Praga (Cliquer pour agrandir)

Quand on analyse le répertoire téléphonique tel qu’il était composé un an avant la guerre, on se rend compte de la structure de cette micro-société qui peuplait la rue Brzeska et de la variété des métiers qu’on y exerçait. A la lecture des noms des abonnés du téléphone, on apprend qu’environ 30% de ses habitants étaient juifs, certainement morts quelques années plus tard au ghetto de Varsovie, sur l’autre rive, ou à Treblinka.

Ci-dessous la liste de tous les abonnés au téléphone de la rue Brzeska pour la période 1938-1939 :
Formation militaire des chemins de fer, Brzeska 2,
Jastrzębski Leon, Brzeska 2 – Pédiatre,
Machowski Mieczysław, Brzeska 2,
Mizerski E, Brzeska 2 – Ingénieur, responsable de la circulation,
Stawiński Wincenty, Brzeska 2 – Chef de caisse de la gare de l’est,
Sadowski Jakub Mirosław, Brzeska 2,
Liszka Franciszek, Brzeska 3,
Łuczyniec W, Brzeska 3 – Menuiserie,
Szewczenko Mikołaj, Brzeska 3 – Café,
Zeldeman Izrael, Brzeska 3 – Café
Blech Feliks et Mazur Henryk, Brzeska 4 – Garage
Gzell Jan, Brzeska 4,
Société de lutte contre la tuberculose, Brzeska 4 – (antenne),
Adelson Dawid, Brzeska 5,
Markusfeld Jakub, Brzeska 5 – Electricien,
Edelszein, Brzeska 5 – Docteur,
Szpecht B, Brzeska 5 – Docteur,
Jagoda Abram, Brzeska 5 – Restaurant,
Siedlecki Moszek, Brzeska 5,
Skowronek Szyja, Brzyska 5,
Bromke Eugenia, Brzeska 6 – Dentiste,
Skolimowska-Kotkowska Maria, Brzeska 6 – Docteur,
Kamiński Wincenty, Brzeska 6,
Wróbel G, Brzeska 6,
Dybowska-Brodzic Irena, Brzeska 6 – Articles peinture et dessin,
Hoffman Dawid, Brzeska 6,
Kluczyk Antoni, Brzeska 6 – Fonderie de métal,
Lachs H, Brzeska 6,
Leoniak Adam, Brzeska 6 – Epicerie et produits laitiers,
Dépôt de l’embranchement ferroviaire de la gare de l’est, Brzeska 6a,
Buda Pejsach, Brzeska 7,
Kirshenbaum Chil, Brzeska 7,
Poremba Leon, Brzeska 7 – Fabrique de clous,
Szpajzmann Aron, Brzeska 7,
Żelazkiewicz K, Brzeska 7 – Manufacture de montres,
Bedzak P, Brzeska 8 – Epicerie,
Grynberg Gustawa, Brzeska 8 – Epicerie,
Beeger Jan, Brzeska 8 – Parfumerie, pharmacie,
Grossiste de charbon de Praga, Brzeska 8,
« Koło Prażan », Brzeska 9 – Commerce de marchandises pour hommes et femmes,
Flancreich Frères, B et M, Brzeska 10 – Vente d’articles en métal,
Naparstek Joel, Brzeska 10,
« Tomchaj-Anyim », Brzeska 10 – Cantine pour chômeurs,
Wajntraub Icek, Brzeska 10 – Société de transport,
Hejnikowski Jan Antoni, Brzeska 11,
Handwol Sz, Brzeska 11,
Mozelman Chaim, Brzeska 11,
Antenne sanitaire de l’hôpital des chemins de fer, Brzeska 12,
Buda Chaim, Brzeska 13,
Kronenberg Abram, Brzeska 13 – Salon de thé,
Prydrychewicz Adam, Brzeska 14a – Juge,
Wiszniewski D, Brzeska 14a,
Sirota B, Brzeska 14,
Débit de boissons, Brzeska 15-17,
Brykier P, Brzeska 16 – Menuiserie, ébénisterie,
Hechtkopf Jankiel, Brzeska 16,
Ryngelblum L, Brzeska 16, Café,
Szwacwald Samuel, Brzeska 16 – Pharmacie,
Mazur Karolina, Brzeska 17 – Parfumerie,
Turowicz Jadwiga, Brzeska 17,
Ziółkowski Stanisław, Brzeska 17 – Chirurgien,
Szefer Oskar, Brzeska 17a – Masseur diplômé,
Oporski P, Brzeska 18 – Volailler,
Pikon Szlama, Brzeska 18,
Tenenbaum I, Brzeska 18 – Matériaux de construction,
Bertman Henryk, Brzeska 20,
Brykier P, Brzeska 20,
Kobyłka Chil, Brzeska 20,
Bursztyn M, Brzeska 20 – Magasin de volailles,
Lerer M, Brzeska 20 – Vêtements de marque,
Sznek H, Brzeska 20,
Ostaszewska Marja, Brzeska 20,
Mozelman Józef, Brzeska 21,
Rozenblit Matias, Brzeska 21,
Miganowicz Franciszek, Brzeska 23 – Vêtements pour hommes et femmes,
Sobol Pinkus, Brzeska 23,
Stegiński Teodor, Brzeska 23 – Vendeur de volailles,
Bertman H, Brzeska 25 – fabrique ciment, chaux, argile réfractaire.

TOMCHAJ–ANYIM (Brzeska 10) était une association créée en 1920 d’aide pour les juifs pauvres et sans emploi qui a fonctionné jusqu’au déclenchement de la guerre.
Le livret (polonais) qui présente les statuts de l’association est visible en ligne à la bibliothèque de l’université catholique de Lublin, mot-clé TOMCHAJ–ANYIM.

Blechhammer d’après un ancien prisonnier

Un plan et des mots comme témoignage

Marcel Dejean faisait partie des 80 prisonniers et résistants français, la plupart originaires des Vosges, qui sont arrivés par camions, le 28 novembre 1944, au Judenlager de Blechhammer.
Ce sont les seuls non juifs qui ont été présents dans ce sous-camp d’Auschwitz-Monowitz. Au lendemain de leur arrivée, une dizaine d’entre-eux furent redirigés vers Birkenau, dont Georges Blind, figure emblématique du « fusilier souriant » de la photo du simulacre d’exécution prise par les allemands dans les fossés du château de Belfort.

Le camp de Blechhammer
Le camp de Blechhammer d’après Marcel Dejean (Cliquer pour agrandir)

Placés en quarantaine dans la baraque 28, les prisonniers seront déplacés vers la baraque 17, la veille de la marche de la mort, afin de laisser de la place à d’autres prisonniers en provenance des sous-camps de Gleiwitz (Gliwice) I, II et IV. Une partie des prisonniers français mourront lors de la marche de la mort entamée le 21 janvier 1945 et qui les emmènera vers le camp de Gross-Rosen, puis en Allemagne.
Marcel Dejean a rapporté son témoignage de captivité dans un livre « Avoir 20 ans ans les camps nazis ». ISBN 2-84367-014-4
« Nous apprenons ainsi que Blechhammer est un camp peuplé de 4000 juifs, dont 400 à 600 femmes, où le bruit de notre arrivée s’est rapidement étendu. En effet c’est un événement que d’avoir ainsi pour la première fois 80 aryens (selon la terminologie officielle allemande) dans le camp, et de surcroît, des maquisards pour la plupart. »
Un chapitre est consacré à la période du camp de Blechhammer.

Le camp de Blechhammer durant la guerre
Le camp de Blechhammer durant la guerre – Photo US Air Force (Cliquer pour agrandir)

Le Judenlager est aujourd’hui visible avec une partie de son ancienne clôture bétonnée, les 2 entrées et les tours de garde bétonnées. C’est le seul sous-camp en Pologne où un crématoire est visible, 1500 prisonniers y ont été incinérés.
Le camp se trouve à quelques kilomètres à l’est de la ville de Kędzierzyn-Koźle, sur la commune de Sławiecice. Ce camp faisait partie d’un ensemble d’environ 25 camps édifiés autour des 2 usines de la chimie construites dès 1939, et toujours existantes. Ce camp, ceint de murs en béton était mitoyen d’un autre camp, appelé Bahnhofslager.

Découvrir l’histoire du camp de Blechhammer, un sous-camp d’Auschwitz.