Mise à jour du site

Le site web Shabbat Goy est désormais consultable depuis votre smartphone, votre tablette, votre télé et accessoirement depuis votre PC.
Suite à des problèmes techniques le site a été déménagé et son interface a été mise à jour. Cette dernière opération est toujours en cours mais vous pouvez d’ores et déjà naviguer sur le site. Une partie des anciennes publications est toujours consultable sous l’ancien format, les choses évolueront au fur et à mesure. Les publications d’articles et des sites visités (toujours pas publiés) reprendront sous peu.
Bonne visite.
Si vous avez des questions, c’est par ici.

Vue aérienne du cimetière juif de Bródno

Un grand cimetière méconnu

Vue aérienne du cimetière juif de Bródno en 1936
Vue aérienne du cimetière juif de Bródno en 1936 (Cliquer pour agrandir)

Le cimetière juif de Bródno est situé sur la rive droite de la Vistule, au nord du quartier de Praga
Le cimetière a établi en 1780 à l’instigation de Szmuel Jakubowicz Sonnerberg (dit Szmuel Zbytkower, l’arrière grand-père du philosophe Henri Bergson), banquier auprès du Roi Stanisław August Poniatowski.

Shabbat Goy en visite - Photo K. Bielawski
Shabbat Goy en visite – Photo K. Bielawski (Cliquer pour agrandir)

Le cimetière fut en partie dévasté durant la guerre, mais fut surtout démantelé dans les années 1950 lorsque le pouvoir communiste en place souhaitait le transformer en parc.
Toutes les stèles et pierres tombales encore debout furent retirées et stockées dans sa section nord-est où elles sont aujourd’hui visibles, empilées les unes contre les autres. Une restauration sera entamée au milieu des années 1980 par la fondation Nissenbaum, le mur d’enceinte et la porte principale furent édifiés.
Actuellement, une restauration est en cours de finition et le cimetière sera ensuite ouvert au public.
Le cimetière juif de Bródno est antérieur de plusieurs dizaines d’années au grand cimetière juif de la rue Okopowa, actuellement ouvert et visité.

Shabbat Goy, pourquoi ce nom ?

Shabbes goy, kézako (Qu’es aquò) ?

Les gens qui me contactent me demandent souvent pourquoi ce nom. Et généralement, ceux qui me posent la question sont des juifs. Les autres doivent procéder par déduction car rares sont ceux qui m’interrogent.
Ceux qui ont un minimum de connaissances religieuses savent que le shabbat, ce moment de la vie juive, symbolise le jour du repos qui commence le vendredi au coucher du soleil chez les juifs pratiquants, tout comme le dimanche est chez les chrétiens pratiquants jour de repos. De fait chez les juifs le samedi est le jour de repos hebdomadaire. Goy, beaucoup savent aussi que ce nom désigne un non-juif pour les juifs. Par contre, tout le monde ne sait pas forcément ce que signifient ces deux mots lorsqu’ils sont accolés ensemble.

Shabbat Goy, ou shabbes goy en yiddish, désigne le non-juif qui assiste un juif lors de la période du shabbat pour l’exécution de certaines tâches interdites durant ce moment. En effet, la loi juive édicte un ensemble de préceptes auxquels se plient de manière plus ou moins rigoureuse les juifs selon leurs communautés et leur manière de pratiquer la religion juive, beaucoup plus stricte chez les juifs orthodoxes ou hassidiques.
Nous pouvons noter ici que les premiers chrétiens, des juifs convertis, durant la première moitié du premier siècle de notre ère pratiquaient toujours le shabbat et d’autres rites juifs; ces règles et interdits furent ensuite assouplis et adaptés pour les païens (convertis non-juifs) durant l’évangélisation de Saint Paul (Saul de Tarse) et plus tard. En effet, les premiers chrétiens pratiquaient le shabbat, étaient circoncis, suivaient les préceptes culinaires, etc.
Aujourd’hui, chez les juifs, ces règles encadrent et modifient durant le jour du shabbat leur comportement par rapport aux actions qu’ils réalisent quotidiennement dans nos sociétés modernes comme les tâches culinaires, la conduite d’un véhicule, les activités professionnelles et le travail de manière plus générale, la manipulation de l’argent, l’utilisation du téléphone et des lumières de la maison, de l’ascenseur * ainsi que d’autres aspects plus anodins ou anecdotiques.
* Dans certains immeubles un ascenseur a été spécialement adapté de manière à fonctionner en continu entre certaines heures et en s’arrêtant systématiquement à tous les étages de sorte que les usagers ne puissent pas intervenir sur les boutons et donc se conformer aux règles en usage durant le shabbat.

Ascenseur de shabbat
Ascenseur de shabbat
Par courtoisie pour nos visiteurs de confession juive, l’ascenseur sud #9 fonctionne de manière automatique durant le shabbat.

Un juif peut faire appel à un non-juif, le goy (shabbat goy), pour réaliser à sa place certaines tâches qui lui sont interdites durant la période de shabbat. En Pologne, jusqu’à la guerre, dans les quartiers juifs et dans les shtetls, les shabbat goy, moyennant quelques pièces ou verres de vodka, procédaient à des tâches comme l’extinction des bougies de la demeure, l’allumage du foyer en hiver; cette tâche pouvait également être réalisée par une non-juive (shabbat goyah). Dans l’application stricte de la loi juive, il est normalement interdit à un juif de faire travailler un non-juif sous son toit, cependant, des rabbins autorisèrent l’emploi de shabbat goy à la maison, notamment dans les pays d’Europe centrale pour le maintien ou l’allumage du foyer durant les périodes de froid.

Durant son adolescence à Memphis, dans les années 1950, Elvis Presley remplit le rôle de shabbat goy envers la famille juive Fruchter qui logeait à l’étage du dessus.

Mon choix du nom

Le nom de Shabbat Goy pour le site web m’est venu assez simplement. Je trouvais qu’il associait à la fois le non-juif que je suis et l’intérêt que je porte à l’histoire des juifs. De plus il interroge et excite la curiosité, parfois l’étonnement voire le rejet comme cela fut le cas de la part de Didier Bertin, l’auteur d’un article sur le blog Times of Israël truffé de poncifs et de stéréotypes sur les polonais que je relevais dans un commentaire et qui me répondit tout de go : « je devine que vous avez choisi le nom de Goy par provocation.je ne répondrai plus à vos commentaires ».
J’appris également par la suite que le terme de shabbat goy était utilisé de manière très péjorative pour cataloguer et qualifier de manière méprisante des personnes qui supportent la cause juive.

Alors comme ma fonction de shabbat goy reste purement virtuelle, je m’efforce donc de maintenir allumée, aussi bien le jour du shabbat que le reste de la semaine, à ma modeste mesure, la lumière de la connaissance et de la présence passée des juifs de Pologne.

Le mur de tombes juives

Quand les disparus réapparaissent

Tombes juives dans une ruine à Tuszyn
Tombes juives dans une ruine à Tuszyn (Cliquer pour agrandir)

Tuszyn, une bourgade située en voïvodie de Łódź

Tombes juives dans une ruine à Tuszyn
Tombes juives dans une ruine à Tuszyn (Cliquer pour agrandir)

Mur d’une propriété abandonnée qui avait été édifié à l’époque pour partie avec des stèles pillées dans le cimetière juif. L’information a été remontée par l’historien local Marek Busiakiewicz. D’autres stèles subsistent également dans la cour intérieure. L’information avait déjà été signalée par quelques organisations juives, mais le mur est toujours là. De plus, juridiquement, le domaine est propriété de plusieurs héritiers.
Le cimetière de Tuszyn avait été demantelé et le commissariat de police se trouve aujourd’hui en lieu et place.
Il reste encore un espoir de récupérer les stèles. En effet, une affaire similaire a eu lieu dans une autre région de Pologne et les héritiers ont accordé leur approbation pour le sauvetage des pierres tombales.

Tombes juives dans une ruine à Tuszyn
Tombes juives dans une ruine à Tuszyn (Cliquer pour agrandir)

On estime que 90% des pierres tombales juives sont ainsi dans la nature. Le pillage des pierres tombales a commencé dans certaines communes alors situées en Allemagne dès 1938 lors des événements de la nuit de cristal. Le plus gros de la dévastation étant intervenu durant la guerre. Les allemands ont alors démantelé, réutilisé et voire négocié une quantité gigantesque de pierres tombales qui ont été ensuire ré-utilisées comme matériaux de construction et de terrassement. Cependant, le pillage a continué après la guerre dans une Pologne dévastée en pleine reconstruction, puis durant la période communiste où beaucoup d’autorités locales de l’époque ont procédé au démantèlement de cimetières juifs dans le cadre de réaménagements urbains.
Aujourd’hui, beaucoup de polonais rapportent vers les cimetières juifs des pierres tombales qu’ils découvrent lors de l’acquisition d’un bien foncier. Cependant, énormément restent cachées sous des chemins, dans certains ouvrages, dans des murs, des fondations… et réapparaissent au gré de travaux.
Les juifs sont arrivés au XVIIème siècle à Tuszyn. A la fin du XIXème siècle, ils représentaient le tiers des habitants. Durant la guerre, tous les juifs de Tuszyn ont été dirigés vers la ville de Piotrków Trybunalski, puis par la suite ont été exterminés au camp de Treblinka.
Le cimetière juif de Tuszyn a été dévasté durant la guerre, puis en partie pillé durant le communisme.
Source et photos : Virtual Shtetl

La synagogue et le cimetière juif de Sejny

Le patrimoine juif à Sejny

La synagogue et la Yeshiva de Sejny (Cliquer pour agrandir)  © www.shabbat-goy.com
La synagogue et la Yeshiva de Sejny (Cliquer pour agrandr) © www.shabbat-goy.com

Les juifs ont commencé à s’établir à Sejny durant la seconde moitié du XVIIème siècle. En 1796, on dénombrait à peu près 200 juifs, soit 30% de la population…
>> Présentation de la synagogue de Sejny.
>> Présentation du cimetière juif de Sejny.

Antisémitisme ou vandalisme ?

L’inspecteur mène l’enquête !

Voici 2 photos d’un même endroit, qui ont été prises dans le cimetière juif de Wieliczka, une ville située au sud de Cracovie, mondialement célèbre pour ses mines de sel multicentenaires.
La première a été prise au début des années 1980 par le photographe Chuck Fischman, elle représente Jerzy Kiszler qui, avec son père, avaient fait ériger un mémorial sur le site de la fosse commune où périrent de très nombreux juifs et certainement des membres de sa famille puisqu’on arrive à lire 2 Kiszler sur le monument.

Cimetière juif de Wieliczka
Cimetière juif de Wieliczka (Cliquer pour agrandir) – © Chuck Fishman

La seconde photo a été prise par mes soins, sous la pluie, lors de ma visite du cimetière en 2011. Une trentaine d’années séparent ces 2 photographies.
Mémorial du cimetière juif de Wieliczka
Mémorial du cimetière juif de Wieliczka (Cliquer pour agrandir) – © www.shabbat-goy.com

La première chose que l’on constate est que le mémorial a été détérioré, le travail du temps ne suffit pas à expliquer les dommages.
A la vue de ces photos, à peu près tout le monde conviendra qu’il s’agit là d’un acte délibéré de profanation du mémorial, d’un acte antisémite. Quoi de plus normal en Pologne diront certains. C’est du reste ce que j’ai pensé dès que je suis arrivé sur le site.
Pourtant, je vais vous faire la démonstration du contraire.
Quand on y regarde de plus près, on constate que le monument n’a pas été touché. On peut l’affirmer en regardant d’autres photos présentées sur le site (lien plus bas) qui confirme qu’il n’y a eu aucune dégradation sur le mémorial sinon celles des éléments.
Effectivement, quand on y regarde de plus près, on constate que les piliers de la clôture ont été démolis. Pourquoi seulement les piliers me direz-vous ? Hé bien tout simplement pour récupérer les barres métalliques horizontales qui s’y trouvaient.
Ah bon !? et pour faire quoi ?
Hé bien pour les revendre chez le ferrailleur du coin et en tirer peut être 100 złoty (~24 euros) pour acheter quelques canettes de bière ou 2 bouteilles de wódka.
Ceci est effectivement un acte de vandalisme certainement perpétré par les poivrots du coin qui comme les autres dans le reste du pays récupèrent toutes les ferrailles possibles pour les revendre, de fait ils n’hésitent pas détériorer pour dérober. Ici le cimetière étant isolé, dans un bois sur les hauteurs de Wieliczka, la tache a du être relativement facile à mener, malheureusement.

Découvrir la superbe collection de photographies de Chuck Fishman intitulée: « Les juifs polonais: La vie sous le communisme 1975-1983 »
Le cimetière juif de Wieliczka sur Shabbat Goy.

Le cimetière, marqueur d’histoire et de respect

Les cimetières délaissés

Après avoir visité des douzaines et des douzaines de cimetières juifs en Pologne, notamment certains qui ont complètement disparus et dont il ne reste qu’un bois, un parc ou un champ de patates, j’ai été également amené à entrevoir au gré de mes visites et déplacements aussi bien en France qu’ailleurs, de nombreux autres cimetières, héritages des deux guerres mondiales et de la guerre franco-prussienne de 1870, et encore d’autres, nos lieux du dernier repos.
En Pologne, il y a une chose qui peut sembler taboue, voire incongrue à dire, et ce que je vais dire ensuite pourra certainement en choquer quelques-uns, mais quand on s’attaque à des cimetières quels qu’ils soient, on efface des pans d’histoire, on efface des histoires, des histoires de lieux, on fait mourir une seconde fois ces gens qui disparaissent à jamais de la mémoire.
Malgré leur histoire passée et les tragédies dont ils ont été victimes, les cimetières juifs de Pologne ne sont pas ceux qui ont été les plus dévastés, négligés ou éradiqués. Ceux qui ont été les plus atteints par l’inconscience des hommes sont les cimetières allemands. Dans la très grande majorité des cas, ils ont tout simplement disparus. Il en reste peu de visibles sur ces anciens territoires autrefois prussiens puis allemands et devenus polonais après la guerre et quand ils sont encore là, ils sont généralement dans un triste état.

Ci-dessous, le cimetière allemand de Koźle, l’ancienne citadelle prussienne de Cosel, en Haute-Silésie. Dévasté après la guerre, même des noms de défunts ont été effacés sous les coups du burin.

Le cimetière allemand de Koźle
Le cimetière allemand de Koźle en Haute-Silésie (Cliquer pour agrandir) – © www.shabbat-goy.com

Dans une Pologne exsangue et dévastée d’après guerre, ils ont été pillés et démantelés afin de pouvoir les recycler en matériaux de reconstruction. Mais souvent également, dans ces territoires devenus ou redevenus polonais après la guerre, c’étaient les marqueurs profonds d’une identité de gens qui vivaient là depuis de longues générations, ils représentaient la trace de l’histoire qu’il fallait effacer, l’image du pays qui en avait détruit un autre.
Aujourd’hui, ces derniers cimetières qui n’ont pas disparus ne bénéficient pas des attentions que l’on apporte aux autres. Parfois des stèles érigées par leurs descendants rappellent leur présence.
Les cimetières sont silencieux mais ils racontent beaucoup de choses. Ils racontent l’histoire, ils racontent des vies, ils racontent des gens.
Je reste persuadé que c’est à l’attention que l’on porte aux générations passées et donc aux lieux où ils reposent que l’on mesure un aspect de notre humanité.