Le Festival Singer à Leoncin

Leoncin célèbre Isaac Bashevis Singer, l’enfant du pays

Dans le cadre de la XIème édition du Festival Singer de la Culture Juive qui se tiendra à Varsovie du 23 au 31 août 2014, le festival a fait pour la première fois une étape à Leoncin non loin de Varsovie le 17 août 2014 pour fêter l’enfant du pays, Isaac Bashevis Singer dont une stèle a été inaugurée pour l’occasion dans le parc attenant à la mairie par le représentant des lieux Adam Krawczak.

Isaac Bashevis Singer - Leoncin
Stèle Isaac Bashevis Singer à Leoncin (Cliquer pour agrandir) – © www.shabbat-goy.com

Hormis les amoureux et curieux de culture juive en Pologne venus pour l’occasion, l’événement n’a pas rassemblé la foule escomptée sur ce canton qui compte près de 5000 habitants. Un atelier de lecture et d’initiation aux traditions juives à destination des enfants de Leoncin a été mené au sein de la bibliothèque du groupe scolaire, le programme a été quelque peu modifié, néanmoins les visiteurs ont pu apprécier le magnifique concert donné par des artistes du Théâtre Juif de Varsovie venus pour l’occasion et la soirée s’est terminée par un autre concert donné par Adam Nowak (ancien leader du groupe Raz, Dwa, Trzy) et Karim Martusewicz.

Isaac Bashevis Singer (1902-1991), de son véritable nom Izaak Zynger (le pseudonyme Baszewis provenant du nom de sa mère – Bathsheba) est né à Leoncin, une petite bourgade située à 25 km au nord-ouest de Varsovie. Né dans une famille juive orthodoxe (son père est rabin et sa mère fille du rabin de Biłgoraj), il ne restera que jusqu’à sa cinquième année à Leoncin. Devenu l’un des écrivains emblématiques en langue yiddishe, il émigre aux Etats-Unis en 1935. Il recevra le Prix Nobel de littérature en 1978 pour son oeuvre.

Découvrir Isaac B. Singer sur Wikipedia.

Isaac Bashevis Singer, 1975 - © Bruce Davidson / Magnum Photos
Isaac Bashevis Singer, 1975 – © Bruce Davidson / Magnum Photos

Commander l’excellente biographie sur Isaac Singer écrite par Agata Tuszyńska : Singer, Paysages de la mémoire.

Persécution de juifs à Lwów

Un lieu, une histoire. Lwów (aujourd’hui Lviv en Ukraine), rue Copernic…

Persécution de juifs à Lwów (Cliquer pour agrandir) © Google Maps
Persécution de juifs à Lwów (Cliquer pour agrandir) © Google Maps

Plusieurs images m’ont frappé particulièrement lors de mes pérégrinations sur le réseau, celle-ci en fait partie.
Elle se passe à Lwów alors en Pologne, certainement durant la période des terribles pogroms intervenus dans cette ville en juin et juillet 1941 dont on a aujourd’hui la trace à travers des photos ainsi que des films saisis durant ces tragiques événements.

La particularité ici, c’est qu’on ne voit pas de soldats allemands mais une foule que l’on distingue en arrière plan le long du mur de cet ancien édifice.
Une colonne de juifs les mains en l’air remonte la rue Copernic tandis qu’au premier plan, un homme porte un coup sur celui de gauche. A droite, un autre, cigarette dans une main et certainement l’autre plongée nonchalamment dans sa poche suit la foule en mouvement d’un air sûr et convaincu.
Au centre, derrière le bras de celui qui porte le coup, on voit le visage apeurée d’une femme juive qui semble regarder du côté du photographe. Légèrement sur la gauche au second plan, deux hommes en casquette dont l’un souriant encadrent la colonne d’où toute échappatoire semble illusoire.

Durant cette période, environ 60 000 juifs furent tués par les sections Einsatzgruppen activement secondées par les milices et nationalistes ukrainiens.

La dernière section du mur du ghetto de Varsovie

Les ultimes traces du mur

La photo ci-dessous présente l’une des deux dernières sections du mur du ghetto de Varsovie, préservée grâce à l’action active d’un polonais, Mieczyslaw Jędruszczak, venu habiter quelques années après la guerre un immeuble mitoyen.

La dernière section du mur du ghetto de Varsovie (Cliquer pour agrandir) © www.shabbat-goy.com
La dernière section du mur du ghetto de Varsovie (Cliquer pour agrandir) © www.shabbat-goy.com

A l’origine le mur, long de 16 kilomètres, enserrait plus de 100 hectares d’immeubles et de rues réservés au confinement des juifs de Varsovie et de toute sa région. Le périmètre du ghetto se réduisit au fur et à mesure des déportations et ses limites furent régulièrement modifiées.
Les derniers tronçons aujourd’hui visibles étaient situés dans la limite sud alors occupée par le petit ghetto et des murs avaient été érigés à l’intérieur des cours des immeubles situés entre les rues Sienna et Złota.
De très nombreux visiteurs se rendent aujourd’hui sur les lieux où se trouvent ces deux tronçons de mur en passant par l’intérieur des cours (accès par le numéro 62 de la rue Złota) mais très peu visitent le mur côté est qui donne sur la cour du groupe scolaire situé au 55 de la rue Sienna. Sur cette façade de mur a été apposé en 2010 l’un des 22 mémoriaux, à l’initiative des professeurs et des élèves du Lycée, suite à la mise en place de 21 autres mémoriaux en 2008 par l’Institut Historique Juif de Varsovie, mémoriaux qui balisent et rappellent tout le pourtour du ghetto.
Découvrir le mur du ghetto de la rue Sienna.
Découvrir la chronologie de la mise en place du ghetto de Varsovie.

L’incident de Bruxelles

La justesse des mots, la délicatesse des médias

L’incident de Bruxelles, cela claque comme un titre de journal…
Journaux du net toutes tendances confondues, j’ai lu hier des articles concernant la tuerie… non, l’incident qui est intervenu en Belgique.
Oui, un incident.
Il est devenu impératif de mesurer ses propos en certaines occasions, des fois que l’on aurait eu affaire à un drame passionnel ou un à un hold-up qui aurait mal tourné, il faut effectivement prendre toutes ses précautions et parler simplement d’incident avant d’aller qualifier de tuerie le fait qu’un individu s’introduise dans un Musée Juif armé d’une kalachnikov pour tuer des gens qu’il ne connait pas.

Petit florilège:
« L’incident s’est déroulé en plein après-midi dans le quartier chic du Sablon »
« Le lien entre cette personne et l’incident n’est pas clair »
« Une personne, qui a admis qu’il était présent au moment de l’incident… »
« Une vidéo de l’incident montre un homme athlétique coiffé d’une casquette entrer calmement dans le Musée juif »
« le ministère de la Justice a lancé une enquête intensive sur l’incident »
« …témoins de l’incident affirment avoir vu deux hommes »
« Une personne, qui a admis qu’il était présent au moment de l’incident »
« …un renforcement de la sécurité et ce pour éviter tout autre malheureux incident »
« …reste « prudente » sur la nature antisémite de l’incident à ce stade de l’enquête »

Mon Larousse fatigué et écorné édition 1987 m’indique qu’un incident est un événement le plus souvent fâcheux ou une difficulté peu importante.
Je suis donc heureux d’apprendre que nous n’ayons eu affaire qu’à un déplorable incident hier après-midi au Musée Juif de Belgique.

Visiter le site du Musée Juif de Belgique et lire le communiqué de presse sur cet incident

Musée Juif de Belgique
Musée Juif de Belgique – Cliquer pour visiter le site du Musée

Marre qu’on parle de la Shoah ? Moi non !

Yiddishland, kézako ?

A l’occasion de la commémoration de la Shoah en Israël et de la décision des autorités de ce pays d’aborder le thème de la Shoah dès la maternelle et la lecture de quelques autres articles de ces derniers jours autour de ce sujet, je jette un œil sur les commentaires de certains articles dans la presse française et je lis les sempiternelles rengaines sur l’arithmétique entre les génocides, les palestiniens et les bourreaux israéliens, le business autour de la Shoah…

Je voudrai simplement rappeler une chose ici.
Même si de terribles génocides sont malheureusement intervenus depuis la seconde guerre mondiale; les rwandais, ils sont toujours au Rwanda, les arméniens, ils sont toujours en Arménie, les cambodgiens, ils sont toujours au Cambodge…
Par contre, les juifs d’Europe centrale, hormis quelques rares communautés, c’est fini, c’est terminé !
Ils ont définitivement disparus !
Le Yiddishland n’est plus qu’une ombre, le peuple n’existe plus, la culture n’existe plus, le yiddish, leur langue a disparu du paysage.

J’aimerai sincèrement que beaucoup comprennent et assimilent cette petite différence fondamentale. Cette singularité de l’histoire qui fait que, grâce ou plutôt à cause d’une organisation politique, militaire, administrative et industrielle, organisations mûrement mises en place et exécutées, le génocide des juifs d’Europe centrale se singularise de tous les autres car tout un peuple a définitivement disparu au cours du XXème siècle.
Depuis bientôt 40 ans que l’on enseigne la Shoah dans les écoles françaises, je me demande où on va…

Nota: Pour ce qui concerne l’enseignement de la Shoah dans les écoles maternelles israéliennes, disons plutôt une approche du sujet d’après ce que j’ai compris, je présume que la chose a été mûrement pensée et réfléchie et je m’estime mal placé pour exprimer une quelconque opinion sur ce sujet éducatif précis que j’ignore. Disons que je fais confiance au peuple juif dans l’éducation de ses enfants comme il savait du reste déjà le faire dans les shtetl du Yiddishland pour ses jeunes enfants.

Nota 2: pour ceux qui ne comprennent pas le mot yiddishland, Wiki est ton ami !

Enfants juifs dans un heder - Pologne
Enfants juifs dans un heder (école élémentaire traditionnelle) en Pologne avant la guerre – Photo © Yad Vashem