La mort d’un cimetière juif

Une destruction irrémédiable

L’actualité récente de Błonie, cette petite bourgade située à l’ouest de Varsovie illustre dans une certaine mesure la perception que peuvent avoir aujourd’hui certains polonais à l’égard des communautés juives disparues, dans un pays où des chiffres évaluent la population actuelle juive à 8000 âmes sur 35 millions d’habitants, soit 0,00025% de la population…
Alors que l’on commémore le 70ème anniversaire de l’insurrection du Ghetto de Varsovie et que l’on inaugure le Musée de l’Histoire des Juifs de Pologne non loin de là, un ou quelques individus ont pénétré sur les vestiges de l’ancien cimetière juif de Błonie pour briser à coups de masse les dernières pierres tombales encore existantes.

Le cimetière - The cemetery - Blonie
Le cimetière – The cemetery – Blonie
Le propos n’est pas ici de faire porter une responsabilité aux habitants de cette petite ville bien évidemment, en tant que français, je serai bien mal placé pour donner des leçons là où de nombreuses attaques antisémites jalonnent l’actualité de mon pays. Il est simplement d’exprimer ma profonde amertume et ma colère devant l’impact que peut représenter cet événement face aux multiples actions qui sont menées depuis maintenant de très nombreuses années pour restaurer et réhabiliter à travers tout le pays des cimetières juifs et d’autres lieux de mémoire juive.
Mais à Błonie, les dernières tombes juives que j’avais eu l’occasion de découvrir il y un peu plus d’un an ont été détruites.
Irrémédiablement…

Découvrir le cimetière juif de Błonie sur Shabbat Goy.

Neuvième édition du festival international « Motifs juifs »

Kino Muranów – Edition 2013

Du 23 au 28 avril 2013 se déroulera au cinéma Muranów (ul. Andersa 5) à Varsovie la 9ème édition du festival international cinématographique «Motifs juifs».

Découvrir la liste des films sur le site du festival.

Les films et documentaires sont présentés au public tout le long de la semaine. Les projections sont réalisées avec un système de sous-titrage en anglais et en polonais.

Edition 2012.

Muranów, une histoire en deux mots…

De Murano à ghetto, naissance et mort d'un quartier - Photo © Bundesarchiv
De Murano à ghetto, naissance et mort d’un quartier – Photo © Bundesarchiv

Murano

Murano est le nom d’une petite île située à quelques encablures au nord de la cité de Venise.
Murano était et est toujours internationalement connue pour ses fabriques et ses artisans souffleurs de verre. Cette longue tradition remonte au XIIIème siècle lorsque les artisans verriers furent obligés par le Sénat de la République de Venise d’aller s’installer sur l’île de Murano afin de limiter au maximum tous risques d’incendies provoqués par les fours dans l’enceinte de la cité. Le savoir-faire et l’organisation professionnelle des artisans et des maitres verriers était alors très étroitement encadrée et surveillée afin que les secrets de fabrication restent confinés pour alimenter le juteux commerce du verre en Europe à tel point que même le verre brut ne pouvait être exporté.
Sous le règne de Louis XIV, Colbert alors ministre des finances du roi, fît venir des artisans vénitiens moyennant compensations financières afin d’acquérir leur savoir-faire qui fût mis en œuvre dans le cadre de la réalisation de la galerie des glaces lors de la construction du château de Versailles. Dès 1665, il établit le projet de création de la Manufacture royale de glaces de miroirs dans la commune picarde de Saint Gobain, devenue aujourd’hui la société éponyme Saint Gobain que l’on connait.

De Murano à Muranów

Au XVIIème siècle, un architecte italien du nom de Giuseppe Simone Bellotti (-1708), natif de l’île de Murano, vint exercer ses talents en Pologne sous le règne des rois Michał Korybut Wiśniowiecki (1669-1673) et Jan III Sobieski (1674-1696). A cette époque de nombreux artistes et architectes italiens vinrent en Pologne où ils introduisirent et développèrent, pour le compte de familles royales, de la noblesse et du clergé, le style baroque polonais que l’on retrouve aujourd’hui à travers des monuments, des églises et certaines synagogues. En 1688, il se maria avec Marianna Olewicka et s’installa dans un manoir dont il donna le nom de Murano. Ce manoir se trouvait alors dans les environs de l’actuelle place Muranowski à Varsovie.
Lorsque les juifs installés dans les environs de Varsovie depuis leur expulsion de 1527 purent revenir en ville, beaucoup s’établirent dans la rue Nalewki dès la fin du XVIIIème siècle qui devint par la suite la principale artère du quartier Muranów, le cœur du quartier juif de Varsovie.

Getto

De tous temps, les juifs se sont regroupés autour d’une ou plusieurs rues, souvent pour former un quartier juif. Ces regroupements étaient essentiellement motivés par des considérations religieuses (le miniane, proximité de la synagogue…) et par la proximité de lieux communautaires. Les communautés exerçaient alors une forme autonome de fonctionnement. En France au moyen-âge, on appelait ces quartiers juiveries et dans le sud de la France, on faisait référence à carriere. C’est après le concile de Latran en 1215 que le confinement des juifs dans un espace réservé fut recommandé.
L’origine la plus probable du mot tire sa source du mot vénitien getto qui signifie fonderie et qui désignait le quartier de Venise où on fondait les bombardes. Suite à un décret publié en 1516, les juifs de Venise durent s’installer dans ce quartier qui était délimité à l’origine par quelques rues. A travers toute l’Europe, durant de nombreux siècles, les juifs furent souvent confinés dans des quartiers réservés. L’un des plus fameux en Pologne était celui de Kazimierz, autrefois instauré dans le faubourg sud de Cracovie.

Ghetto

Mais c’est durant la seconde guerre mondiale que ce mot pris toute son ampleur en Pologne avec la création de plus de 400 ghettos par les nazis, et notamment le plus emblématique, le ghetto de Varsovie qui fut établi principalement dans le quartier juif de Muranów.

De Murano à ghetto, tel est le destin de deux mots vénitiens étroitement liés à la naissance et à la disparition du quartier juif de Muranów de Varsovie.

Décoration murale – Wall ornament – Magen David

Metal serie Judaica © Tolonensis Creation

Très bientôt, les premiers modèles des décorations murales en métal sur le thème JUDAICA seront proposés à la vente. Ci dessous le premier modèle Magen David.
» Pour plus d’informations contacter Shabbat Goy.

Very soon, the first models of JUDAICA Metal Wall ornaments designed by Shabbat Goy will be available for sale. Hereafter the first model Magen David.
» For further information feel free to contact Shabbat Goy.

Art juif - Jewish Art - Décoration murale - Wall ornament MAGEN DAVID © Tolonensis Creation
Art juif – Jewish Art – Décoration murale – Wall ornament – MAGEN DAVID © Tolonensis Creation

Caractéristiques
Diamètre: 40 cm
Support: acier qualité découpé laser
Épaisseur: 2 mm
Poids: 1 kg
Peinture: Électrostatique et cuisson au four
Couleur: RAL 9004 Noir mat
Features
Diameter: 15.75 in.
Support: Steel laser cut
Thickness: 2 mm
Weight: 2.20 lb
Painting: Oven baked powder coating
Colour: RAL 9004 Black mat

Une famille polonaise ordinaire

Le tragique destin de la famille Ulma

Avant Propos : Dans les pays de l’est, la répression n’avait aucune commune mesure avec ce qui pouvait se passer dans les pays occupés de l’ouest, comme en France. En Pologne, cacher un juif était puni de la peine capitale et la sentence était exécutée immédiatement. De plus, cette sentence était appliquée non seulement au chef de famille ou à celui qui avait caché des personnes, mais également à toute sa famille, aux personnes présentes au moment de l’arrestation. De fait, des familles entières ont été exécutées après découverte d’une cache, bien souvent suite à une dénonciation. Il était aussi dangereux pour un polonais de cacher un juif des allemands que de ses voisins.

Une famille paisible : Markowa est une bourgade de 4500 personnes située à 5 kilomètres au sud-est de Łancut où vivait la famille Ulma, une famille modeste, catholique. Józef Ulma, 44 ans, était diplômé d’une école d’agriculture et exerçait des activités agricoles, d’apiculture et possédait un élevage de vers à soie, il était issu d’une famille pauvre. Józef était marié à Wiktoria, 32 ans. Ils vivaient simplement dans ce petit village de Basses-Carpathes, avec leurs 6 enfants, Stanisława (8 ans), Barbara (6 ans), Władysław (5 ans), Franciszek (4 ans), Antoni (3 ans) et Maria (18 mois). La famille Ulma attendait leur septième enfant et Józef avait une passion pour la photographie.
Dès le début de l’occupation, Józef s’était impliqué dans l’aide d’une famille juive et c’est au milieu de l’année 1942 qu’il pris la décision de cacher 8 juifs sous son toit. En dépit de la terrible menace qu’il faisait courir à sa famille, lui et sa femme accueillirent un commerçant juif en négoce de bovins du nom de Szall avec ses 4 garçons ainsi que Gołda et Layka Goldman et sa fille.

Wiktoria Ulma et ses six enfants
Wiktoria Ulma et ses six enfants

Le jour du drame

Le 24 mars 1944, vers 5 heures du matin, un groupe de 4 gendarmes allemands venant de Łańcut et de 4 policiers bleus encercla la maison de la famille Ulma suite à une probable dénonciation d’un policier polonais originaire de Galicie nommé Włodzimierz Lesia qui avait saisi les biens de la famille Szall et avait caché ces derniers tant qu’ils pouvaient monnayer leur protection. Lorsque les Szall eurent épuisé leur argent alors que le policier avait conservé leurs biens, il les expulsa. Dès qu’il appris leur nouvelle cache, il les dénonça aux autorités d’occupation.

Les allemands pénétrèrent dans la maison et tuèrent tous les juifs. Ils firent sortir Józef et Wiktoria et les exécutèrent devant leur maison. Devant les hurlements des enfants Ulma, l’officier allemand Eilert Dieken décida de leur exécution et les enfants furent également tués. Les policiers bleus assistèrent à la scène ainsi que des charretiers que l’on avait amené là pour récupérer des affaires et emmener les corps; ils restèrent marqués toute leur vie par la terrible scène dont ils furent témoins. L’un des policiers allemands tua 4 enfants et détroussa Gołda Goldman de ses objets de valeur. Sur ordre des allemands, les victimes furent enterrés et une semaine plus tard des hommes du village revinrent et les mirent dans des cercueils.
Jozef et Wiktoria Ulma
Jozef et Wiktoria Ulma
Au moins 5 familles de Markowa cachèrent plus d’une vingtaine de juifs qui survécurent et partirent s’installer aux États-Unis, au Canada et en Israël après la guerre.
L’un des policiers bleu retrouvé par la résistance polonaise fut jugé et exécuté. Le lieutenant Eilert Dieken qui vivait en Allemagne de l’ouest fut reconnu coupable et condamné par la justice allemande en 1960 mais il s avéra qu’il était déjà mort. Joseph Kokott, le policier allemand qui avait exécuté quatre des enfants fut retrouvé en 1957 en Tchécoslovaquie où il vivait caché, il fut jugé et condamné par le tribunal de Rzeszów en Pologne, sa peine fut commuée en détention à perpétuité et il mourut en prison en 1980.
En 1995, la famille Ulma a été honorée du titre de Juste parmi les Nations et une procédure en béatification a été initiée en 2003. En 2004, les autorités communales et régionales ont dévoilé un monument à la mémoire de la famille Ulma. La famille est enterrée au cimetière de Markowa.
Photos de la commémoration du 69ème anniversaire de la disparition de la famille Ulma.
Article wikipedia sur le Sauvetage de Juifs par des Polonais pendant la Shoah.