Jürgen Stroop à propos de la liquidation du ghetto
« Un remue-ménage invraisemblable. Incendies, fumées, flammes, étincelles chassées par le vent, poussière, plumes, odeurs de matériaux et de corps brûlés, fracas des canons et des grenades, ces lueurs et ces « parachutistes »… – Quels « parachutistes » ? demande Schielke. – Ces juifs, ces femmes et ces enfants qui se précipitaient sur le sol, sur l’asphalte et les pavés, du haut des fenêtres, des balcons et des greniers des maisons dont le rez-de-chaussée était en flammes. Auparavant ils jetaient des édredons, des couvertures et autres guenilles et sautaient là-dessus. Mes S.S. Männer les baptisèrent « parachutistes ». Ce jeu-là dura toute la nuit…
Jeudi 22 avril 1943, liquidation du ghetto de Varsovie – Jürgen Stroop (extrait du livre « Entretiens avec le bourreau »). Stroop était le général SS en charge de la liquidation du ghetto. Il fut jugé puis exécuté en 1952 à Varsovie. Jürgen Stroop à Umschlagplatz (Cliquer pour agrandir) – Photo Yad Vashem Jürgen Stroop à Umschlagplatz. En noir, des éléments de bataillon de milice ukrainienne (Schutzmannschaft). Photo prise à quelques mètres près de l’endroit où se dresse aujourd’hui le mémorial de Umschlagplatz, rue Stawki. Rue Stawki (Cliquer pour agrandir) – Photo Google Maps
Il est toujours difficile de s’imaginer ce que pouvait être le ghetto de Varsovie, par sa taille. Sa superficie s’étalait sur plus de 300 hectares et le mur qui l’entourait à l’origine avait 16 kilomètres de long.Warsaw ghetto 2015 – Le tracé (Cliquer pour agrandir)
La vidéo ci-dessous que j’ai réalisée donne une première approche de cet immense périmètre. Le circuit démarre depuis la limite nord du ghetto pour se diriger ensuite vers la limite sud. Ensuite le tracé bifurque vers l’extrémité sud-ouest du ghetto pour le remonter, le traverser jusqu’à sa limite est puis nord-est pour se terminer à Umschlagplatz. Les axes traversés sont les suivants:
avenue Jean Paul II (nouvelle section*),
rue Złota,
rue Żelazna,
rue Nowolipie,
rue Smocza,
rue Anielewicz (ancienne rue Gęsia),
rue Świętojerska (nouvelle section et section originale),
rue Bonifraterska,
rue Muranowska (nouvelle section),
rue Stawki (nouvelle section et section originale).
* nouvelle section signifie que ces axes ne suivent plus le tracé d’avant guerre pour ces rues.
Le ghetto a été établi en septembre 1940. Sa superficie était de plus de 300 hectares et le mur avait 16 kilomètres de long. Plus de 350 000 juifs de Varsovie et des juifs de la région de Mazovie y furent internés. Egalement des juifs d’Allemagne et de quelques autres pays européens furent envoyés dans le ghetto. Sa population atteint quelques pics de 450 000 personnes. Environ 100 000 juifs moururent de maladie et de faim. Les grandes déportations commencèrent en juillet 1942 et s’arrêtèrent 2 mois plus tard. 300 000 juifs furent envoyés vers le camp d’extermination de Treblinka. L’insurrection du ghetto commença en avril 1943, 13 000 juifs moururent et 57 000 furent déportés. Le grand ghetto fut rasé durant l’insurrection (de la rue Leszno à Umschlagplatz). Un camp de concentration (KL Warschau – également appelé Gęsiówka) fut établi à partir de juillet 1943 dans la rue Gęsia. Des juifs furent envoyés là en provenance de certains camps de concentration, leur tâche était de nettoyer les ruines du ghetto et de trier les matériaux. Le camp fut évacué en juillet 1944 et les derniers 348 juifs qui restaient furent libérés lors de l’insurrection de Varsovie. Par la suite, le camp fut utilisé par le NKVD pour des prisonniers allemands puis pour l’internement d’opposants polonais au communisme. Le reste de la ville fut presque entièrement détruit durant l’insurrection de Varsovie entre août et octobre 1944, y compris l’ancien petit ghetto. Malgré les destructions et la reconstruction, beaucoup d’immeubles d’avant guerre du petit ghetto sont encore visibles. Les derniers vestiges du mur original ont été préservés grâce à l’action d’un polonais, mr Mięczysław Jędruszczak. Une autre section du mur est visible dans la rue Waliców. En 2008 et 2010, 22 mémoriaux du mur ont été érigés sur le pourtour de l’ancien ghetto.
Entre dénonciation de son voisin et sauvetage des juifs
Les 6 et 7 décembre 1942, suite à une dénonciation les informant que les familles Skoczylas et Kosiorów cachaient des juifs, les allemands se rendirent à Rekówka et à Stary Ciepielów, 2 hameaux de la commune de Ciepielów située à une quinzaine de kilomètres au sud-est de Radom, pour arrêter les polonais et les juifs qu’ils aidaient.
Dans une ferme du premier hameau, ils découvrirent dans la cuisine, une trappe qui permettait d’accéder à une cache, mais celle-ci était vide. Ils questionnèrent les membres présents des familles Skoczylas et Kosiorów qui partageaient la même ferme mais n’obtinrent aucune réponse. Ils les exécutèrent, soit 14 membres de la famille Kosiorów et le couple Skoczylas. Les allemands les enfermèrent dans la grange située derrière la ferme et l’incendièrent. 2 garçons réussirent à s’échapper mais ils furent abattus dans leur fuite. Dans le second hameau, ils exécutèrent 6 membres de la famille Obuchowicz et 6 membres de la famille Obuchów. Ce jour là, 33 polonais furent tués dans le secteur de Ciepielów.
En 2014, apprenant cette histoire, Jonny Daniels, le fondateur de l’organisation From the Depths, qui oeuvre notamment pour la récupération et le retour des pierres tombales vers les cimetières juifs, stèles que l’on retrouve un peu partout à travers le pays; se rendit à Rekówka et ouvrit cette trappe qui avait été condamnée depuis la guerre. La cache était restée intacte depuis cette période.
Durant ce tragique événement, toute la famille Kosiorów fut tuée dans la grange. Aujourd’hui, un descendant des enfants de la famille Skoczylas habite cette ferme. C’est lui qui a indiqué à Jonny Daniels, l’endroit où une dizaine de juifs se cachaient, dans le sous-bassement de la cuisine, et d’où ils s’étaient absentés avant l’arrivée des allemands pour aller chercher de la nourriture en forêt. On ne sait ce qu’il advint d’eux. Mr Skoczylas fit part de son désir un jour d’entrer en contact avec des descendants de ces juifs autrefois cachés là, s’il y en avait. Il ajouta que «sa famille avait aidé des juifs, mais n’attendait rien en retour. Ils ne pensaient pas au danger que cela impliquait et les conséquences».
Sur ce plan-là,je suis plus réservé, car les polonais savaient parfaitement ce qui les attendait si on découvrait qu’ils cachaient des juifs, c’était la mort. En Pologne, durant la guerre, porter assistance à des juifs de quelque manière que ce soit, cacher des juifs était puni de mort et la sanction était immédiatement appliquée par l’occupant. De fait de très nombreux polonais et leur famille ont été exécutés. Mais dans les campagnes polonaises où les allemands n’avaient pas une connaissance précise de l’environnement, c’est pratiquement dans tous les cas suite à des dénonciations que des juifs furent ainsi découverts, arrêtés et exécutés, et avec eux, les polonais qui les protégeaient.
On évalue à 10% le nombre de juifs qui s’échappèrent des ghettos, et une faible partie, des trains en partance pour les camps ou de camps; sur le territoire du Gouvernement Général, hors district de Białystok et de Galicie. On avance le chiffre de 160 000 juifs qui se réfugièrent dans des abris, des caches, des forêts, chez l’habitant, dans les campagnes. Le nombre de survivants est évalué entre 30 000 et 60 000 personnes au grand maximum (source Krzysztof Persak). Ce qui signifie que des dizaines de milliers de juifs ont péri suite à des dénonciations, mais pas seulement. Énormément sont également morts suite à des meurtres perpétrés volontairement par des paysans pour des raisons diverses, notamment l’appât du gain, des biens juifs sous forme d’extorsion, de vols, l’obtention d’une récompense de la part de l’occupant (du sucre souvent, denrée rare durant la guerre), suite à des battues organisées soit par l’occupant, soit avec le concours des locaux. Beaucoup de juifs vivaient dans les forêts et se déplaçaient constamment, s’abritaient dans des granges et diverses caches. La plupart faisaient du trocs, revendaient ce qu’il leur restait pour acheter de la nourriture, faisaient des petits travaux quand ils possédaient des papiers (faux), mais généralement ils changeaient très souvent d’endroits. Le danger était partout, permanent, aussi bien du côté allemand que polonais. Les histoires de dénonciations, d’arrestations, de chasses et de meurtres perpétrés par des polonais sont terribles. Et la répression exercée par les allemands sur les polonais l’était également. Aussi, beaucoup de paysans aidaient malgré tout des juifs en fonction de leur situation, souvent pauvre et miséreuse durant cette époque. Mais peu les accueillait chez eux car la peur des risques encourus pour soi et sa famille, d’une dénonciation, ne serait-ce que d’avoir été vu avec un juif, était telle que ceux qui cachaient effectivement des juifs arrivaient jusqu’à une certaine mesure à surmonter cette terreur.
L’un des plus tragiques épisodes durant la guerre en Pologne à propos du sauvetage de juifs concerne le massacre de la famille Ulma en mars 1944 durant lequel le couple, Józef et Wiktoria (alors enceinte de presque neuf mois), et les 6 enfants en bas âge furent exécutés pour avoir caché chez eux 7 juifs qui également furent exécutés. La terreur fut telle dans le village de Markowa où s’était passé le drame et dans les environs, que l’on retrouva le lendemain les corps d’une vingtaine de juifs dans les champs avoisinants, juifs qui pourtant vivaient cachés depuis plus d’un an chez des locaux. La peur engendrée par la répression exercée sur la famille Ulma et celle de la dénonciation éventuelle par des juifs qui seraient interrogés par les allemands s’ils venaient à être pris, fit que des polonais en arrivèrent au point où ils tuèrent les juifs qu’ils avaient aidé, pour protéger leur famille.
Les polonais qui ont péri en cachant des juifs sont morts suite à des dénonciations, essentiellement de la part de leurs voisins. Aussi porter assistance à des juifs durant la guerre avait pris une dimension tout à fait extraordinaire et demandait en dehors du courage et du sang froid dont il fallait faire preuve, une prise de responsabilité extrême qui impliquait directement tous les membres présents sous le toit, les juifs et les membres de sa famille.
Aussi faut-il comprendre que cette prise de décision avait un tout autre sens en Pologne occupée. Aide et répression en Pologne occupée (Cliquer pour agrandir) – Carte www.zyciezazycie.plCartes ci-dessus: les repères concernent essentiellement des personnes et leur famille qui ont été honorées du titre de Juste parmi les Nations par Yad Vashem. Source Życie za życie – En mémoire des polonais qui ont risqué leur vie en sauvant des juifs. www.zyciezazycie.pl
Sa présence dans le ghetto durant la guerre a permis d’apporter aide et assistance à de nombreux juifs. Une plaque commémorative rappelle sa présence, son histoire, l’aide et le sauvetage de juifs, en polonais, en allemand et en hébreu. En effet, de nombreux juifs et leurs familles eurent recours aux services de l’hôpital et à la protection du père Z. Michelis et de la mère supérieure Józefa Borsch, ainsi qu’à l’assistance de nombreux médecins et infirmières. De nombreuses réunions clandestines se tinrent également dans l’enceinte de l’hôpital. C’est aussi par l’hôpital que de la nourriture pu être apportée vers l’intérieur du ghetto. Hôpital évangélique – Rue Karmelicka à droite, rue Mylna à gaucheLa plaque aujourd’hui visible sur le bâtiment Nowolipie 9/11 a été apposée par la fondation de l’hôpital évangélique de Varsovie, la ville allemande de Delmold et l’église évangélique allemande de Lippe. Delmold est la ville natale de Jürgen Stroop, le général SS qui dirigea l’écrasement de l’insurrection et la destruction du ghetto de Varsovie en 1943.
Dès que l’on gratte un petit peu sous les pavés ou l’asphalte de Varsovie, l’histoire et les images du passé resurgissent.
Les travaux qui ont actuellement lieu dans le petit parc qui se trouve devant le cinéma Muranów ont mis au jour des éléments de fondations des immeubles qui se trouvaient aux numéros 1 et 3 de la rue Przejazd, une rue aujourd’hui disparue.
Les fondations de l’immeuble qui était situé au numéro 1 de la rue Przejazd et qui faisait l’angle avec la rue Leszno (actuelle avenue Solidarité – Solidarność) par sa façade située au numéro 2 ont été mises au jour.
Le grand immeuble de style classique a été édifié vers les années 1791-1792 pour le compte du propriétaire et marchand de bières Karol Martin au temps du roi Stanisław August. La façade la plus imposante donnait sur la rue Leszno. Durant l’entre-deux guerres, cet immeuble qui avait perdu son architecture originale, et qui disposait de deux cours intérieures abritait un café, le cinéma Era ainsi que le restaurant-Bar Central de Izaak Gertner.
Dans l’immeuble Martin du numéro 2 de la rue Leszno, durant la seconde moitié du XIXème siècle, se trouvait le café de Maria Dębska. Ensuite, avec le retour de l’indépendance après la première guerre mondiale, l’immeuble abrita l’Association des artistes de scène juifs, une bibliothèque, une salle de conférence et un club. Egalement un café tenu par Izaak Ajzenberg. Il y avait aussi le cinéma Riviera qui exista jusqu’au début de la guerre (qui succéda au cinéma Era).
Pendant la guerre, l’immeuble se retrouva inséré à la limite est du ghetto nord, où se trouvait une des portes d’accès principales qui fonctionna de novembre 1940 jusqu’à février 1942.
L’immeuble abrita le café Sztuka qui s’était installé dans les anciens locaux du restaurant de Izaak Gertner. Le café se présentait sous la forme d’un cabaret littéraire où se produisirent les pianistes Władysław Szpilman (le pianiste du film de Roman Polański qui avait abandonné ses concerts au Nowoczesny (le Moderne) pour venir jouer au café Sztuka, et Artur Goldfeder, les pianistes jouant également en duo, la célèbre chanteuse d’avant-guerre Wiera Gran (Weronika Grinberg), également l’auteur et poète Paula Braun, l’actrice et chanteuse Diana Blumenfeld, la chanteuse Marysia Ajzensztadt, le poète Andrzej Włast (Gustaw Baumritter), le poète et auteur Władysław Szlengel et bien d’autres. Là se réunissaient une intelligenstia juive assimilée. Le café Sztuka devint l’un des lieux de la vie musicale et littéraire dans le ghetto. Szpilman écrivit la célèbre chanson « Son premier bal (audio ♫) » qui fut interprétée par Wiera Gran.
Le café était composé d’une salle de concert et d’un bar.
Durant cette période tragique du ghetto, il régnait au café Sztuka une ambiance quelque peu hors du temps, « une sorte de snobisme, d’aristocratie, d’élégance factice » rapporte Mary Berg dans son journal du ghetto.
Maria (Marysia) Ajzensztadt (1921-1942)
Elle était la fille de Dawid Ajzensztadt, le dirigeant des chœurs de la synagogue Nożyków et de la grande synagogue de Varsovie. Son répertoire englobait aussi bien la chanson populaire que des arias d’opéra. Elle était aussi pianiste, instrument qu’elle étudia avec Maria Bar puis avec Zbigniew Drzewiecki. Au cours de l’année 1940, la famille envisageait de partir à l’étranger, mais le ghetto fut définitivement bouclé en novembre 1940. Dès cette période, elle débuta comme chanteuse professionnelle et sa voix devint célèbre dans le ghetto à tel point qu’elle fut surnommée le rossignol du ghetto. Szpilman, le pianiste, dit par la suite que si elle avait survécu à la guerre, elle aurait été connu par des millions d’auditeurs. Elle était accompagnée par Ignacy Rosenbaum et parfois Ruth Zandberg. Son timbre de voix la classait parmi les sopranos lyriques, avec une couleur inhabituelle. Malgré son jeune âge, son large répertoire pouvait aborder des pièces de Schubert, Mendelssohn, Schumann, Puccini, Verdi, Mozart, Rossini, Rimski-Korsakov. Son talent était infiniment reconnu et les éloges pouvaient se lire dans la Gazette juive (Gazeta Żydowska). De même que sa beauté et ses traits de caractère étaient très appréciés.
Marysia Ajzensztadt
Durant la période du ghetto, elle se produisit au Femina (rue Leszno 35) puis au café Sztuka (rue Leszno 2). Marysia Ajzensztadt est morte dès les premiers jours des grandes aktions de déportation d’août 1942. Elle aurait été tuée lors de la séparation avec son père et sa mère sur la rampe d’Umschlagplatz, lorsqu’elle aurait accouru auprès d’eux alors qu’on les poussait vers le wagon.
L’immeuble Leszno 2 abritait aussi le centre Centos, l’oganisation centrale pour la protection des orphelins. L’organisation avait établi durant l’entre-deux guerres une maison de repos et une autre pour les enfants, ainsi qu’une institution de médecine et organisait aussi des colonies pour l’été. Durant l’occupation et la période du ghetto, le centre Centos était dirigé par l’avocat Briański puis le docteur Adolf Berman et Józef Barski. De nombreuses autres personnalités s’investissaient dans l’organisation dont Yehudit Ringelblum, la femme de Emanuel Ringelblum. Selon des données datant de 1942, l’organisation Centos fournissait une centaine de points de distribution qui alimentaient 45 000 enfants du ghetto.
L’immeuble se trouvait à une centaine de mètres de la grande synagogue Tłomackie.
Le café fut fermé durant les déportations de l’été 1942. Le bâtiment fut partiellement incendié durant l’insurrection du ghetto. Il abrita ensuite des combattants lors de l’insurrection de Varsovie en 1944, période durant laquelle Marek Edelman s’y trouva quelques temps. Les ruines du bâtiment furent détruites avec d’autres aux alentours en 1946 avec le début de la reconstruction et l’élargissement de la rue Leszno qui fut transformée en avenue. Sztuka signifie l’Art.
Liste des abonnés du téléphones du 2 rue Leszno – Annuaire 1938-1939
Bellman Icek
Blejwas Racja, confiserie
Gertner Izaak, restaurant
Goldsztejn A., atelier d’électrotechnique
Kino Riviera, cinéma
« Polo », vente de bougies et de savons
Sztark A., vente de papier, matériel de bureau et de livres comptables
Une partie des sources présentées ici provient des ouvrages de Jacek Leociak et Jerzy Majewski
Marianna Krasnodębska (et sa famille) a été honorée en 2001 du titre de Juste parmi les Nations pour le sauvetage de Józef, Moszek et Mordka Honig, Godel Huberman, Mendel Plinka, Aron Pindel, Hersze Apel, Icel Nudel, Mosze Susak, Szmul Wajzer, Szloma Tajerstan, Wolf Lewin et ses filles Hana et Gertrude. Marianna est née Jarosz en 1923.
La Pologne est le premier pays par le nombre de personnes honorées du titre de Juste parmi les Nations par Yad Vashem, mais en fait, j’ai l’intime conviction que ce nombre doit être beaucoup plus élevé. En effet, nombre de familles et polonais se sont tu à la fin de la guerre par peur de représailles pour avoir caché ou sauvé des juifs, de plus le sauvetage d’un seul juif, notamment en ville, nécessitait l’implication de nombreux polonais.
Beaucoup d’entre-vous qui lisent mes articles ne portent pas les polonais dans leur cœur, je peux le comprendre sans problème vu des réalités passées et également un bruit médiatique parfois loin de refléter les réalités de cette période de la guerre dans ce pays.
En Pologne occupée, le sauvetage de juifs avait pris une dimension tout à fait particulière. Aider un juif, lui donner à boire, à manger, le cacher était puni de mort. La sentence était exécutée sur le champ pour le contrevenant et pour les membres de sa famille, généralement devant la maison, au fond du jardin. Des centaines de polonais et de familles polonaises ont été exécutés de cette manière durant la guerre. Il est bon de le savoir.
Source: «Les polonais qui ont sauvé des juifs durant l’holocauste». Un livre édité par le Musée de l’Histoire des Juifs Polonais et par la Chancellerie de la présidence de la République de Pologne, et qui présente l’histoire de 128 Justes.
Partant du constat que votre famille était inévitablement condamnée s’il était advenu que l’on apprenne que vous cachiez des juifs chez vous, souvent par la dénonciation de voisins, qu’auriez-vous fait ? Telle est l’une des questions qui mérite d’être posée par tout un chacun avant de porter certains jugements à l’emporte-pièces.
Je pense que tous ces gens qui ont sauvé des juifs ne se sont finalement pas vraiment posé cette question.