Le musée de l’Histoire des Juifs Polonais

La construction de la mémoire

Le projet de création d’un musée juif a été initié dès 1996 par l’Institut Historique Juif de Varsovie. C’est en 2005 qu’un partenariat public/privé a été établi entre l’association de l’Institut Historique Juif à l’origine du projet et le Ministère de la Culture associé à la ville de Varsovie afin de financer la construction du musée.

Museum of the History of Polish Jews - Le musée de l'Histoire des Juifs Polonais
Museum of the History of Polish Jews – Le musée de l’Histoire des Juifs Polonais (cliquer pour agrandir) © www.shabbat-goy.com

La réalisation du Musée de l’Histoire des Juifs Polonais a été confiée au cabinet finlandais d’architectes Lahdelma & Mahlamäki. Le musée a ouvert ses portes au public en avril 2013, cependant, la grande exposition permanente qui occupera avec plus de 4000 m² le tiers de la superficie totale sera inaugurée le 28 octobre 2014. La réalisation de cette grande exposition unique qui présentera 1000 ans d’histoire de présence juive en Pologne a été confiée au professeur Barbara Kirshenblatt-Gimblett de l’université de New-York et à son équipe.
Le site qui avait été retenu pour l’édification du musée est situé au cœur du quartier Muranów, l’ancien quartier juif de Varsovie, à une soixantaine de mètres du monument des héros du ghetto. Avant la guerre, un tronçon de la rue Zamenhof passait entre le musée et le monument. Jusqu’en 1965 s’élevait sur les nouvelles fondations du musée une ancienne caserne.

De la caserne au musée

Cette caserne (image plus bas) édifiée entre 1784 et 1792 abritait un régiment de l’artillerie de la Couronne et un corps des ingénieurs de la Couronne. Dès le début du XIXème siècle, durant la domination russe, le bâtiment abrita un régiment russe et une école d’officiers. Au milieu du XIXème siècle, la caserne fut transformée en prison militaire, fonction qu’elle occupa jusqu’en 1939. Pendant la seconde guerre mondiale le bâtiment fut intégré dans le grand ghetto. Avec la liquidation du petit ghetto, il abrita le Judenrat jusqu’au soulèvement du ghetto en avril 1943. L’ancienne caserne resta à l’état de ruines jusqu’en 1965, date de sa démolition.

En septembre 2006, une tente (Ohel) présentant une exposition a été élevée sur le futur site de construction. L’acte de fondation pour la création du musée a été réalisé en juin 2007 par le Président de la République Lech Kaczyński avec la pose de la première pierre. En 2009, dans le cadre du tournage du deuxième volet de son triptyque vidéo And Europe will be stunned, l’artiste israélienne Yael Bartana fit édifier le fameux kibboutz Muranów sous le regard curieux et perplexe du voisinage. La construction effective a démarré dans le courant 2009.

Roman Vishniac, arpenteur d’un monde en sursis

Des images pour se rappeler les disparus

On connait peu Roman Vishniac (1897-1990) pour ses photos prises lors de séjours en France avant et après la guerre, comme celle présentée ci-dessous qui met en scène des boules de pétanque*.
* pieds tanqués – pieds joints.

Roman Vishniac - Pétanque
Roman Vishniac – Pétanque (Cliquer pour agrandir) © Mara Vishniac Kohn, courtesy International Center of Photography

Né dans une famille juive de Russie en 1897, Roman Vishniac émigre à Berlin après la révolution bolchevique. Passionné depuis sa jeunesse de photographie, il développe des compétences en tant que photo amateur parallèlement à des études de biologie, domaine où il développera également des techniques liées à la photographie microscopique.
Au milieu des années 1930, il est commissionné par l’American Jewish Joint Distribution Committee afin d’immortaliser sur pellicule les communautés juives d’Europe Centrale et d’Europe de l’Est. Il reviendra de ses voyages avec une collection unique de clichés du Yiddishland aujourd’hui disparu.
C’est en 1983 qu’une sélection de ces photos saisies avant guerre seront éditées dans le magnifique ouvrage A Vanished World (Un monde disparu).
Roman Vishniac - Juifs d'Europe de l'est
Roman Vishniac – Juifs d’Europe de l’est (cliquer pour agrandir) © Mara Vishniac Kohn, courtesy International Center of Photography

Roman Vishniac
Roman Vishniac (Cliquer pour agrandir)
La collection complète des photos de Roman Vishniac repose aujourd’hui au Centre International de la Photographie à New York.

Une exposition en ligne est présentée où on peut découvrir ces photos uniques et bien d’autres inédites.

Aujourd’hui, le magnifique recueil de photographies de Roman Vishniac, Un monde disparu est difficile à trouver et mériterait bien une ré-édition.

L’incident de Bruxelles

La justesse des mots, la délicatesse des médias

L’incident de Bruxelles, cela claque comme un titre de journal…
Journaux du net toutes tendances confondues, j’ai lu hier des articles concernant la tuerie… non, l’incident qui est intervenu en Belgique.
Oui, un incident.
Il est devenu impératif de mesurer ses propos en certaines occasions, des fois que l’on aurait eu affaire à un drame passionnel ou un à un hold-up qui aurait mal tourné, il faut effectivement prendre toutes ses précautions et parler simplement d’incident avant d’aller qualifier de tuerie le fait qu’un individu s’introduise dans un Musée Juif armé d’une kalachnikov pour tuer des gens qu’il ne connait pas.

Petit florilège:
« L’incident s’est déroulé en plein après-midi dans le quartier chic du Sablon »
« Le lien entre cette personne et l’incident n’est pas clair »
« Une personne, qui a admis qu’il était présent au moment de l’incident… »
« Une vidéo de l’incident montre un homme athlétique coiffé d’une casquette entrer calmement dans le Musée juif »
« le ministère de la Justice a lancé une enquête intensive sur l’incident »
« …témoins de l’incident affirment avoir vu deux hommes »
« Une personne, qui a admis qu’il était présent au moment de l’incident »
« …un renforcement de la sécurité et ce pour éviter tout autre malheureux incident »
« …reste « prudente » sur la nature antisémite de l’incident à ce stade de l’enquête »

Mon Larousse fatigué et écorné édition 1987 m’indique qu’un incident est un événement le plus souvent fâcheux ou une difficulté peu importante.
Je suis donc heureux d’apprendre que nous n’ayons eu affaire qu’à un déplorable incident hier après-midi au Musée Juif de Belgique.

Visiter le site du Musée Juif de Belgique et lire le communiqué de presse sur cet incident

Musée Juif de Belgique
Musée Juif de Belgique – Cliquer pour visiter le site du Musée

La table de café du ghetto

L’archéologie de l’holocauste

Fouilles dans la rue Swiętojerska - La table de café du ghetto
Fouilles dans la rue Swiętojerska – La table de café du ghetto (Cliquer pour agrandir)
© Żydowski Instytut Historyczny

L’archéologie nous permet de restituer et reconstituer des périodes lointaines enfouies sous nos pieds, dans les profondeurs des sables, des villes. Il est aussi une autre forme d’archéologie qui nous rappelle une présence pas si lointaine.
A l’occasion du 70ème anniversaire du soulèvement du ghetto de Varsovie, une exposition qui se tenait en avril dernier et que j’avais eu l’occasion de découvrir au Corps de Garde (Kordegarda) présentait des objets et des réalisations autour du thème de l’holocauste.
Parmi elles se trouvait une table de café mise au jour dans la rue Swiętojerska qui était alors située dans la zone du grand ghetto.
Tomasz Lec architecte et co-designer des 22 mémoriaux du mur du ghetto avait mis en valeur pour l’occasion la table de café retrouvée.

La table de café du ghetto © Tomasz Lec - Żydowski Instytut Historyczny
La table de café du ghetto
© Tomasz Lec – Żydowski Instytut Historyczny

And Europe will be stunned par Yael Bartana

Et l’Europe sera stupéfaite

Dans le cadre de l’exposition W sercu Kraju (au cœur du Pays) qui se tient au Pavillon Emilie Plater et qui présente une collection du Musée d’Art Moderne de Varsovie, est visible le triptyque vidéo de l’artiste israélienne Yael Bartana.

Cette création diffusée sous le titre And Europe will be stunned se compose de 3 courts métrages qui ont été réalisés en Pologne…

» Lire la suite…

The Jewish Renaissance Movement in Poland - A Manifesto

 

Le Musée Errant du Juif non-peint

The Wandering Museum of the Jew not Painted

La Fondation du Musée Errant du Juif non-peint a rassemblé un fonds de plus de 10 000 journaux polonais et étrangers datant du XIXème siècle dans lesquels de superbes illustrations, réalisées par la technique de la gravure sur bois, mettent en scène des personnages de tous horizons, origines et cultures, notamment des illustrations de juifs, soit imaginées par leur auteur, soit reproduits à partir de personnages réels.
L’Imaginaire et le Réel, tel est le thème de l’exposition présentée par Paweł Szapiro, au foyer du Théâtre juif de Varsovie durant le Festival Singer de la culture juive.

Sont exposées de nombreuses gravures de personnalités juives, acteurs, hommes d’affaires, philanthropes, artistes, médecins, religieux, écrivains, éditeurs, etc, qui étaient alors choisis par rapport à leur assimilation dans la société polonaise, leur émancipation ou leur appartenance à un judaïsme réformé.

Le Musée Errant du Juif non-peint - Żyd Niemalowany Muzeum Wieczny Tułacz
Baer Meisels – Le Musée Errant du Juif non-peint (cliquer pour agrandir) © www.zyd-niemalowany.pl

Le site du Musée Errant du Juif non-peint.
Un extrait du catalogue de l’exposition.
Adresse : Place Grzybowski 12/16. Varsovie.

Du Judenrat au Musée de l’Histoire des Juifs Polonais

Histoire d’une ancienne caserne Royale à Varsovie

 1959, Judenrat ghetto Warsaw - 2013, Museum of the History of Polish Jews (Cliquer pour agrandir)
1959 – Ancien Judenrat du Ghetto de Varsovie. 2013, Musée de l’Histoire des Juifs Polonais (Cliquer pour agrandir)
© www.shabbat-goy.com
© LIFE
Plus d’un demi siècle sépare ces 2 photos.
Celle de gauche représente Richard Nixon de dos quittant le monument des Héros du Ghetto lors de sa visite à Varsovie en 1959.
Le bâtiment en ruine que l’on distingue en arrière plan est l’ancienne caserne d’Artillerie Royale bâtie entre 1784 et 1792. Au milieu du XIXème siècle, la caserne fut transformée en prison militaire jusqu’en 1939 puis elle devint le siège du Judenrat (Conseil juif) durant la période du ghetto. Le bâtiment se trouvait au 19 de la rue Zamenhof et faisait partie intégrante du grand ghetto.
Après la guerre en 1948, on érigea à 50 mètres de là, côté est, le monument des Héros du Ghetto.

Le bâtiment ne fut pas restauré et sa démolition intervint en 1965. Une place fut ensuite édifiée en lieu et place et la section de la rue Zamenhof qui menait à l’ancienne caserne disparut.
Aujourd’hui se dresse le Musée de l’Histoire des Juifs Polonais.