Les synagogues et le Mikveh de Rozwadów

Rozwadów (Nom yiddish: Rozvedov)  
Podkarpackie – (Voïvodie de Basses-Carpates) 
Adresse: ul. Jagiellońska 11 
(DMS) Latitude: 50°35’29.10″N – Longitude: 22° 2’40.25″E
(DD)  Latitude: 50.59141666 – Longitude: 22.04451388
Rozwadów
Histoire:
Rozwadów est aujourd’hui un quartier de la ville de Stalowa Wola située à une soixantaine de kilomètres au nord de Rzeszów, la capitale de la région de Basses-Carpathes. Stalowa Wola est une ville nouvelle industrielle qui a été créée en 1937 après la découverte d’un gisement de soufre, mais la ville s’est essentiellement développée durant l’ère communiste après la guerre.
Auparavant, Rozwadów était un centre très actif de la vie juive dans cette région. La présence juive remonte à la fin du XVIIème siècle. Leur arrivée est mentionnée par le Seigneur du lieu, Gabriel Rozwadowski qui fait mention de leurs activités de marchands et d’artisans propice au développement de l’activité commerciale de la ville naissante. On recensait 30 familles juives en 1727 résidant dans une trentaine de maisons dont l’une d’entre-elles fut transformée en synagogue.
Au début du XVIIIème siècle, une communauté était déjà établie et possédait une synagogue, une école et un cimetière. La communauté se développa avec l’activité économique stimulée par la voie navigable du fleuve San situé à proximité, affluent de la Vistule et route commerciale entre les cités du nord (Gdańsk) et celles du sud, et par la mise en place de deux marchés hebdomadaires initiés par le Seigneur du lieu, le Prince Lubomirski. En 1765, les juifs représentaient la majorité des habitants de la ville avec 333 personnes.
Durant tout le XVIIIème et XIXème siècle, les juifs furent très actifs dans le développement économique de la ville. Leurs nombreuses activités de commerce s’étendaient à plusieurs domaines comme le négoce de marchandises agricoles, d’animaux, de bois, de textiles, de céréales… Située à la jonction de la Prusse et de l’empire Russe durant les partages de la Pologne, cette situation géographique doublée avec la navigation fluviale sur le San stimula fortement l’économie de Rozwadów.
L’arrivée du chemin de fer au cours du XIXème siècle donna un nouvel élan à l’économie et au développement de la communauté et de la ville.
En 1880, les juifs représentaient 75% de la population avec plus de 1600 âmes. Rozwadów comptait 2 synagogues à cette époque.
Parallèlement à la représentation rabbinique de la communauté juive établie dès le début du XVIIIème siècle et ouverte à l’intégration au sein de la Nation polonaise, le mouvement hassidique fervent adhérent et défenseur de la tradition et souvent en opposition avec la communauté représentée par les rabbins se développa à Rozwadów dès la seconde moitié du XVIIIème siècle. Moshe Horowitz fut le fondateur de la dynastie tsaddique de Rozwadów.
Toutes les personnalités, membres actifs et commerçants juifs de Rozwadów habitaient les maisons autour de la place du marché et certaines rues avoisinantes alors que les juifs plus modestes habitaient la périphérie ainsi que les polonais.
La communauté hassidique possédait sa propre maison de prières (shtibel) ainsi qu’une ancienne synagogue en bois.

Dès le milieu du XIXème siècle, les juifs développèrent des activités industrielles avec la création de manufactures de métallurgie, des tanneries, de chaussures, de chapeaux, des brasseries, des moulins à huile…
Un Beith Ha-Midrash fut édifié en 1910. A cette même époque fut également créée par le Baron Maurice de Hirsch une école élémentaire (Heder).
En 1900 on dénombrait 2950 juifs à Rozwadów, puis 2373 en 1910, soit plus de 70% de la population.

La première guerre mondiale mis un coup d’arrêt à cette activité, de nombreux juifs émigrèrent et les autres furent persécutés par l’occupant russe. De nombreuses boutiques et possessions juives furent également pillés par des paysans des environs. La ville fut à moitié détruite par les bombardements russes sur les positions autrichiennes qui occupaient la ville.
Intégré dans la voïvodie de Lwów après l’indépendance de 1918, Rozwadów retrouva une vie normale et le développement repris. Dans ce nouveau découpage des frontières dans cette région de Galicie occidentale, les juifs représentaient la seconde minorité de population après les ukrainiens. En 1921, ils représentaient à Rozwadów plus de 66% de la population avec 1790 personnes.
Durant l’entre-deux guerres, comme dans le reste du pays, la communauté était très diverse, assimilée, progressiste, orthodoxe et hassidique. Les mouvements politiques se développèrent autour des idées socialistes, du sionisme, du communisme. Les mouvements culturels, sportifs, sociaux se développèrent.
Pratiquement tout le commerce était tenu par les juifs, ils supervisaient l’ensemble des transactions commerciales avec les villages et les paysans de la région. Leur intervention s’étendait sur pratiquement toutes les activités commerciales et de négoce ce qui n’était pas sans parfois poser des problèmes avec les paysans et les autres commerçants polonais qui pouvaient difficilement faire face à la concurrence des prix. Plusieurs domaines d’activités restaient le domaine des chrétiens comme la transformation de produits porcins, la fabrication de sauces, la ferronnerie, la métallurgie, la taille de pierres, la peinture…
Les juifs étaient très présents à travers des entreprises comme Lipschutz qui possédait une station service, Laib Koss, un riche entrepreneur qui dirigeait une fabrique de tuiles et de béton, Meir Hagler et Don Spira qui dirigeaient un moulin (aujourd’hui en ruine) et une scierie, Rappaport qui dirigeait un abattoir qui exportait jusqu’en Angleterre, Lewinger dirigeait quant à lui une entreprise de spiritueux qui fournissait les auberges de Rozwadów et la brasserie tenue par un dénommé Alwaj produisait la célèbre bière Lwów beer. Les juifs étaient également très représentés au sein de l’intelligentsia avec des docteurs, des pharmaciens, dentistes, avocats, hommes de loi, photographe…

On assista à une émigration juive en provenance d’Allemagne vers la fin des années 1930 ainsi qu’à l’arrivée de juifs en provenance d’autres villes avec la création des activités industrielle de la nouvelle ville de Stalowa Wola.

A l’entrée en guerre, on dénombrait environ 2000 juifs à Rozwadów. Un grand nombre d’entre-eux s’enfuirent vers l’URSS ou plus à l’est vers des régions sous domination russe après l’invasion de la Pologne orientale par l’Armée rouge suite au pacte germano-russe de partage de la Pologne. Beaucoup furent encore déportés vers la Sibérie par les autorités russes.
Nombre de juifs furent également envoyés vers la zone russe par l’occupant allemand. Un conseil juif fut mis en place ensuite par les autorités allemandes.
Vers la fin de 1939, on dénombrait environ 200 juifs à Rozwadów. Au printemps 1940, 500 juifs étaient recensés, une partie qui s’était enfui dans les localités voisines revinrent en ville et d’autres en provenance de Cracovie avaient été dirigés là. Interdits de pratiquer toutes activités économiques, ils tombèrent dans une précarité très sévère. Des juifs furent déportés vers Ulanów en 1941. De nombreux autres furent déportés vers Stalowa Wola en provenance de Sieniawa, Lezajsk, Wieliczka, Wolbrom, Przemysl, Rzeszow. Les allemands procédèrent à la liquidation définitive des juifs de Rozwadów dès juillet 1942. Rassemblés sur la place du marché, beaucoup furent tués sur place et les autres dirigés en trains vers des camps de travail de la région.

Certains juifs purent être sauvés grâce à l’aide apportée par leurs voisins catholiques.
Après la guerre, certains juifs qui avaient fuit vers l’est revinrent à Rozwadów et tentèrent de retrouver un semblant de vie mais finalement émigrèrent face aux difficultés et à des manifestations d’antisémitisme.

Synagogues

Il n’existe pratiquement aucune données sur les synagogues de Rozwadów.
Les coordonnées mentionnées en haut indiquent celles de la synagogue en briques édifiée en 1910.
Dévastée durant la guerre, elle fut par la suite utilisée comme boulangerie, bibliothèque et magasin. Elle est aujourd’hui inutilisée.

La vieille synagogue qui se trouvait sur l’actuelle place du marché à hauteur du 7 de la rue Poprzeczna n’existe plus. On ignore quand elle a été exactement édifiée.
Elle fut détruite durant la première guerre mondiale. Elle resta en l’état jusqu’à la seconde guerre mondiale. Ses ruines furent ensuite démolies par les allemands qui utilisèrent la main d’oeuvre juive du camp de travail de Młodynie, le terrain nivelé après la guerre fut transformé en place de marché.
La synagogue présentait de très grandes similitudes architecturales avec celle de Tarnobrzeg.

Bains rituels

L’ancien Mikveh se trouve au bout de la rue Poprzeczna au coin de la rue Kopernika et était mitoyen de la synagogue. C’est aujourd’hui une maison d’habitation.

Ouvrage

Dans le cadre du Dialogue des cultures durant l’entre-deux guerres à Rozwadów, un ouvrage a été publié par le Musée Régional de Stalowa Wola sous la houlette de Leszek Hońdo de l’Institut Judaique de l’Université de Cracovie et rédigé par Elżbieta Skromak sous la référence ISBN 978-83-61032-50-2 en langues polonaise et anglaise et intitulé Żyd mój sąsiad, The jew my neighbour.
Ce livre présente toute l’histoire des juifs de Rozwadów et de nombreuses scènes de vie à partir de témoignages locaux.

Année de la visite: 2007
Remarques:
Plus rien n’indique la présence de l’ancienne synagogue.
On ne possède pas de photographies anciennes la représentant, sauf quelques unes prises durant l’entre-deux guerres où on la voit à l’état de ruines (voir diaporama).

Autre lien à découvrir pour le site de Rozwadów :
  Cimetière

Positionner la figurine sur la carte ci-dessous afin de visualiser en mode Street View.
Visiter le site Web de la ville de Rozwadów