Grabów est une bourgade très ancienne puisque sa première mention a été faite en 1232 mais c’est au cours du XIVème siècle que le village se développa et devint une petite ville.
Elle acquit le droit d’organiser 3 foires par an vers le milieu du XVIème siècle. Cependant vers la fin du XVIIIème siècle, le développement de la ville déclina et elle redevint un village.
La première présence de juifs à Grabów est relativement ancienne puisqu’elle remonte à 1764.
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Un lieu, une histoire
Jürgen Stroop à Umschlagplatz

Lorsqu’ils se rendent au mémorial de Umschlagplatz de la rue Stawki, les visiteurs sont loin de s’imaginer que le général Jürgen Stroop se tenait debout, à quelques mètres de là, ans en arrière…
Photo prise durant l’insurrection du ghetto : le général SS Jürgen Stroop accompagné de supplétifs étrangers (en uniforme noir) sur le site de Umschlagplatz, la gare de transbordement située au nord du ghetto de Varsovie d’où furent déportés vers le camp d’extermination de Treblinka les juifs de la capitale et de sa région.
Stroop dirigea la liquidation du ghetto de Varsovie en avril-mai 1943 durant laquelle plus de 50 000 juifs périrent. Il déclencha lui-même le dynamitage de la grande synagogue de Varsovie et rédigea un rapport appelé le rapport Stroop ayant pour titre « Le ghetto de Varsovie n’existe plus », document dans lequel est décrit la chronologie de la liquidation accompagné d’une collection de photos. Ce document fut utilisé lors du procès de Nuremberg. Arrêté puis jugé par les américains en 1947, il fut extradé en Pologne, jugé puis condamné à mort en 1952.
Les supplétifs nazis étaient recrutés auprès de soldats déserteurs de l’armée rouge, de nationalistes lettons et ukrainiens pour l’essentiel. Ils furent surtout employés à la garde des camps, à la surveillance et la liquidation de nombreux ghettos et à des opérations de liquidation des communautés juives dans les territoires de l’est. Ils étaient surnommés Askaris par les allemands.

Topologie du secteur nord-est du ghetto de Varsovie
Retour sur une zone disparue


© www.shabbat-goy.com
Dès le 15 novembre 1940, un ensemble d’immeubles (couleur brun) encadrés par les rues Bonifraterska, Muranowska, Żoliborska et Pokorna (voir vue aérienne ci-dessous) ont été intégrés dans le périmètre du ghetto. Cette partie située à l’extrémité nord-est du grand ghetto était voisine de la gare de Umschlagplatz.
Juste au nord de la place Muranowski et le long de la rue Żoliborska se trouvait un dépôt de tramways que l’on aperçoit ci dessus et sur la photo aérienne ci-dessous (en rouge). En février 1941, la limite du ghetto fut modifiée à cet endroit et le dépôt en fut exclu. Quelques mois plus tard, en juin 1941, une passerelle en bois (en jaune) fut édifiée au dessus de la rue Przebieg afin d’accéder à l’immeuble situé le plus au nord-est du ghetto.
Un peu avant le début des grandes déportations, en mars 1942, cet ensemble d’immeubles fut exclu du périmètre du ghetto. De fait, il ne fut pas détruit lors des tragiques événements de l’insurrection d’avril 1943. Cependant, à la fin de l’insurrection de Varsovie en 1944, presque tous les immeubles étaient en ruine. Aujourd’hui, toute la zone a entièrement disparue (y compris les rues Przebieg, Żoliborska, Pokorna et Sierakowska). Un mémorial du mur du ghetto a été érigé au bout de la rue Bonifraterska et l’avenue du Général Anders traverse aujourd’hui tout le secteur.
» Voir la page de présentation de la passerelle de la rue Przebieg.
C’est dans ces environs, au XVIIème siècle que l’architecte italien Giuseppe Simone Bellotti venu en Pologne exercer ses talents avait fait bâtir son manoir appelé Murano en souvenir de l’île du même nom au nord de Venise où il était né, nom qui resta pour désigner le futur quartier juif de Muranów (une page sur l’origine de Muranów).

Former Muranowski square
Location of the former tramways Depot
Footbridge over Przebieg street
Ghetto wall memorial
Les deux autres cimetières juifs oubliés de Cracovie
Disparu pour le quatrième, il reste encore des vestiges dans le troisième cimetière juif
Tous les gens qui se rendent à Cracovie pour découvrir les nombreux témoignages de la vie juive passée visitent notamment les 2 cimetières juifs du quartier de Kazimierz; le vieux cimetière qui jouxte la synagogue Remuh et le Grand cimetière, mais pratiquement tout le monde ignore qu’il existait en fait 4 cimetières juifs avant la guerre.
Les 2 autres cimetières étaient situés au sud du quartier de Podgórze, sur le terrain sur lequel fut bâtit pendant la guerre le camp de travail puis camp de concentration de Płaszów (celui de la liste de Schindler).
Il s’agissait du cimetière de la communauté de Podgórze et un autre appartenant à la communauté juive de Kazimierz.
Il ne reste aujourd’hui que quelques traces de l’un d’entre eux.

La table de café du ghetto
L’archéologie de l’holocauste

© Żydowski Instytut Historyczny
L’archéologie nous permet de restituer et reconstituer des périodes lointaines enfouies sous nos pieds, dans les profondeurs des sables, des villes. Il est aussi une autre forme d’archéologie qui nous rappelle une présence pas si lointaine.
A l’occasion du 70ème anniversaire du soulèvement du ghetto de Varsovie, une exposition qui se tenait en avril dernier et que j’avais eu l’occasion de découvrir au Corps de Garde (Kordegarda) présentait des objets et des réalisations autour du thème de l’holocauste.
Parmi elles se trouvait une table de café mise au jour dans la rue Swiętojerska qui était alors située dans la zone du grand ghetto.
Tomasz Lec architecte et co-designer des 22 mémoriaux du mur du ghetto avait mis en valeur pour l’occasion la table de café retrouvée.

© Tomasz Lec – Żydowski Instytut Historyczny
Nouvelles créations Judaica
Serre-livres – Bookends |
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| Dans la continuité des décorations murales Judaica réalisées par mes soins, voici 2 nouveaux modèles uniques de serre-livres sur le thème du Judaïsme avec des créations originales, toujours conçues sur métal avec la technique de la découpe laser. La première présentant un juif orthodoxe et la seconde un juif hassidique. Dimensions 12 x 14 x 20 cm. Peinture par cuisson au four. © Tolonensis Creation – judaica.tolonensis.com |
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De Henryk Warszawski à Henry Vars, une vie en musique
Le parcours atypique du compositeur de Flipper le dauphin
Henryk Warszawski est né en 1902 à Varsovie (alors sous domination russe) dans une famille de musiciens juifs.
Sa plus jeune sœur était pianiste tandis que l’aînée était soliste à l’opéra de Varsovie et chantait également à la Scala de Milan.
Henry Vars est décédé en 1977 à Los Angeles aux Etats-Unis où il était connu sous ce pseudonyme qui succéda à celui d’avant guerre de Henryk Wars.
Henry Vars était pianiste, auteur-compositeur, arrangeur et chef d’orchestre.
Dans sa prime jeunesse, il habita en France avec sa famille, puis retourna en Pologne juste avant le déclenchement de la première guerre mondiale.
Il commença à étudier à l’académie des Beaux-Arts puis entama une formation musicale grâce au violoniste et compositeur Emil Młynarski. En 1925 il obtint son diplôme du Conservatoire National Supérieur de Musique de Varsovie où il étudia le piano et la composition.

Il commença à exercer le poste de directeur musical pour les Editions Syrena, une maison de production de disques très célèbre à cette époque en Pologne. Il composa sa première chanson en 1926 et se produisit comme chef d’orchestre dans de nombreux cabarets et théâtres de Varsovie. Il démarra ensuite sa carrière de compositeur de musique de films et d’auteurs de chansons pour comédies musicales dès 1930. Devenu très célèbre durant l’entre-deux guerres, il composa un tiers des musiques des 150 films du cinéma polonais d’avant guerre, aussi bien des accompagnements de comédies, de drames, de romances ou de comédies musicales.
Au déclenchement de la guerre en 1939, il fut enrôlé dans l’Armée polonaise et participa à la défense de Varsovie. Fait prisonnier par les allemands, il s’échappa d’un train. En 1940, il créa l’orchestre Polish Parade à Lwów encore sous domination russe et se produisit en tournée en URSS. Il devint notamment l’ami du compositeur classique Khatchatourian. Il rejoignit les musiciens du Deuxième corps polonais du Général Anders. Il suivra le corps d’Armée depuis l’Iran jusqu’à la bataille de Monte Cassino en Italie en suivant les soldats au plus près du front pour lesquels il jouait.

Deux ans après la capitulation il émigre aux Etats-Unis et prend le nom de Henry Vars. Il s’installe avec sa femme à Los Angeles en 1950.
Les débuts du rêve américain sont difficiles malgré une lettre de recommandation signée par Arthur Rubinstein. Il entame bientôt une carrière de compositeur de musique pour le cinéma et la télévision. Il travaillera pour les plus grandes maisons de production américaines comme Paramount, Universal, Columbia, Metro Goldwin Mayer, United Artists, Twentieth-Century Fox.
Certaines de ces chansons seront interprétées entre autres par Doris Day et Bing Crosby. Il deviendra également l’ami de John Wayne.
Durant les années 1960 il composera le thème de la série à succès Flipper le dauphin (cliquer pour voir le générique) et sera également le co-auteur avec Shelly Manne du thème de l’autre série tout aussi célèbre Daktari (cliquer pour voir le générique).
Après sa disparition, certaines de ses compositions apparaîtront dans le film de Steven Spielberg (La liste de Schindler) comme Miłość ci wszystko wybaczy – L’amour te pardonnera tout (Cliquer pour écouter la chanson), composé par Henryk Wars sur des paroles du poète polonais Julian Tuwin, et le film de Roman Polański (Le pianiste) comme la chanson Umówiłem się z nią na dziewiątą – J’ai rendez-vous avec elle à neuf heures (Cliquer pour écouter la chanson).
Il a été inhumé sous le nom de Henryk Vars au cimetière Hillside Memorial Park à Los Angeles.

