Shoahland, ou quand il est question de polonophobie

Il faut toujours préciser avec justesse le fond de sa pensée

Mon article, en lien ci-après, Shoahland, quelques remarques sur des inexactitudes et des préjugés, a donné lieu à certains commentaires sur FB, ce dont je me réjouis. Dans l’une de mes réponses, j’ai parlé de polonophobie, ce qui a suscité, je le comprends, la perplexité d’une intervenante.
J’ai rédigé une réponse qui illustre précisément ce que j’entends par l’emploi de ce terme, dans le contexte de l’article initial de Oriane paru sur le site Rootsisrael.com.
En voici le contenu afin que ma pensée reste aussi claire que précise pour le lecteur:
Dans mon article en réaction à celui de Oriane, je ne remets nullement en cause la détestation que des juifs peuvent éprouver à l’encontre des polonais. Je les encourage même à vomir sur des comportements exécrables qui se sont déroulés durant la guerre ou après, et j’irai même leur tenir la bassine, pour parler plus trivialement. C’est vous dire si je suis conscient des nombreux événements qui sont intervenus ici, comme beaucoup de polonais du reste.
Il a fallu du temps, et il en faudra encore, car l’histoire d’après-guerre dans les pays de l’est et la lecture de l’histoire ont été quelque peu interféré par la longue séquence communiste qui a pratiquement modelé nombre de perceptions et compréhensions dans ces populations slaves, et ce, durant 2 générations.

Donc, quand je parle de polonophobie et quand on lit entièrement mon article, on comprend parfaitement l’objet de mes récriminations.
La présentation qu’elle renvoie de son voyage en Pologne a, entre autres, de montrer au monde, de montrer aux juifs, que les polonais d’aujourd’hui (pas des) sont restés aux mieux des gens profondément méprisables au motif qu’ils bafouent la mémoire de la Shoah, au motif qu’ils n’ont que faire de la tragédie des juifs de leur pays, au motif qu’ils continuent à entretenir et opposer un martyr polonais (de la manière dont il était présenté durant le communisme) en voulant occulter le poids de leurs responsabilités passées, au motif qu’ils ignorent ou cherchent à cacher cette présence juive éradiquée.
Pour ce faire elle utilise un artifice fallacieux et malhonnête. Elle assène, parmi ses réactions profondément humaines et émouvantes, une suite de contre-vérités voire de mensonges que je démonte point par point dans mon article, et pas forcément de gaieté de cœur car certainement sa famille, des proches, ont été touchés par la tragédie, mais l’une de ses démarches (l’autre réside dans l’émotion que je partage absolument) dans son compte-rendu est de jeter l’anathème sur une génération de polonais qui œuvrent aujourd’hui, et ce, depuis des années déjà, dans un travail de prise de conscience et d’entretien de la mémoire, d’où cette difficulté pour moi à écrire cet article.

Cette manière de mettre à l’index les polonais d’aujourd’hui, pour des événements dont ils ne sont nullement responsables, d’autant plus au regard de l’important travail déjà réalisé dans la connaissance et l’éducation, même si beaucoup restent encore réticents ou hostiles, pour moi cela s’appelle de la polonophobie, ou tout autre synonyme.

J’ajoute que Oriane appelle à la fin de son article « les juifs et les non-juifs à aller en Pologne ». J’ignore si cet appel concerne aussi à rencontrer les polonais dont je parle, je pense qu’au mieux, elle doit les ignorer. C’est bien dommage parce que eux aussi l’aideraient à «comprendre notre présent, et nous battre pour un avenir meilleur».
Mais bon, si mon article en amène certains à dépasser leurs idées préconçues, à réfléchir et à ouvrir des livres, cela me suffira.