L’arche sainte de la synagogue de Zelwa

Des monuments perdus à jamais

Aron-Kodesh de la synagogue de Zelwa
Aron-Kodesh de la synagogue de Zelwa – Source Institut des arts de l’académie polonaise des sciences (Cliquer pour agrandir)

La magnifique Arche sainte – Aron kodesh (Aron ha-kodesz) de la synagogue de Zelwa (Biélorussie) sculptée dans le bois. Edifiée au XVIIIème siècle, la synagogue a été détruite durant la guerre et la communauté juive décimée.
L’Arche Sainte est le nom donné par les juifs ashkénazes à cet espace sacré de la synagogue où sont entreposés les rouleaux sacrés de la Torah. Les juifs séfarades lui donne le nom de Temple.
L’Arche Sainte est toujours positionnée à l’est dans la synagogue de telle manière que les fidèles soient tournés vers Jérusalem lors des offices. Elle rappelle, selon la tradition juive, l’Arche d’alliance relatée dans le livre de l’exode puis entreposée dans le Saint des Saints dans le second temple à Jérusalem. Souvent, sa forme rappelle un temple avec les colonnes de part et d’autre, elle est généralement surélevée.
Les rouleaux de la Torah sont protégés par un rideau appelé parokhet qui rappelle le rideau qui séparait le Saint des Saints du reste du temple. C’est ce rideau dont il est fait mention dans les évangiles lors de la mort du Christ dans la tradition chrétienne « Les cieux s’ouvrirent et le rideau du temple se déchira ».
Dans les synagogues d’Europe centrale, les Arches Saintes étaient richement ornées et surmontées du décalogue. Elles étaient généralement réalisées en dur dans les synagogues en pierres et en briques, et en bois dans les synagogues à architecture bois. Celle de Zelwa était sculptée dans le bois alors que la synagogue était en dur.
En Pologne, avant la guerre, on dénombrait environ 200 synagogues en bois, certaines très anciennes. L’une des plus grandes se trouvait à Zabłudów, une commune située au sud de Białystok. Elle ont toutes été détruites par les allemands durant la guerre.

La photo est tirée du livre « Un monde perdu – les juifs polonais » qui présente une grande collection de photos réalisées entre 1918 et 1939.

Un pavé pas comme les autres à Treblinka

Le triste destin d’une stèle juive

Un pavé pas comme les autres à treblinka
Un pavé pas comme les autres à Treblinka (Cliquer pour agrandir)

Enormément de gens, pour ne pas dire presque tout le monde, ignore qu’à Treblinka, avant l’établissement du terrible camp d’extermination en 1942 (Treblinka II), avait été établi dès juin 1941, un camp de travail, Arbeitslager (Treblinka I) pour des prisonniers polonais où ils travaillèrent dans une carrière à ciel ouvert, au chargement de wagons en gare de Małkinia, gare qui se trouve à la bifurcation située à mi-chemin de la ligne Varsovie-Białystok, ainsi que pour d’autres travaux.
Ce camp a fonctionné jusqu’en août 1944. Durant son existence, il a abrité environ 2000 prisonniers. Parmi eux, il y en a qui ont participé à la construction du camp d’extermination. Le camp était administré par les allemands (commandé par Theodor van Eupen, qui fût tué par des résistants polonais en décembre 1944), mais la garde était essentiellement composée des supplétifs ukrainiens (SS ukrainiens en provenance du camp de Trawniki), comme pour le camp d’extermination.
Les 2 camps sont distants d’environ 2 kilomètres.
Plus de 20 000 prisonniers (dont des juifs) sont passés dans le camp de travail de Treblinka I durant son existence et plus de la moitié ont disparu.
Une longue route de plus d’un kilomètre et demi construite avec des pavés et des pierres s’enfonce dans la forêt et relie les 2 camps. Lors de ma première visite 16 ans en arrière, j’avais remarqué un morceau de pierre tombale juive, visible sur le parcours.
Durant la guerre, la plupart des cimetières juifs ont été dévastés et nombre de pierres tombales ont été réutilisées comme matériaux de construction et de terrassement.

Shabbat Goy, pourquoi ce nom ?

Shabbes goy, kézako (Qu’es aquò) ?

Les gens qui me contactent me demandent souvent pourquoi ce nom. Et généralement, ceux qui me posent la question sont des juifs. Les autres doivent procéder par déduction car rares sont ceux qui m’interrogent.
Ceux qui ont un minimum de connaissances religieuses savent que le shabbat, ce moment de la vie juive, symbolise le jour du repos qui commence le vendredi au coucher du soleil chez les juifs pratiquants, tout comme le dimanche est chez les chrétiens pratiquants jour de repos. De fait chez les juifs le samedi est le jour de repos hebdomadaire. Goy, beaucoup savent aussi que ce nom désigne un non-juif pour les juifs. Par contre, tout le monde ne sait pas forcément ce que signifient ces deux mots lorsqu’ils sont accolés ensemble.

Shabbat Goy, ou shabbes goy en yiddish, désigne le non-juif qui assiste un juif lors de la période du shabbat pour l’exécution de certaines tâches interdites durant ce moment. En effet, la loi juive édicte un ensemble de préceptes auxquels se plient de manière plus ou moins rigoureuse les juifs selon leurs communautés et leur manière de pratiquer la religion juive, beaucoup plus stricte chez les juifs orthodoxes ou hassidiques.
Nous pouvons noter ici que les premiers chrétiens, des juifs convertis, durant la première moitié du premier siècle de notre ère pratiquaient toujours le shabbat et d’autres rites juifs; ces règles et interdits furent ensuite assouplis et adaptés pour les païens (convertis non-juifs) durant l’évangélisation de Saint Paul (Saul de Tarse) et plus tard. En effet, les premiers chrétiens pratiquaient le shabbat, étaient circoncis, suivaient les préceptes culinaires, etc.
Aujourd’hui, chez les juifs, ces règles encadrent et modifient durant le jour du shabbat leur comportement par rapport aux actions qu’ils réalisent quotidiennement dans nos sociétés modernes comme les tâches culinaires, la conduite d’un véhicule, les activités professionnelles et le travail de manière plus générale, la manipulation de l’argent, l’utilisation du téléphone et des lumières de la maison, de l’ascenseur * ainsi que d’autres aspects plus anodins ou anecdotiques.
* Dans certains immeubles un ascenseur a été spécialement adapté de manière à fonctionner en continu entre certaines heures et en s’arrêtant systématiquement à tous les étages de sorte que les usagers ne puissent pas intervenir sur les boutons et donc se conformer aux règles en usage durant le shabbat.

Ascenseur de shabbat
Ascenseur de shabbat
Par courtoisie pour nos visiteurs de confession juive, l’ascenseur sud #9 fonctionne de manière automatique durant le shabbat.

Un juif peut faire appel à un non-juif, le goy (shabbat goy), pour réaliser à sa place certaines tâches qui lui sont interdites durant la période de shabbat. En Pologne, jusqu’à la guerre, dans les quartiers juifs et dans les shtetls, les shabbat goy, moyennant quelques pièces ou verres de vodka, procédaient à des tâches comme l’extinction des bougies de la demeure, l’allumage du foyer en hiver; cette tâche pouvait également être réalisée par une non-juive (shabbat goyah). Dans l’application stricte de la loi juive, il est normalement interdit à un juif de faire travailler un non-juif sous son toit, cependant, des rabbins autorisèrent l’emploi de shabbat goy à la maison, notamment dans les pays d’Europe centrale pour le maintien ou l’allumage du foyer durant les périodes de froid.

Durant son adolescence à Memphis, dans les années 1950, Elvis Presley remplit le rôle de shabbat goy envers la famille juive Fruchter qui logeait à l’étage du dessus.

Mon choix du nom

Le nom de Shabbat Goy pour le site web m’est venu assez simplement. Je trouvais qu’il associait à la fois le non-juif que je suis et l’intérêt que je porte à l’histoire des juifs. De plus il interroge et excite la curiosité, parfois l’étonnement voire le rejet comme cela fut le cas de la part de Didier Bertin, l’auteur d’un article sur le blog Times of Israël truffé de poncifs et de stéréotypes sur les polonais que je relevais dans un commentaire et qui me répondit tout de go : « je devine que vous avez choisi le nom de Goy par provocation.je ne répondrai plus à vos commentaires ».
J’appris également par la suite que le terme de shabbat goy était utilisé de manière très péjorative pour cataloguer et qualifier de manière méprisante des personnes qui supportent la cause juive.

Alors comme ma fonction de shabbat goy reste purement virtuelle, je m’efforce donc de maintenir allumée, aussi bien le jour du shabbat que le reste de la semaine, à ma modeste mesure, la lumière de la connaissance et de la présence passée des juifs de Pologne.

Le mur de tombes juives

Quand les disparus réapparaissent

Tombes juives dans une ruine à Tuszyn
Tombes juives dans une ruine à Tuszyn (Cliquer pour agrandir)

Tuszyn, une bourgade située en voïvodie de Łódź

Tombes juives dans une ruine à Tuszyn
Tombes juives dans une ruine à Tuszyn (Cliquer pour agrandir)

Mur d’une propriété abandonnée qui avait été édifié à l’époque pour partie avec des stèles pillées dans le cimetière juif. L’information a été remontée par l’historien local Marek Busiakiewicz. D’autres stèles subsistent également dans la cour intérieure. L’information avait déjà été signalée par quelques organisations juives, mais le mur est toujours là. De plus, juridiquement, le domaine est propriété de plusieurs héritiers.
Le cimetière de Tuszyn avait été demantelé et le commissariat de police se trouve aujourd’hui en lieu et place.
Il reste encore un espoir de récupérer les stèles. En effet, une affaire similaire a eu lieu dans une autre région de Pologne et les héritiers ont accordé leur approbation pour le sauvetage des pierres tombales.

Tombes juives dans une ruine à Tuszyn
Tombes juives dans une ruine à Tuszyn (Cliquer pour agrandir)

On estime que 90% des pierres tombales juives sont ainsi dans la nature. Le pillage des pierres tombales a commencé dans certaines communes alors situées en Allemagne dès 1938 lors des événements de la nuit de cristal. Le plus gros de la dévastation étant intervenu durant la guerre. Les allemands ont alors démantelé, réutilisé et voire négocié une quantité gigantesque de pierres tombales qui ont été ensuire ré-utilisées comme matériaux de construction et de terrassement. Cependant, le pillage a continué après la guerre dans une Pologne dévastée en pleine reconstruction, puis durant la période communiste où beaucoup d’autorités locales de l’époque ont procédé au démantèlement de cimetières juifs dans le cadre de réaménagements urbains.
Aujourd’hui, beaucoup de polonais rapportent vers les cimetières juifs des pierres tombales qu’ils découvrent lors de l’acquisition d’un bien foncier. Cependant, énormément restent cachées sous des chemins, dans certains ouvrages, dans des murs, des fondations… et réapparaissent au gré de travaux.
Les juifs sont arrivés au XVIIème siècle à Tuszyn. A la fin du XIXème siècle, ils représentaient le tiers des habitants. Durant la guerre, tous les juifs de Tuszyn ont été dirigés vers la ville de Piotrków Trybunalski, puis par la suite ont été exterminés au camp de Treblinka.
Le cimetière juif de Tuszyn a été dévasté durant la guerre, puis en partie pillé durant le communisme.
Source et photos : Virtual Shtetl

Danzig 1939, les trésors d’une communauté détruite

La fin d’une histoire juive

Suite au traité de Versailles de 1919 qui mit fin à la première guerre mondiale, la Pologne recouvra son indépendance après plus d’un siècle d’occupation. A l’issu de ce redécoupage des frontières, l’ancienne cité hanséatique de Danzig fut érigée en ville libre (Freie Stadt Danzig) et placée sous la protection de la Société Des Nations (ancêtre de l’ONU).

La grande synagogue de Danzig avant sa démolition en 1939
La grande synagogue de Danzig avant sa démolition en 1939 (Cliquer pour agrandir) © The jewish museum / New York

Ci-dessus la grande synagogue de Danzig édifiée entre 1885-1887, peu avant sa démolition. Sur le porche d’entrée a été étalée une bannière sur laquelle on peut lire: La synagogue sera bientôt démolie. Sur la palissade de chantier qui a été dressée (non visible dans ce montage), une autre bannière avec cette inscription: Viens cher mois de mai et délivre-nous des juifs. La synagogue fut démantelée en mai 1939.

A cette époque là, 90% de la population était germanophone. L’avènement de Hitler au pouvoir, la revendication grandissante de la cité par le parti nazi pour le rattachement des populations allemandes au Reich et la montée du parti nazi à Danzig scellèrent le destin de la communauté juive dont les premiers membres, des marchands, s’étaient installés au XVIème siècle. Leur présence fut longtemps encadrée et autorisée dans le cadre de règles très strictes, la population juive ne dépassa jamais plus de 4% de la population totale. En 1938, la plupart des juifs de Danzig émigrèrent vers l’étranger. C’est durant cette période que les archives de la grande synagogue furent expédiées à Jérusalem et que le trésor constitué d’objets de cérémonie fut expédié à New York. Le dernier office à la synagogue intervint le 15 avril 1939, le démantèlement de l’édifice démarra le mois suivant.

Démolition de la grande synagogue de Danzig
Démolition de la grande synagogue de Danzig (Cliquer pour agrandir) © The jewish museum / New York

A propos du trésor de la grande synagogue

Reçu cette semaine le catalogue Danzig 1939: Treasures of a destroyed community édité en 1980 par le musée Juif de New York à l’occasion de l’exposition présentant une partie du trésor de la grande synagogue de Danzig.
Cette collection était constituée de plus de 300 objets dont une bonne moitié étaient présentés lors de cette exposition. Une partie de ces objets exposés au public provenaient de la collection privée de Lesser Gieldzinski *, une autre partie provenant de la grande synagogue de Danzig et anciennement des synagogues de Danzig-Breitgasse, Mattenbuden, Langfuhr et Schottland; et d’autres objets provenant de personnes privées. La plupart des objets présentés dataient du XVIIIème et XIXème siècle et pour certains du XVIIème siècle.
L’ensemble de cette collection possède une localisation géographique bien définie qui permet d’étudier de manière précise l’art cultuel et les coutumes juives de la région ainsi que les technicités artistiques des artisans chrétiens locaux qui réalisèrent de nombreuses œuvres en s’appropriant les thèmes et les formes de l’art juif contemporain. Seul un artiste juif a pu être identifié parmi ces artisans de Danzig, il s’agit d’un certain Salom Italia, un graveur juif d’origine italienne ayant vécu durant la première moitié du XVIIème siècle. Du fait que les juifs étaient exclus de la guilde des artisans chrétiens, c’est à ces derniers que revenait la réalisation de ces pièces (Gerhard Hintz, un artisan chrétien fut exclu de la guilde en 1702 pour avoir employé des artisans juifs).

* Lesser Gieldzinski (1830-1910) était un collectionneur d’art, un humaniste et citoyen de Danzig. Il fit don d’une partie de sa collection d’objets de culte et de cérémonie à la communauté juive de Danzig en 1904. Parmi ces objets, une couronne de Torah en argent provenant d’Italie et datée de 1699, qui avait été perdue lors d’un pogrom en Russie puis retrouvée.

Couronne de Torah - Joachim Hübner - Berlin 1779 . Collection provenant du trésor de la grande synagogue de Danzig
Couronne de Torah – Joachim Hübner – Berlin 1779 . Collection provenant du trésor de la grande synagogue de Danzig (Cliquer pour agrandir) © The jewish museum / New York


Location of the former great synagogue of Danzig


Le thème du trésor de la synagogue de Danzig sera développé lors de la mise en ligne de la présentation de la grande synagogue de Danzig.

Synagogues de Pologne vues par Wojciech Wilczyk

Vie et destin des synagogues polonaises

Il y a quelques années, j’avais acheté le livre de Wojciech Wilczyk (anglais/polonais) Niewinne oko nie istnieje que l’on pourrait traduire par « l’œil innocent n’existe pas » (ou le regard plutôt). Ce livre édité en 2008 est une véritable petite bible de près de 700 pages sur les synagogues en Pologne.
Son auteur, spécialiste de la photographie documentaire, a en effet parcouru le pays durant plusieurs années et ramené des centaines d’images de ces multiples synagogues et maisons de prières qui ont survécu au temps, ou pas pour certaines d’entre-elles.
Quasiment aucune aujourd’hui n’est dédiée au culte, pour la bonne et simple raison que les juifs ne sont plus là. Depuis la fin de la guerre, elles ont souvent connu de nombreuses autres vies, généralement elles ont été transformées en entrepôts ou en magasins au sortir de la guerre après avoir été relevées de leurs ruines puisque l’immense majorité des synagogues de Pologne ont été dévastées ou incendiées, souvent dès 1938 (nuit de cristal) pour celles qui étaient situées sur les territoires actuels de la Pologne occidentale.
Elles ont ensuite été transformées durant les décennies communistes qui ont suivi en magasins, halles marchandes, cinémas, restaurants, postes de police, caserne de pompiers, galeries d’art, maisons d’habitation, ateliers, entrepôts, bars, banques, église de Jéhovah, musées, bibliothèques, salles de sport, bureaux administratifs et même piscine municipale comme l’ancienne synagogue de Poznań transformée de la sorte pour la détente des soldats de la Wehrmacht et dont le nouvel usage est encore en activité aujourd’hui.
Nombre d’entre-elles ont été restituées aux communautés juives éparpillées dans le pays. Une partie de ces synagogues ont été rénovées et dédiées à des activités culturelles et de souvenirs du judaïsme, d’autres ont poursuivi leurs activités commerciales dans le cadre de baux initiés par ces mêmes communautés car il est devenu difficile de mener à bien des projets coûteux de restauration. D’autres sont aujourd’hui en ruines ou à l’état d’abandon car les petites communes où elles se situent ne disposent pas de fonds souvent très substantiels à investir pour mener à bien un projet de revitalisation. Restaurer une synagogue ne se limite pas à redresser murs et toitures ou à redonner une certaine magnificence d’antan, restaurer une synagogue, c’est un projet global, conséquent et mûrement réfléchi à mener entre les autorités municipales et régionales qui amènent des fonds et les communautés juives dans une perspective commune qui nécessite la mise en place des activités dédiées, du personnel, des fonds allouées chaque année pour l’entretien et le développement.

Exposition Wojciech Wilczyk
Exposition Wojciech Wilczyk (Cliquer pour agrandir) © www.shabbat-goy.com
A Ostrów Wielkopolski, l’ancienne et dernière grande synagogue de Pologne de style oriental mauresque, restituée à la communauté juive de Wrocław a été vendue en 2005 à la municipalité avec obligation de la dédier à des activités culturelles. En effet, la communauté ne disposait pas des fonds importants pour mener à bien cette grande et magnifique restauration qui a été entreprise par la ville. Elle est devenue à mes yeux l’une des plus belles synagogues de Pologne, encore bien mal connue.
Paradoxalement, toutes ces nouvelles vie dont beaucoup s’offusquent aujourd’hui ont permis à ces centaines de synagogues et maisons de prières de survivre aux vicissitudes du temps et pour plusieurs d’entre-elles de retrouver leur éclat et leur raison d’être.
Il est certain que si durant ces décennies communistes ces synagogues avaient été laissées en l’état il n’y en aurait plus beaucoup encore debout aujourd’hui. Un moindre mal diront certains. C’est tout le dilemme de ces synagogues sans juifs, de ces bâtiments sortis de l’oubli ou de l’indifférence grâce à l’objectif de Wojciech Wilczyk.

Jusqu’au 4 janvier 2016 se tient au Musée de l’Histoire des Juifs polonais de Varsovie l’exposition Wojciech Wilczyk: (nie)widzialne/ (in)visible” qui présente une partie de ses photographies.

Expression antisémite en Pologne

Durant ses visites dans les villes de Pologne, Wojciech Wilczyk en a profité pour saisir sur pellicule les tags et inscriptions antisémites visibles sur de nombreux murs qu’il présente dans le cadre de cette exposition. Si certaines inscriptions sont carrément antisémites, beaucoup d’autres illustrent les invectives et injures proférées entre certains supporters de clubs de football envers l’équipe adverse, « juif » étant devenu l’injure et la caricature ultime pour attaquer l’adversaire, notamment auprès de hooligans de Łódź, de Cracovie ou de Varsovie. Il s’agit là d’un phénomène pas nouveau, apparu depuis la chute du communisme, et déjà présent chez certains supporters d’autres équipes de championnats européens comme cela est arrivé aux Pays-Bas, en Angleterre, en Italie.

Exposition Wojciech Wilczyk au musée de l’Histoire des Juifs polonais

Inauguration d’un mémorial à Trześniów

Se souvenir et transmettre

Trześniów est ue ville située dans la région de Basses-Carpathes, au sud-est de la Polgone.

Trześniów, inauguration du mémorial - Source
Trześniów, inauguration du mémorial – Source zstrzesniow.edupage.org

Inauguration d’un mémorial le 12 octobre 2015 à la mémoire de juifs assassinés sur la localité de Trześniów, un village aujourd’hui de 1300 habitants situé non loin de la ville de Krosno; à l’initiative de la fondation « Les Oubliés » (Fundacja Zapomniane) en présence du grand rabin de Pologne Michael Schrudrich, du prêtre de la paroisse Witold Szmyd, des autorités locales, des élèves et enseignants du groupe scolaire de Trześniów, ainsi que des habitants.

Dans ce village, plusieurs juifs qui étaient cachés chez une polonaise, Dorota Wojtoń, ont été exécutés au printemps 1943 dans la forêt des environs par des policiers polonais (granatowa policja) du poste de police de Haczów. Se trouvaient là Naftali, Libka, Yankel et sa femme, et une autre femme dénommée Etka (on ne connait pas tous les noms). L’une des femmes était enceinte. A la suite de cette exécution, Dorota Wojtuń a été arrêtée, dirigée vers la gestapo de Krosno et probablement envoyée en Allemagne en camp de travail, elle n’est jamais revenue.
Une seconde exécution a eu lieu en janvier ou février 1944, durant laquelle Klara Fass-Markel et ses enfants en bas âge Eliezer et Shmuel, ont été assassinés par les mêmes policiers du poste de Haczów.
Les victimes reposent dans un terrain qui appartient aujourd’hui à Roman Wojtuń, le petit-fils de Dorota. La localisation exacte du lieu où ont été enterrés les corps n’a pas été rendu possible. L’érection de cette stèle commémorative est l’aboutissement de la détermination de Roman Wojtuń à ce que la mémoire des juifs assassinés ne soit pas oubliée, et d’un travail de deux années avec la fondation Les Oubliés.

Voir des photos de la cérémonie sur le lieu et au groupe scolaire.
Reportage de la télévision régionale TVP Rzeszów.

D’après un article du Rabin Michael Schudrich