Berek Joselewicz

Histoire d’un patriote juif polonais

Dow Baer (Berek) Joselewicz est né à Kretynga (actuelle Lituanie) en 1764. Il meurt en combat en 1809 à Kock (actuelle Pologne).
Kretynga fait partie de la République des Deux Nations qui est une République fédérale aristocratique qui englobait alors la Pologne, la Lituanie, la Lettonie, la Biélorussie, une partie de l’Ukraine ainsi que l’oblast de Smolensk.
Durant sa jeunesse, Berek Joselewicz reçoit une formation dispensée par son oncle dans la tradition juive mais également polonaise. Plus tard, il exerce des activités dans le commerce pour le compte du Prince Massalski, un magnat polonais. Ses activités l’amènent en Europe occidentale où il apprend le français et l’allemand et il assiste au début de la Révolution Française. Il exerce également en Hollande, en Saxe, en Autriche et prospère au point qu’il amasse une petite fortune. De retour en Pologne, il s’installe à Varsovie dans le quartier de Praga et développe des activités autour du commerce des chevaux en collaboration avec le banquier et fournisseur de l’Armée Szmul Zbytkower.
En 1795, il est le seul juif du Faubourg à apporter son soutien financier à l’insurrection contre la troisième partition de la Pologne.

Berek Joselewicz peint par Juliusz Kossak
Berek Joselewicz peint par Juliusz Kossak

Désireux de participer à l’insurrection, il rejoint la Milice polonaise puis émet une requête auprès de Tadeusz Kościuszko afin de pouvoir créer une unité entièrement juive. En 1794, il se retrouve avec le grade de colonel à la tête d’une brigade de cavalerie juive qu’il commence à mettre en place. Il diffuse un appel aux armes en yiddish pour inciter la communauté juive à entrer en résistance contre les russes et les prussiens. Entre 400 et 600 juifs de toutes origines intègrent le régiment de cavalerie. Durant les événements de l’insurrection du faubourg de Praga où vivaient 7000 personnes dont 5000 juifs. Le régiment est encore en formation quand il affronte les troupes russes qui le décime lors de la défense du faubourg et de Varsovie.

Il se rend en Galicie et s’installe à Lwów en 1795. Il tente sans succès de créer une troupe de volontaires juifs (Galiziches Judencorps) au sein de l’Armée Autrichienne puis rejoint en Italie les légions polonaises du général Jan Henryk Dąbrowski en 1797 qui sont intégrées au sein des armées napoléoniennes et il accède au grade de capitaine de cavalerie. Il participe aux batailles de Novi, Hohenlinden, Austerlitz et Friedland. Il est décoré de l’Ordre militaire de Virtuti Militari et de la Légion d’Honneur.

La mort de Berek Joselewicz peint par Henryk Pillati
La mort de Berek Joselewicz peint par Henryk Pillati

En 1807, il quitte les légions avec le sentiment d’une discrimination à cause de sa judéité et de sa non filiation nobiliaire ainsi qu’une forte incertitude quant aux possibilités de combattre pour l’indépendance de la Pologne. Il rejoint le corps des dragons de Hanovre deux ans plus tard et participe sous commandement français à des batailles en France, en Italie et en Autriche. Avec la création du Duché de Varsovie créé par Napoléon 1er,il rejoint la Pologne et prend part à de nombreuses batailles à la tête d’une brigade de cavalerie.
Ses faits d’armes et le respect qu’on lui porte lui font intégrer la loge maçonnique de l’Union des Frères Polonais.
Le 5 mai 1809, il meurt lors d’un affrontement avec des dragons hongrois à proximité de la commune de Kock.
Durant le XIXème siècle qui a vu la Pologne sous domination étrangère, l’engagement de Berek Joselewicz servira d’exemple pour les juifs polonais qui s’engageront dans les combats pour l’indépendance nationale.
Aujourd’hui, une stèle est érigée sur le lieu même où Berek Joselewicz est tombé sous les sabres des hongrois.