Visite de l’ancienne synagogue de Piotrków Trybunalski

La synagogue devenue bibliothèque municipale

La grande synagogue a été édifiée entre 1791 et 1793 probablement sous la houlette du célèbre architecte David Friedlander. Restaurée durant la seconde moitié du XIXème siècle dans un style oriental mauresque elle fut dévastée durant la guerre puis reconstruite dans les années 1960.

Ancienne salle de prières de la synagogue de Piotrków Trybunalski
Ancienne salle de prières de la synagogue de Piotrków Trybunalski (Cliquer pour agrandir)

Les élévations extérieures ont fait l’objet d’une complète rénovation ces dernières années. Une ancienne maison de prière est mitoyenne à la synagogue.
Les juifs sont arrivé à Piotrków Trybunalski au début du XVIème siècle. Quelques décennies plus tard, ils représentaient un peu moins de la moitié de la population avec 2000 personnes. Durant l’entre-deux guerres, on dénombrait plus de 11 000 juifs en ville, soit 24% de la population.
Les allemands établirent un ghetto en octobre 1939 regroupant plus de 9000 juifs dans un secteur constitué par le quartier juif. Il s’agissait alors du premier ghetto installé par les allemands en Pologne occupée. De nombreux autres juifs d’autres villes rejoignirent le ghetto et sa population s’éleva à 29 000 habitants l’année suivante. Il fut liquidé en octobre 1942.
Après la guerre, on dénombrait encore 372 juifs à Piotrków Trybunalski qui quittèrent le pays les années suivantes.

Depuis les années 1960, de très nombreux films ont été tournés à Piotrków Trybunalski, dans ce cadre particulier et préservé d’un centre ville à l’architecture typique d’une ville polonaise agencée autour de sa place du marché. C’est notamment le cas du film Jacob le menteur (Jakob the liar) avec comme vedette principale Robin Williams. Le centre ville ayant été rénové ces dernières années, le cadre un peu délabré de la vieille ville a disparu et risque de moins attirer les producteurs en recherche d’une identité plus ancienne.

Petite histoire de tramways

Un tramway ancien, comme témoin du passé

Deux rames de tramway utilisées lors du tournage du film « Le Pianiste » de Roman Polański.
La particularité est que l’une des deux, la numéro 43 (au bas de l’article), a traversé le ghetto de Varsovie en octobre 1941 avec un macaron à l’étoile de David installé au dessus de la cabine du chauffeur.

Film le pianiste, reconstitution de la passerelle du ghetto
Film le pianiste, reconstitution de la passerelle du ghetto – Photo Jacek Kaczmarek (Cliquer pour agrandir)

Tramway N° 257 Type C – Fabricant : Lilpop, Rau et Loewenstein, Varsovie – Equipements électriques : Siemens Schuckert
Longueur avec les tampons : 9,70 mètres
Largeur maximale : 2,20 mètres
Hauteur maximale : 3,425 mètres
Poids : 11,5 tonnes
Places assise/debout : 24-26/39
Date de fabrication : 1925
A circulé jusqu’en janvier 1973 et a été restaurée dans les années 90.

Un tramway témion du ghetto de Varsovie
Un tramway témion du ghetto de Varsovie (Cliquer pour agrandir)

Tramway N° 43 Type A – Fabricant : Falkenried, Hamburg – Equipements électriques : Siemens Schuckert à Hamburg
Longueur avec les tampons : 9,70 mètres
Largeur maximale : 2,20 mètres
Hauteur maximale : 3,425 mètres
Poids : 11,5 tonnes
Places assise/debout : 24-26/39
Date de fabrication : 1907
Restaurée en 1996.

Comme quelques autres rames de tramways anciennes, elles sont inscrites au registre des monuments.

Une journée à Płock

Traces d’une vie juive disparue

Płock est une ville située à 110 km nord-ouest de Varsovie dans la région de Mazovie.
L’ancien cimetière juif n’existe plus, c’est aujourd’hui un parc. Le nouveau cimetière juif est toujours présent, quelques tombes subsistent à côté d’un mémorial déjà ancien. La dernière inhumation remonte à 1968. La synagogue a été entièrement restaurée et fait aujourd’hui partie intégrante du musée de Mazovie, elle est dédiée à la culture juive. L’ancien mikveh a été entièrement restauré et abrite une galerie d’art. Ces 2 derniers bâtiments ont été brillamment restaurés et révèlent leur architecture originale.

La synagogue de Płock avant sa restauration
La synagogue de Płock avant sa restauration (Cliquer pour agrandir)

La synagogue de Płock une fois restaurée
La synagogue de Płock une fois restaurée (Cliquer pour agrandir)

Subsistent également le bâtiment de l’ancien hôpital juif Izaak Fogl qui abrite des petites entreprises locales et quelques immeubles de l’ancien quartier juif puis ghetto durant la guerre.

Ancienne banque Wilhem Landau

Découverte de l’immeuble du 38 de la rue Senatorska

L’immeuble de style Art Nouveau qui abritait le siège de la banque Wilhem Landau a été édifié sous la houlette des architectes Stanisław Grochowicz et Gustaw Landau-Gutenteger (un architecte juif très talentueux qui réalisa également le siège de la banque Landau de Łódź ainsi que de nombreux autres immeubles de cete ville) entre 1904 et 1906. La banque, alors dirigée par les successeurs de Wilhem Landau (un banquier établi à Varsovie depuis le milieu du XIXème siècle et décédé en 1899), était l’une des plus importantes banques de la capitale. Elle fut liquidée en 1925 et le bâtiment devint propriété de la banque industrielle polonaise qui elle-même fut liquidée après le crack boursier de 1929. Dès le déclenchement de la guerre en septembre 1939, l’immeuble abrita un hôpital des chevaliers de l’ordre de Malte. Après la guerre, le lieu devint le centre de la propagande du parti communiste, c’est à cette époque que la grande coupole qui avait survécu à la guerre fut démolie. Néanmoins, l’immeuble conserva son aspect original. L’institut français siégea là dans les années 1990 et aujourd’hui c’est l’association Parc Miniature de la région de Mazovie qui expose ses superbes maquettes des bâtiments et monuments emblématiques disparus de la ville de Varsovie.

L'immeuble de l'ancienne banque Wilhem Landau
L’immeuble de l’ancienne banque Wilhem Landau à Varsovie (Cliquer pour agrandir)

L’immeuble offrait des solutions techniques modernes pour l’époque comme le chauffage central, la plomberie, la climatisation, une installation électrique et l’approvisionnement en gaz. Sous la coupole qui laissait passer la lumière se trouvait une grande verrière ornée de vitraux et en son centre dotée d’une horloge. Le sol de l’ancienne salle d’accueil de la clientèle est toujours décoré avec les faïences d’origine qui représentent des feuilles d’érable. La salle des coffres avec ses portes blindées est toujours visible.

La grande synagogue de la place Tłomackie se trouvait à une cinquantaine de mètres de là.
Découvrir le site web de l’Association Park Miniatur de la région de Mazovie.

Vestiges dans la rue Zielna

Quand l’histoire refait surface

La rue Zielna est une rue perpendiculaire à la rue Próżna, l’ancienne rue juive en partie restaurée et aujourd’hui parcours incontournable des visites guidées. Sur les 52 immeubles qui s’élevaient dans la rue Zielna avant la guerre, il n’en reste plus que 3 visibles aujourd’hui.
Le numéro 33, qui a sombré dans l’oubli depuis bien longtemps, refait surface avec les travaux d’aménagement qui ont mis au jour une partie de ses caves. Comme toujours, à Varsovie, quand on gratte un peu le sol, un bout d’histoire refait surface. En 1945, de cet immeuble de 2 étages,il ne restait plus que quelques murs.

Vestiges d'avant guerre au 33 de la rue Zielna à Varsovie
Vestiges d’avant guerre au 33 de la rue Zielna à Varsovie (Cliquer pour agrandir)

Une de ses particularités ? son arrière-cour donnait directement sur l’ancien bazar juif (Pociejów) de la rue Bagno, un réseau d’arrière-cours situé de part et d’autre de la rue Bagno aujourd’hui disparues et où des juifs s’étaient établi au XIXème siècle et commerçaient ferrailles, chiffons et rebuts en tous genres.
Après le bouclage du ghetto en novembre 1940, cet immeuble se retrouva positionné juste à la limite est du petit ghetto, un mur devait très certainement couper son arrière-cour en deux comme toutes les autres arrière-cours de la rue Zielna, laissant ses immeubles du côté aryen.

A la lecture de l’annuaire des abonnés du téléphone pour la période 1937-1938, il semble qu’une partie de ses habitants étaient juifs.
Cukierowie S. et J. Médecin dentiste et ingénieur,
Imprimerie « Warszawska »,
Goldstern M. N.,
Kalinowkier Izaak,
Kuczbard Róża, atelier de réparation de radios,
Rajs Frajda, brasserie,
Trefler N.,
Tysler Aron Chaim.

Topologie du côté de la rue Zielna à Varsovie
Topologie du côté de la rue Zielna à Varsovie – Source mapa.um.warszawa.pl (Cliquer pour agrandir)

En vert l’ancien bazar juif Pociejów, en rouge les murs du ghetto qui ferment les rues.

Disséquer une vidéo du ghetto de Varsovie

ou comprendre l’image

Vues de l'intérieur du ghetto de Varsovie
Vues de l’intérieur du ghetto de Varsovie (Cliquer pour lancer la video)

Arrivée de réfugiés juifs à l’ancienne bibliothèque hébraïque (vue actuelle), aujourd’hui institut historique juif de Varsovie. La grande synagogue (disparue) se trouvait juste à la gauche du caméraman.
5:00 – Adam Czerniaków Président du Judenrat s’entretient avec des membres. Adam Czerniaków a été nommé président du Judenrat par l’occupant, son rôle était de coordonnéer la vie dans le ghetto en fonction des contraintes imposées par les allemands. Il s’est suicidé le 23 juillet 1942, lors des premières aktion des grandes déportations. A l’origine, le Judenrat se trouvait dans le bâtiment de la communauté juive de Varsovie, rue Grzybowska, il fut par la suite transféré, après la liquidation du petit ghetto, rue Zamenhof dans le bâtiment de l’ancienne prison militaire, autrefois caserne des gardes de la couronne. Le musée de l’histoire des juifs polonais se situe aujourd’hui à peu près au même endroit.
7:30 Police juive du ghetto.
Nombreuses séquences tournées dans la rue Gęsia. Un grand marché à ciel ouvert se tenait dans les environs, à côté de la prison, à l’intersection actuelle de la rue Anielewicz et de l’avenue Jean-Paul II. Plusieurs marchés avaient pris forme dans le ghetto où les juifs commerçaient tout ce qui pouvait l’être en échange de denrées ou de quelques monnaies pour acheter un peu de nourriture.
12:00 Juifs emmenés à la prison de la rue Gęsia (ancienne prison militaire). Des rafles et arrestations étaient effectuées à l’intérieur du ghetto par la police juive, c’était souvent les plus démunis qui se retrouvaient là. Ils furent les premiers déportés lors de l’été 1942.
Séquences tournées dans une cour de la prison (gérée par le Judenrat).
16:20 vue extérieure de la prison depuis la rue Gęsia (aujourd’hui rue Anielewicz-vue actuelle).
16:30 vue du marché où les juifs troquaient un peu de tout pour pouvoir survivre (vue actuelle).
16:40 rue Gęsia (vue actuelle). En marchant 200 mètres plus loin (vers l’ouest), on arrive aujourd’hui au Musée de l’Histoire des Juifs Polonais.
16:45 rue Gęsia avant le marché, direction est. Au bout de cette rue se trouve le cimetière juif de la rue Okopowa.
Vues du marché et de la prison. Séquences qui suivent, la prison. Cette prison ne doit pas être confondue avec la grande prison Pawiak de la capitale, située non loin.
26:45 Séquences tournées rue Okopowa qui était coupée en 2 par le mur du ghetto.
27:20 Croisement des rues Okopowa et Gęsia (vue actuelle). Sur la gauche une ouverture dans le mur du ghetto afin de pouvoir accéder au cimetière juif (celui qui est visité aujourd’hui). Séquences suivantes dans le cimetière juif.
Les juifs étaient enterrés pour certains soit dans le cimetière juif, pour l’immense majorité des autres dans des fosses communes creusées là où se trouvaient avant la guerre les deux terrains de football mitoyens au cimetière, du club Skra (Stadion Sportowego Klubu Robotniczo-Akademickiego) où jouaient les équipes juives Skra et Gwiazdy (Etoiles).
31:00 Juifs avec des brouettes chargées de cadavres longent le mur du cimetière juif (non visible à gauche – Vue actuelle). Au fond les immeubles de la rue Okopowa, à droite les anciens terrains de football (site où se trouvaient les stades de football du club Skra).
Les fosses ont été mises à jour dans les années 1960 lors de l’urbanisation du quartier. Les ossements ont été rassemblés dans un mémorial aujourd’hui visible à proximité du cimetière, à côté de l’immeuble de la fondation Nissembaum (site actuel du mémorial des fosses communes et de l’association Nissenbaum).
Toutes les séquences de la prison et du marché ont été tournées à l’endroit actuel visible ici (intersection actuelle de la rue Anielewicz et de l’avenue Jean-Paul II ) Tout a disparu lors de la destruction du grand ghetto en avril/mai 1943.

> Ce film tourné en 35 mm est datée de mai 1942 et a été réalisé par une équipe de la propagande allemande. Cette date de tournage au mois de mai est relevée dans les archives de Czerniaków et de Ringelblum.
Il a été tourné à des fins de propagande afin de montrer au public un mode de vie dégradant qui aurait été dans l’habitude des juifs, en omettant bien-sûr, nombre d’aspects concernant l’enfermement, les restrictions, les maladies et l’oppression de l’occupant allemand.
Le personnage qui est arrêté et emmené par la police juive (7:50 mn) me semble être une mise en scène, car cette séquence est filmée sous 3 plans différents et le prisonnier porte des bottes comme les policiers qui l’entourent.

Voir la carte intéractive du ghetto de Varsovie.

Sur les traces de Shoah à Grabów

Grabów en région de Łódź (Łódzkie) est une bourgade située à une quinzaine de kilomètres du centre d’extermination de Chełmno.

La synagogue de Grabów
La synagogue de Grabów (Cliquer pour agrandir)

L’ancienne synagogue de Grabów est aujourd’hui située sur un terrain privé et inutilisée. Édifiée durant la seconde moitié du XIXème siècle, elle fut dévastée par les allemands, puis transformée en entrepôt et magasin de meubles après la guerre.
C’est devant la synagogue que Claude Lanzmann, pour son film Shoah, a lu la lettre du rabbin de Grabów, Jakub Schulman, lettre que ce dernier avait envoyé à ses amis de Łódź.
Grabów le 19 janvier 1942
Mes très chers,
Je ne vous ai pas répondu jusqu’ici car je ne savais rien de précis sur tout ce qu’on m’a dit. Hélas, pour notre grand malheur, nous savons déjà tout maintenant. J’ai eu chez moi un témoin oculaire, qui grâce à un hasard, fut sauvé. J’ai tout appris de lui. L’endroit où ils sont exterminés s’appelle Chełmno, près de Dąbie, et on les enterre tous dans la forêt voisine de Ruchów. Les juifs sont tués de deux manières, par les fusillades ou par les gaz. Depuis quelques jours, on a même des milliers de juifs de Łódź et on en fait de même avec eux. Ne pensez pas que tout ceci soit écrit par un homme frappé de la folie, hélas c’est la tragique, l’horrible vérité. Horreur, horreur, homme ôte tes vêtements, couvre ta tête de cendres, cours dans les rues et danse, pris de folie. Je suis tellement las que ma plume ne peut plus écrire, créateur de l’univers, viens-nous en aide.

Découvrir l’ancien Le shtetl de Grabów, la synagogue et le cimetière juif.